CAFE : l’aviation de demain entre dans l’histoire

Les quatre avions expérimentaux du Cafe Green Flight Challenge ont bouclé les quatre tours de circuit, soit 200 miles (320 km), en moins de deux heures. Avant même de connaître le vainqueur de l’épreuve, la démonstration est faite. A San Rosa, les participants ont vécu une jourée historique.

Cette fois on y est. Après deux jours de préliminaires, place aux évaluations en vol. Ambiance de préparation Formule 1, fébrilité généralisée, petites attentions aux pilotes (eau, ombre, …) très appréciées, installation des loggers, mise en place des cables pour tracter les appareils jusqu’à la ligne avec des golfettes, électriques bien sûr. Météo idéale, quasi vent nul. Soleil de plomb, recherche désespérée d’ombre pour les équipiers. La ligne de départ étant hors de vue, on perçoit à peine de ronronnement du premier décollage : « here is the race ». Aujourd’hui, les quatre machines expérimentales doivent boucler quatre tours de circuit, soit 200 miles (320 km) à une altitude supérieure à 4.000 ft. L’e-Genius part le premier, suivi des autres toutes les 3 minutes.

Les quatre machines s’étant éloignées, pour le public, l’attente commence. Au bout de vingt minutes, l’équipe Taurus G4 s’agite. Elle chronomètre le premier passage d’e-Genius pour calculer la différence avec son appareil : les temps réels sont quasi identiques, mais les techniques de vol sont différentes. L’équipe Taurus 4 estime le temps de vol final à 30 secondes près ! Trois tours plus tard, les quatre avions passent successivement la ligne d’arrivée sur des plans assez faibles, moteur coupé, puis atterrissent au loin. Excitant. Les équipages des appareils, à nouveau tractés au retour, seront chaleureusement acclamés au passage de retour vers leur parking. Le soulagement d’abord, puis la joie se lisent sur les visages qui voient ainsi se concrétiser des années d’efforts que tant d’autres n’ont pas réussi à conclure…

Il faudra attendre jusqu’à lundi prochain pour connaître les résultats officiels. Ils seront, en effet, établis après dépouillement des loggers officiels installés avant le départ. La journée d’aujourdhui étant plutôt dédiée à la mesure de l’efficacité énergétique, le calcul sera fait sur la base de la trajectoire « air », intégrant donc les quelques spirales faites, notamment par Klaus Holhman qui a dû ainsi économiser quelques Wh. Le trajet passant hors de zones fortement urbanisées devait être tenu à 2 Miles près. Ce qui autorisait des virages larges aux pylônes pour éviter de casser la vitesse. Ce qu’à fait le Taurus G4, e-Génius préférant un changement de trajectoire nettement plus serré. L’attention était honnêtement moins tournée vers EcoEagle qui volait hors concours et qui a bouclé à quelques secondes près (+ ou – ?) en 2h00 pile…

Tout ceci laisse réellement l’impression de vivre le début d’une nouvelle aventure qui ne se limitera pas à ces quelques vols précurseurs ! Mark Moore, jeune responsable des « Vehicules Systems », de la NASA, présent sur la ligne d’arrivée, n’hésitait pas à comparer ce qui se met en place à la transition vécue entre les diligences et l’automobile : « a New Age for Aviation… ». Ce qui vient d’être démontré, c’est-à-dire la capacité de transporter quatre passagers au gabarit US sur 320 km, à plus de 180 km/h, avec une consommation équivalente à moins de 4,7 L/100 km, surpasse largement les meilleures performances d’automobiles électrique, même sur autoroute ! On sait aussi que la puissance nécessaire évolue à la puissance 3 de la vitesse, et que, plus on embarquera de passagers, plus la consommation/pax s’améliorera du fait d’une meilleure utilisation de la masse de l’appareil.

Pour les quatre équipes du CAFE Green Flight Challenge, place maintenant à la vitesse avec le défi du jour : boucler le circuit le plus rapidement possible, en respectant le plancher des 200 MPG/pax, avec une réserve à l’arrivée de 30 minutes d’autonomie.

André Martin