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Industrie

Bombardier échappe aux 282% de surtaxe d’importation du C-Series aux USA

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Gil Roy

La Commission américaine du commerce international a annulé (26 janvier 2018), la décision du ministère américain du Commerce d’imposer 282% de droits d’importation des avions de la famille C-Series aux USA. Débouté, Boeing conserve une double possibilité de recours.

Tom Enders, le PDG d’Airbus Group, était à Montréal, vendredi dernier (26 janvier 2018), pour mettre en œuvre l’intégration du programme C-Series dans le groupe Airbus. Il a ainsi pu partager avec ses partenaires canadiens, la satisfaction d’apprendre, en même temps qu’eux, la décision de la Commission du commerce international de rejeter la demande de Boeing. Dans la foulée, Enders a déclaré sa volonté d’accélérer la création d’une ligne d’assemblage final C-Series, à Mobile (Alabama, USA).

La voie est libre pour Airbus et Bombardier

C’est effectivement un grand soulagement pour Airbus et Bombardier. Même si Boeing conserve encore des possibilités de recours, la voie semble désormais dégagée. Il n’en demeure pas moins que c’est un sérieux avertissement qu’ont reçu les deux partenaires quand, en décembre 2017, l’administration Trump a finalement fixé des droits devant compenser les subventions publiques à 212,39%, et un taux anti-dumping à 79,82%. A l’époque, Mike Nadolski, directeur Communications et Affaires publiques de Bombardier avait déploré que, selon lui, le ministère américain du commerce ignorait « les pratiques commerciales en vigueur depuis longtemps dans l’industrie aéronautique, y compris les prix de lancement et le financement de plusieurs milliards de dollars des programmes d’avions ».

La décision de Washington, incroyable dans son ampleur, était la conséquence d’une action entreprise contre Bombardier, par Boeing qui est, en effet, parvenu à convaincre le ministère américain du Commerce que les avions C-Series bénéficiaient de subventions du gouvernement canadien et qu’ils étaient vendus en dessous de leur prix de fabrication. Boeing n’avait pas accepté la décision de Delta Air Lines de commander, en avril 2016, 125 CS-100 (dont 50 options) pour une valeur estimée à 5,6 milliards de dollars pour les 75 avions commandés fermes. Et c’est précisément cette valeur que remet en question Boeing.

Airbus aux commandes du C-Series

Le constructeur américain affirme que Bombardier a vendu chaque CS100 à 19,6 M$ alors que le prix catalogue affiché ici est de 74,5 millions. Même si chacun sait que les clients achètent rarement plein tarif, à plus forte raison quand le contrat porte sur plusieurs dizaines d’exemplaires, la différence est énorme. D’où l’accusation de vente à perte lancée par Boeing, et la décision du ministère américain du commerce de rétablir l’équilibre en surtaxant les importations.

Bombardier affirme avoir emporté la décision de la Commission du commerce international en réussissant à démontrer que les avions C Series ne menacent aucunement Boeing. « Boeing n’a pas participé à la course pour vendre des avions à Delta. Il n’a pas fait un avion dimensionné aux besoins de Delta depuis de nombreuses années, puisqu’il a cessé de produire les avions 717 et 737-600. »

Airbus qui d’ici quelques mois doit prendre le contrôle du programme C-Series dont il est en passe d’acquérir la majorité, vient de remporter une nouvelle victoire face à Boeing, de surcroît sur le terrain de son adversaire.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • Boeing a été et est toujours totalement justifié d'avoir déposé plainte contre Bombardier et le C Series. Le gouvernement du Québec en octobre 2015 a injecté d'une façon ou d'une autre $3 milliards de dollars pour renflouer Bombardier qui était alors au bord de la faillite ainsi que le programme C Series qui n'allait nulle part.
    La vente à rabais des C Series à Delta Airlines ressemble en tout à celle des Airbus A300 à Eastern Airlines en avril 1977 à un dollar par moi. À l'époque, Airbus n'avait que trois clients: deux captifs Air France et Lufthansa, des pays bailleurs de fonds d'Airbus et Korean Air. Cette vente à rabais mit malheureusement Airbus au monde. Et Bombardier a suivi l'exemple, étant comme Airbus, une entreprise profitant depuis longtemps des largesses de l'état.
    Boeing a perdu cette première manche car n'ayant pas proposé son 737MAX7 à Delta Air Lines, techniquement le constructeur de Seattle n'a pas eu de préjudice.
    Il n'en reste pas moins que la raison profonde de la plainte de Boeing subsiste: sans aide gouvernementale, Bombardier et le C Series ne seraient plus là et il aurait été impossible pour l'avionneur québécois de brader ses avions auprès de Delta Air Lines.
    Les avocats de Boeing n'en resteront pas là.

  • En étant bien renseigné, Airbus a pu sentir dans quel sens soufflait le vent à la Commission du commerce international américaine avant cette annonce. Ils devaient avoir une idée du verdict en avance, et ont pu mettre à profit ce renseignement pour faire une aussi bonne affaire avec ce programme acquis pour une bouchée de pain. Tout est une question de timing ! C'est Bombardier qui doit se mordre les doigts d'avoir vendu précipitamment, sachant qu'Airbus ne proposait pas d'avion concurrent au CS300...

  • Thomas Enders à l'origine des dénonciations des infractions d'Airbus aux règles internationales voulues par la mondialisation de notre Président, n'était pas là pour botter en touche.

  • Boeing n'étant pas directement concurrencé par cet appareil ,c'est juste pour emm...pardon , bloquer Airbus que la maison Trump l'a marqué à la culotte ? c'est ça ?

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