Avec sa croissance folle, SpaceX a-t-elle désinhibé une nouvelle génération d’entrepreneurs ? Les projets d’exploitation de l’orbite basse prolifèrent, et ceux de mini-lanceur foisonnent. Les start up françaises sont dans la course…
Le coût d’accès à l’espace a chuté, en particulier grâce au lanceur Falcon 9 de la société américaine. Les projets d’exploitation de l’orbite basse prolifèrent, profitant de coûts de production plus faibles pour les petits satellites. Les applications vont de l’internet des objets – comme les capteurs connectés du Français Kinéis – à une observation fine de la surface terrestre. Les constellations entrent en service et les idées grandioses d’autres grands réseaux de l’espace se multiplient. Les usages sont civils et militaires.
En parallèle, les projets de mini-lanceur foisonnent. On en compte quatre rien qu’en France. Leurs noms : Latitude, HyprSpace, Maia Space (filiale d’ArianeGroup) et Sirius Space Services.
Les perspectives favorables sur le marché des satellites justifient désormais le concept de taxi : des mini-lanceurs capables d’emmener un petit satellite sur une orbite personnalisée. Aujourd’hui encore, c’est le concept du bus qui prédomine : une grappe de satellites est installée sous la coiffe du lanceur. Ils sont largués sur des orbites pas toujours idéales. Et votre petit satellite doit attendre que les autres soient prêts, vous faisant parfois perdre de précieux mois en orbite.
Une course en taxi sera toujours plus chère qu’un ticket de bus… mais, comme au sol, les deux peuvent coexister. De plus, la demande prévue suggère que les lancements pourront avoir lieu à fréquence assez élevée, permettant aux fournisseurs de service de réaliser des économies d’échelle. En outre, par comparaison avec la coûteuse association hydrogène-oxygène liquides, des technologies plus abordables sont adaptées aux petits lanceurs.
Pendant ce temps, les responsables européens du secteur spatial se grattent la tête : Ariane 6 marque un progrès dans la réduction des coûts, mais comment, à l’avenir, éviter les pièges dont le programme a dû sortir ? D’une part, le premier lancement du nouveau transporteur lourd a eu lieu avec quatre ans de retard. D’autre part, les Européens n’arrivent pas à se mettre au niveau de SpaceX en matière de prix.
L’agence spatiale européenne (ESA) envisage donc de mettre des projets en concurrence. L’ESA doit encore préciser les contours de son challenge pour un futur lanceur européen, une étape attendue en 2025. ArianeGroup (maître d’oeuvre d’Ariane 6 et maison-mère du fournisseur de service de lancement Arianespace) devra probablement concourir comme les autres.
Les conditions sont donc réunies. Marché prometteur, technologies moins onéreuses et ouverture vers un lanceur plus lourd : des porteurs de projet enthousiastes n’hésitent pas à se lancer sur un marché où, jusque-là, les barrières d’entrée semblaient trop hautes.
Sont-ils dopés par l’exemple de SpaceX ? C’est probable : voir une jeune entreprise réussir à s’imposer avec, qui plus est, la première fusée semi-réutilisable, donne envie de se lancer. Attention tout de même : personne ne sait combien SpaceX gagne ou même si elle est rentable. La société ne publie pas ses comptes.
Il n’empêche, les jeunes pousses qui veulent créer cette industrie des mini-lanceurs parviennent, jusqu’ici, à obtenir des soutiens étatiques et à lever des fonds. Comme souvent dans ce cas, les promoteurs de nouveaux projets affichent des calendriers ambitieux afin d’attirer les investisseurs. Quitte à faire glisser le calendrier ensuite, en annonçant des reports pour le premier lancement.
En outre, quoi qu’en disent les dirigeants de certaines de ces entreprises, la rentabilité d’un mini-lanceur reste à prouver. Tous comptent donc sur l’évolution de leur gamme, notamment afin de répondre aux futurs besoins européens.
Stanislas Maximin, fondateur et directeur général de Latitude, fait partie de ceux qui attendent avec impatience le challenge de l’ESA. Le coût du développement d’Ariane 6 (comprenant les composants communs avec le lanceur léger-intermédiaire Vega C) est estimé à 4 Md€. Avec la nouvelle formule qui se dessine sous l’égide de l’ESA, il ne sera pas nécessaire de dépenser une telle somme pour un seul programme, souligne Stanislas Maximin, qui s’exprimait mi-septembre au colloque WSBW, organisé par Novaspace et qui réunissait l’industrie spatiale. L’ESA devrait allouer 300 M€ à chacun des prétendants, suggère-t-il. « Ils complèteront leur financement avec des investisseurs, comme nous le faisons », ajoute-t-il. « Et ensuite, nous verrons qui l’emportera. »
De nombreux concurrents européens sont dans la course. Citons Isar Aerospace en Allemagne et Orbex au Royaume-Uni. En Espagne, PLD Space a réussi un vol suborbital avec une fusée de démonstration. Certes, elle n’aurait pas pu placer un satellite en orbite. Mais elle a déjà rempli une partie de ses objectifs, dont la rentrée atmosphérique à vitesse hypersonique. Les quatre jeunes pousses françaises auront fort à faire.
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