Des milliards de dollars de commandes mis en scène, de nouveaux programmes lancés, des innovations tous azimuts, des PME hyperactives et des start up à fond comme toujours, … Le salon du Bourget a tenu ses promesses. Dans un contexte tendu, les professionnels font face.
Le 52ème salon du Bourget n’a pas bénéficié de la couverture médiatique habituelle. Le plus grand salon aéronautique du monde n’a pas fait le poids face aux états d’âme de la classe politique française à bout de souffle. C’est dommage parce qu’un peu de publicité fait toujours du bien, d’autant que la semaine a été bien remplie.
Huit mois avant l’ouverture du salon, les organisateurs affichaient complet. Les quelques 2.400 exposants ne sont pas venus faire de la figuration. Quelques beaux contrats ont été rendus publics par les constructeurs, à commencer par Airbus et Boeing qui se sont livrés à leur surenchère habituelle.
Boeing décroche la palme avec une série de gros contrats, le plus important ayant été signé avec un client majeur dont l’identité n’a pas été révélée. Il porte sur 125 737 MAX 8 et des options sur une cinquantaine d’autres. Au total, à l’occasion du salon, le constructeur américain a signé 34 contrats totalisant 571 avions, options comprises. Au prix catalogue, il y en a pour 74, 8 milliards de dollars.
Au Bourget, Boeing a également lancé officiellement le programme 737 MAX 10, la version allongée du MAX 9 avec 230 sièges. A lui seul, ce nouveau modèle représente 361 commandes et options. 243 sont des conversions de commandes antérieures, ce que n’a pas manqué de faire remarquer John Leahy, le directeur commercial d’Airbus. Boeing n’en faisait pas mystère.
Pour sa part Airbus, a dévoilé au Bourget, 144 commandes fermes et 182 options, soit au total 326 avions pour un montant évalué à 39,7 milliards de dollars. C’est sensiblement moins que son concurrent. Le constructeur français a présenté la version « Plus » de l’A380 qui se caractérise par de gigantesques winglets de 4,20 m de haut. Mais malgré tous les gains de productivité grattés au niveau de l’aérodynamique et de l’optimisation de la cabine, aucun appareil n’a été vendu. La baisse de cadence à un avion produit par mois est confirmée.
Airbus et Boeing ne sont pas les seuls à avoir fait un bon salon. A un niveau moindre, ATR a signé cinq contrats pendant le salon dont deux avec des compagnies chinoises. Ces 13 premiers ATR 42-600 destinés à défricher des lignes régionales en Chine constituent une première avancée importante. Un marché prometteur s’entrouvre. Les efforts du constructeur franco-italien commencent à payer.
L’autre constructeur de turbopropulseur, le canadien Bombardier, a rendu public une soixantaine de Q400 pendant le salon. Le plus spectaculaire contrat a été passé avec la compagnie indienne SpiceJet. Il porte sur 25 commandes fermes et 25 options pour un total estimé à 1,7 milliards de dollars. En revanche, Bombardier n’a pas ajouté une ligne au carnet de commandes du C-Series.
Sur ce marché des avions régionaux de 100 à 150 places, le Bourget a été très calme. Embraer a toutefois venu 10 E195-E2 et 20 E190-E2 à deux clients qui ont conservé l’anonymat. Il a également enregistré 10 options sur l’E195-E2 et vendu deux E190 supplémentaires à KLM Cityhopper.
L’essentiel de l’offre proposée sur ce créneau était exposé au salon du Bourget. Les constructeurs ont en effet fait l’effort d’être présents avec leurs avions. Sur le statique, les visiteurs ont ainsi pu comparer, le Super Jet SS100 de Sukhoi, le MRJ de Mitsubishi, le CS-300 de Bombardier et l’E195-E2 d’Embraer. Ces constructeurs visent, évidemment, tous une part de marché significative. Les économistes d’Embraer estiment que sur les 20 ans à venir, les compagnies aériennes régionales auront besoin de 6.400 avions neufs de 70 à 130 sièges.
Les niveaux atteints cette année au salon du Bourget sont en dessous de ceux des récentes éditions. Depuis plusieurs mois, le rythme des commandes se tasse, celui des reports de livraisons s’accélère ainsi que celui des annulations. Ce marché est cyclique et on aurait tort de l’oublier. On pouvait donc craindre que les annonces faites au Bourget soient moins bonnes que ce qu’elles ont finalement été.
Et quand les avionneurs vendent des avions, les équipementiers se frottent les mains, à commencer par les motoristes. C’est ainsi que CFM International fait état d’un total de 1.658 moteurs LEAP et CFM56 vendus pour un montant estimé à plus de 27,3 milliards de dollars. Dans les halls du salon du Bourget, il fallait jouer des coudes pour passer d’un stand à l’autre. Le Hall 3 et plus encore le Hall 4 étaient une vraie ruche.
Le Hall 4 est celui qui regroupe 555 PME et PMI de neuf régions françaises. Les stands sont modestes. Quelques mètres carrés seulement. De belles pièces exposées pour montrer un savoir-faire. Et une détermination à toute épreuve. La force de la filière aéronautique réside dans ce tissu de petites entreprises. Et c’est parce qu’elles existent et qu’elles sont performantes que les constructeurs peuvent vendre des avions, et les motoristes des moteurs !
Ces deux Halls n’étaient pas les seuls à connaître une forte animation pendant les quatre journées professionnelles. Le Hall Concorde dédié cette année aux start up et à l’innovation n’a pas désempli. Le GIFAS a réussi son pari. Attirer les visiteurs pour leur présenter des projets futuristes et leur proposer de suivre des débats était en effet un défi. Les organisateurs l’ont relevé et le Paris Air Lab a été un succès, de même que l’Avion des métiers qui devrait connaître son pic d’activité pendant les journées grand public.
Pas de doute, le Bourget demeure le plus grand salon aéronautique du monde.
Gil Roy
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Nous voyons que la transition énergétique pousse à des risques sociaux (licenciements). Or, les Etats-Unis semblent-ils rejeter la COP21 pour cette raison, c'est à dire : grâce aux "talents d'homme de théâtre" de leur président?
Le salon de l'aéronautique et de l'espace : un espace d'échanges sur cette question?