Daher a décidé de se donner les moyens d’être un acteur de la troisième révolution industrielle en anticipant les attentes de ses clients et en particulier celles des avionneurs. L’équipementier est prêt à prendre des risques aujourd’hui pour jouer les premiers rôles dans dix ou quinze ans, dans l’aéronautique.
On avait fini par croire que les grands industriels avaient perdu toute capacité à se projeter au-delà d’un exercice comptable, et que la distribution de dividendes était devenue leur seule raison d’être. Ce jugement, un peu réducteur – et surement très méchant – est-il si loin de la réalité que vivent au quotidien les salariés des grands groupes ? Pas sûr quand on mesure le désabusement de beaucoup d’entre eux… Aussi quand Patrick Daher parle de métier, on relève la tête de son clavier et on écoute attentivement, cet homme de conviction expliquer la stratégie que le groupe qu’il préside a décidé de mettre en œuvre.
Comme tous les sous-traitants et équipementiers de l’aéronautique, le groupe Daher est confronté à la nécessité de répondre à la montée en cadence de production des donneurs d’ordres. Il faut pousser les murs, recruter, former, mais aussi trouver les financements nécessaires pour soutenir la montée en puissance. Le court terme impose sa dictature ; au prix d’efforts insoupçonnables, ces PME font des miracles.
En quelques années, Daher qui fait figure de nouveau venu sur le marché aéronautique, s’est ainsi hissé au premier rang. Cette performance se mesure aux 1.400 avions et hélicoptères livrés en 2014 dans le monde, sur lesquels se retrouvent des équipements et des systèmes Daher, mais aussi sur le taux de 98% de livraisons dans les délais (OTD) chez Airbus. En 2014 également, l’entreprise a enregistré son premier contrat en rang 1 avec un avionneur américain, en l’occurrence Gulfstream (programme G500/600). C’est un début sachant que la conquête de marchés export est l’un des axes de développement du groupe. Mais les donneurs d’ordres, sous la pression de leurs actionnaires, en demandent toujours plus, ce qui contraint les équipementiers et les sous-traitants à une course en avant infernale.
Sans doute parce qu’il a découvert récemment le marché de l’aéronautique et son mode opératoire, plus encore parce qu’il a une culture de service, Daher a cherché à comprendre ce que pourrait être l’usine du futur, face à une telle évolution. Malgré les contraintes du quotidien, il a pris le temps de se poser. Il s’est entouré de grands économistes et en est arrivé à la conclusion que la troisième révolution industrielle était en train de déboucher sur une convergence entre l’industrie et le service, et que l’usine du future sera intelligente et hyper connectée. « Nous faisons partie des entreprises qui croient que la capacité d’anticipation est essentielle » affirme Patrick Daher, le PDG du groupe Daher. « Nous avons investi très largement dans la compréhension de ce que sera l’usine du futur. Nous allons accélérer notre positionnement de grand équipementier français. Nous allons prendre plus de risque ». Et comme il s’agit d’un objectif à long terme, Patrick Daher a décidé de choisir son successeur dès à présent, afin que ce soit lui qui emmène l’entreprise vers le but fixé.
Depuis le 1er janvier 2015, Didier Kayat a ainsi été nommé Directeur Général Délégué. Au sein de l’entreprise depuis 2007, il prendra la succession de Patrick Daher en tant que Directeur Général d’ici 2017, ce dernier restera alors Président. Les deux hommes vont travailler ensemble au cours des deux années à venir, afin que le futur dirigeant puisse mettre en place sa propre équipe pour relever le défi. Cela s’apparente à un départ lancé. En 2017, Didier Kayat deviendra alors le premier dirigeant du groupe Daher ne faisant pas partie de la famille, en plus de 150 ans d’histoire.
Daher est en effet une entreprise familiale détenue à hauteur de 80% de son capital par plusieurs dizaines de membres de la famille Daher. Tous ont accepté la décision de Patrick Daher, comme ils acceptent depuis des années de réinvestir les bénéfices dans le développement du groupe. Ils ont également validé le plan stratégique familial qui prépare la transmission à la génération suivante. Le groupe Daher qui est décidé à jouer un rôle de premier plan dans les décennies à venir, sur le marché de l’aéronautique, voit loin et sait apparemment se projeter dans son métier !
Gil Roy
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Daher met le cap sur le futur
Super article qui fait du bien à notre souci cocardier.
Heureusement qu'on a l'aérospatial, le foie gras et les sacs Vuitton !