L’année du centenaire aura été marquée par une chute de 14% de son chiffre d’affaires (3,58 Mds€ en 2016). Si Dassault Aviation modère ses prévisions à court terme dans le secteur de l’aviation d’affaires, sur le plus long terme, il mise sur le succès de l’entrée en service du Falcon 8X, le calendrier révisé du 5X, mais aussi sur le nouveau programme Falcon, ainsi que sur les perspectives export du Rafale et la coopération internationale autour des drones de combat
La faiblesse des prises de commandes du Falcon est le reflet d’un marché de l’aviation d’affaires difficile. Entre les inconnues et les incertitudes relatives à la nouvelle présidence américaine, les interrogations sur le Brexit et l’avenir de l’Union européenne, l’atonie sur les marchés émergents et la diminution des recettes des pays pétroliers, en 2016, 21 Falcon ont été commandés y compris 12 Falcon 5X annulés contre 25 Falcon commandés en 2015 dont 20 annulations Falcon NetJets. « Le Falcon est un reflet de la macroéconomie » a souligné Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation.
La crise actuelle est heureusement moins grave que celle de 2008 et il s’agit plutôt de reports d’achat que d’annulations sèches et soudaines consécutivement au marasme financier mondial généré par la crise des « subprimes ». Eric Trappier a assuré que « les clients restent fidèles et reportent seulement leur intention d’achat en attendant la mise en service du 5X ».
L’incertitude géopolitique et économique mondiale est renforcée par la pression concurrentielle sur les prix de vente des Falcon et par l’impact défavorable de la différence de change entre euros et dollars. C’est une des raisons pour laquelle, le résultat net de l’avionneur est de 384 millions d’euros en 2016 contre 482 millions d’euros en 2015. La marge nette ajustée passe de 11,5% à 10,7%.
Tout ce contexte n’arrange en rien la situation du Falcon 5X. Sur ce plan, le nouveau timing pour le programme Falcon 5X a été établi après l’annonce par Safran Aircraft Engines du calendrier de rattrapage du développement du moteur SilverCrest. Les premières livraisons clients prévues initialement fin 2017 commenceront début 2020.
Le décalage dans la certification du moteur est de cinq années. Originellement prévue en 2013, « le 1er moteur avec toutes les corrections sera testé en 2017 par Safran au sol et en vol sur avion banc d’essais au préalable de la campagne d’intégration en 2018 » a confirmé l’avionneur.
Pour ce qui concerne les livraisons, ce sont 49 Falcon neufs qui ont été livrés en 2016 en cohérence avec la prévision de livraisons de 50 appareils contre 55 en 2015.
L’éclaircie vient cependant de la gamme Falcon, avec le 8X, le dernier-né de la famille dont le programme a été mené de main de maître. La livraison du premier 8X a eu lieu le 5 octobre sur le site de Bordeaux-Mérignac en marquant ainsi la mise en service officielle du nouveau vaisseau-amiral ultra long courrier (6.450 NM) de Dassault.
L’année 2016 a été également marquée par l’inauguration du centre de maintenance de Dassault Falcon Services à Mérignac à proximité de l’usine d’assemblage de Dassault Aviation. D’une superficie de 49.000 m2 avec un hangar de 7.200 m2, il peut accueillir jusqu’à 6 avions de type Falcon 7X, 8X et 5X. Il complète les installations MRO de DFS implantées sur l’Aéroport du Bourget depuis 1967.
Quant au Rafale, suite à la signature et l’entrée en vigueur du contrat avec l’Inde 36 Rafale ont été commandés en 2016 contre 48 commandés en 2015 (24 Egypte et 24 Qatar). Au total, 9 Rafale ont été livrés en 2016 : 6 en France et 3 en Egypte conformément aux prévisions contre 8 en 2015. Dassault Aviation assemble désormais deux avions de combat par mois. En conséquence, il construira cette année 22 Rafale.
Plusieurs pistes pour continuer à vendre le Rafale sont à l’étude notamment auprès des Etats qui n’ont pas finalisé l’achat du F35 comme le Canada, la Belgique ou la Finlande. Les prospections sont toujours en cours avec la Malaisie, les EAU ou encore l’Inde qui souhaite acquérir 57 Rafale Marine et ambitionne de renforcer ses forces aériennes.
Fort de son histoire centenaire et de l’expérience qui en découle, Dassault Aviation vise à assurer le développement du 5X et à préparer, malgré le contexte difficile, le lancement d’un nouveau programme Falcon. L’avionneur souhaite obtenir que la France se positionne sur l’avenir du Rafale et des Drones et ambitionne d’être à la pointe de la technologie.
Pour ce faire, le constructeur aéronautique a lancé le plan de transformation « Piloter notre Avenir » qui mise sur le développement des outils numériques, des process et innovations et enfin sur la rationalisation de l’outil industriel avec une spécialisation par site en fonction des filières stratégiques comme le regroupement de l’activité aménagement intérieur sur le site spécialisé de Little Rock (Arkansas).
Eric Trappier a assuré qu’aucun site de Dassault ne sera fermé mais que l’ensemble des sites seront adaptés aux besoins du constructeur et du marché. Le PDG a exprimé son souhait de rapprocher des ingénieurs des avions et a confirmé l’étude en cours pour installer un bureau d’étude à Bordeaux-Mérignac.
Au 31 décembre 2016, le carnet de commandes comprend 110 Rafale (32 France et 78 Export) et 63 Falcon. Dassault Aviation prévoit de livrer, en 2017, 45 Falcon et 9 Rafale (1 à la France et 8 à l’Égypte). Le chiffre d’affaires 2017 devrait être supérieur à celui de 2016 compte tenu du chiffre d’affaires Rafale Export.
Gosia Petaux
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Un autre facteur qui freine aujourd'hui les ventes de nouveaux Falcon mais également celles d'autres avionneurs, c'est le volume considérable d'avions sur le marché de l'occasion.
Le dernier état des lieux de Bombardier sur le secteur le note à juste titre (dispo ici : http://www.bombardier.com/content/dam/Websites/bombardiercom/supporting-documents/BA/Bombardier-Business-Aircraft-2016-2025-Market-Forecast-FR.pdf)
Les Brokers sont très agressifs ces dernières années sur les prix des aéronefs d'occasion ! Et certains avionneurs n'hésitent plus à en faire de même quittes à rogner dramatiquement leurs marges.
Un axe de relance de l'ensemble de la filière pourrait être la mise en place d'opérations similaires à l'automobile (primes à la casse, offres de reprise...) pour inciter les propriétaires à faire déconstruire leurs machines en fin de vie opérationnelle (valeur des pièces démantelées souvent supérieure à la valeur de l'avion complet). Face à cette "menace commune", les avionneurs devraient s'associer sur des projets communs de création de filières de démantèlement et revalorisation des pièces aéronautiques.
En tous cas, de belles perspectives malgré tout pour Dassault (attachement personnel et géographique pour ma part).
Petite dernière question à la rédactrice : vous parlez d'un "nouveau programme Falcon" en introduction, sans l'évoquer plus en détail dans le reste de l'article. Y'aurait-il une nouveauté en préparation derrière les enceintes d'Aeroparc ? ;)