Dassault mise sur la modernisation de sa gamme Falcon

Dassault tient le calendrier du nouveau Falcon 6X et poursuit le développement du futur Falcon NX. En dépit de la crise, l’avionneur français soutient un important effort d’autofinancement de ces deux programmes d’avions d’affaires haut de gamme.

En 2020, Dassault Aviation prévoit de livrer 30 Falcon. Ce sont dix de moins qu’en 2019. Eric Trappier, le PDG du groupe aéronautique français se veut rassurant : « nous perdons 10 avions qui vont se reporter en 2021 ». Contrairement à la crise financière de 2008, cette fois-ci, il assure ne pas avoir enregistré d’annulations de commandes à ce jour, « ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en aura pas ». Pour l’heure, il s’agit, en conséquence, uniquement de décalage de livraison.

Sur le premier semestre 2020, Dassault n’a livré que 16 appareils et enregistré 5 commandes (contre, respectivement, 17 et 7 au premier semestre 2019).

Au 30 juin 2020, le carnet de commandes totalisait 42 Falcon contre 53 au 31 décembre 2019.

Sur les six premiers de 2020, le chiffre d’affaires Falcon s’élève à 1,060 milliards d’euros, contre 986 millions d’euros au 1er semestre 2019. Cette augmentation est trompeuse, d’autant que l’arrêt d’activité des sociétés d’aviation d’affaires a fait plonger celle du support client de Dassault. La hausse globale du chiffre d’affaires Falcon s’explique en fait par l’élargissement du périmètre, suite à l’intégration des stations-service acquises au cours de l’année 2019 et début 2020, notamment Execujet, RUAG et la filiale maintenance (MRO) de TAG Aviation. Quant au carnet de commandes Falcon, il s’élève à 1,994 milliard d’euros contre 2.333 Md€ au 31 décembre 2019. Il comprend notamment 42 Falcon contre 53 au 31 décembre 2019.

Eric Trappier estime que « les effets de la crise risquent d’être durables tant de nombreux secteurs économiques sont affectés. Notre marché Falcon est directement impacté ». Même s’il est convaincu que l’aviation d’affaires est une alternative pour une partie de la clientèle à haute contribution des compagnies régulières, il craint la poursuite de la crise de Covid-19. « Je reste très prudent ».

D’autant plus prudent que les USA qui constituent le marché numéro 1 pour l’aviation d’affaires sont confrontés au développement de l’épidémie et que les années électorales ne favorisent jamais les affaires. En Asie qui est l’autre marché potentiel pourrait tirer la reprise, l’activité économique demeure modeste.

Les discussions commerciales n’ont pas cessé, mais comme le souligne le PDG de Dassault Aviation, « les discussions ne sont pas des contrats ».

Dans ce contexte de fort ralentissement de l’activité et de grande incertitude sur la menace d’une nouvelle poussée de la pandémie, le constructeur maintient son objectif de livrer le premier Falcon 6X au deuxième semestre 2022 et de poursuivre le développement du futur Falcon dont le nom de code demeure NX. « Nous avons simplement choisi de décaler l’annonce du lancement du futur Falcon NX parce que les clients ne peuvent pas se déplacer actuellement pour venir le voir ».

En menant de front le développement de deux programmes d’avions d’affaires, Dassault Aviation a choisi de consentir un important effort en recherche et développement. Un effort en R&D qui atteint 9,9% du chiffre d’affaires du groupe et qui est autofinancé.

« Nous tablons sur une sortie de crise, au plus tard en 2022. Il faudra alors des avions nouveaux. »

2022 correspond aussi à l’entrée en service du Falcon 6X dont le développement sera alors terminé. Il ne restera plus que le NX. Actuellement l’avionneur sur un « pic » en termes de R&D. « Initialement nous avions prévu la livraison du Falcon 5X en 2017 et ensuite le lancement du NX ». Les déboires du programme 5X et son remplacement par le 6X a changé la donne. Dassault n’a pas voulu pour autant repousser le lancement du futur Falcon pour être en phase avec le marché, au moment de la reprise. « Nous privilégions la modernisation de notre gamme ».

Cette modernisation porte sur les performances (et notamment l’optimisation de la consommation de carburant) pour offrir un plus grand rayon d’action et une plus grande autonomie. Elle porte aussi sur la sécurité et sur l’assistance aux pilotes. Elle se caractérise surtout par un travail au niveau de la cabine. Le Falcon 6X a été développé pour offrir la plus grande cabine du marché.

« Nous améliorons la cabine pour qu’elle constitue un espace de travail efficace, mais aussi un espace de vie. Certains de nos clients passent la moitié de leur dans un avion. », justifie Eric Trappier. Le confort pour des vols de plus de douze heures est déterminant. C’est en effet sur ce point que fera la différence dans les années à venir, entre les grands constructeurs d’aviation d’affaires. Et Dassault s’y prépare, en dépit du Covid-19 et de ses conséquences.

Gil Roy