Eric Trappier, PDG de Dassault aviation et, depuis janvier, également à la tête du Groupe Industriel Marcel Dassault. © Dassault Aviation
Au moment où l’Europe n’a d’autre choix que de prendre en main sa Défense, Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, déclare que son groupe réunit toutes les compétences pour participer à cette défense européenne. Pour 2024, le groupe affiche des résultats financiers historiques. La montée en cadence de production du Rafale se poursuit.
Avec un carnet de commandes à son plus haut, historiquement, porté à 43,2 milliards de dollars au 31 décembre 2024, pour un chiffre d’affaires de 6,2 milliards (4,8 Mds€ en 2023), là aussi en sensible augmentation par rapport à l’exercice précédent, Dassault Aviation se porte bien en dépit du problème de la chaîne d’approvisionnement dont tout le monde souhaite qu’il commence à se résorber autour de 2026. Dassault Aviation a procédé à 2.400 embauches dont 239 apprentis en 2024.
Ainsi, 21 Rafale ont été livrés en 2024, dont 14 à l’Armée de l’Air et de l’Espace et 31 Falcon dont les premiers Falcon 6X. Avec les commandes engrangées en 2024, le Rafale arrive désormais à un total de 507 unités dont 164 reste à livrer à l’export et 56 pour la France. Côté avions d’affaires, le Roll Out du Falcon 10X est attendu dans l’année et les retours sur le Falcon 6X qui vient d’entrer en service sont positifs.
Dès lors, les projections pour 2025 et au-delà pourraient être optimistes, mais il faut compter sur la situation internationale bouleversée par la nouvelle gouvernance des USA. Ainsi Dassault affiche l’ambition de livrer 40 Falcon et 25 Rafale mais émet des réserves notamment en raison de l’augmentation du tarif des avions avec l’envolée des droits de douanes américains.
Et sur le plan de la Défense, se pose donc, désormais le problème du renforcement de l’industrie européenne : « Je suis attentif, ni pessimiste, ni optimiste, à propos de la création d’une vraie industrie de Défense Européenne« , déclare Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation. « On va voir« . Et d’ajouter à propos de la capacité de Dassault Aviation à participer à cette défense européenne : « on est les seuls à avoir les compétences de A à Z sur l’avion et de A à Z avec Thales sur le système d’armes et les compétences sur le moteur (avec Safran), on sera incontournables dans le futur !«
Au passage, le PDG de Dassault ne se prive pas d’égratigner les politiques européennes appliquées jusqu’ici : « l’Europe de la Défense, on en entend parler depuis 30 ans, on voit où on en est aujourd’hui. J’ai plaidé pour la préférence européenne dès les années 2000. Récemment encore en 2024, quand on disait à la Commission européenne si elle voulait aider les entreprises de défense, avec de l’argent européen, il serait quand même intelligent que ça aille vers l’industrie européenne à 100% ! Même ça, c’était interdit de le penser comme ça, il fallait laisser une part aux pays non-européens, et c’était encore le cas en 2024 !«
Le Rafale voit, aujourd’hui ses cadences de production croître légèrement : « Nous sommes prêts à la cadence 3, on anticipe le passage à la cadence 4, et si il le fallait on envisage le passage à la cadence 5. Mais c’est un travail qui se planifie, il faut au moins deux ans pour passer un point de cadence. » Ce qui implique une évolution de l’outil de travail mais les installations de Dassault à Mérignac sont en train de prendre une nouvelle envergure et le transfert de l’usine d’Argenteuil vers Créteil est terminé. Tout ceci reste subordonné à des consignes étatiques ou à des commandes fermes.
Pour la cadence 5, une des clés serait le « Make in India« avec des partenaire étatiques comme l’indien HAL, mais des discussions sont en cours aussi avec des entreprises privées comme le groupe Tata. Ce point pourrait s’avérer crucial en cas de commandes supplémentaires de chasseurs par l’Inde, notamment celle de 26 Rafale M pour l’aviation embarquée indienne qui, si on en croit Eric Trappier, semble être sur de bons rails.
Mais Dassault ne compte pas que sur le Rafale ; ses Falcon peuvent également devenir des avions de missions. Néanmoins en ce qui concerne le dossier de la succession des Atlantique 2 : « on a une expérience (de la PATMAR) qui remonte a 1958. Aujourd’hui, l’État semble s’orienter vers une solution Airbus, avec en « backup » une solution US, mais il n’y a pas de communication officielle pour le moment. On a arrêté de travailler sur le sujet, good luck à Airbus !«
Les projets d’avions de missions Archange et Avsimar se poursuivent néanmoins, le second, un Falcon 2000LXS de surveillance maritime, ayant fait son premier vol le 24 janvier 2025.
A l’heure où l’Industrie de Défense revient au cœur du débat avec des enjeux de sécurité et de souveraineté essentiels, Dassault Aviation semble pouvoir jouer un rôle de premier plan, avant même qu’on n’entre réellement en économie de guerre, d’autant plus que l’avionneur semble être assez avancé sur les concepts novateurs Avions + Drone qui seront au cœur du Standard 5 du Rafale. « Les US n’y sont pas encore ! » L’occasion aussi de fustiger les politiques économiques, fiscales et normatives Françaises, auxquelles s’ajoutent la « taxonomie » Européenne : « j’aimerai que le mot taxonomie quitte mon quotidien » déplore le chef d’entreprise avant d’asséner : « ces politiques vont à l’encontre des intérêts de la France et de l’Europe.«
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Anémométrix a certainement raison mais on peut rêver que le bon sens l'emporte, au moins en ce qui concerne les avions de combat : Les pays européens qui ont choisi le F35 pour se réfugier frileusement sous le parapluie nucléaire américain doivent se sentir cocus, Trump a été très clair: Allez vous faire voir ! Le bon sens (Encore lui) voudrait que ces pays décommandent cet avion dont, au passage, on ne dit pas que du bien, et se rabattent sur des productions européennes telles que "Rafale" ou "Eurofighter" sinon c'est faire la partie belle aux prédateurs d'outre atlantique qui, soit dit en passant, n'ont plus gagné une guerre depuis 80 ans.
Revoir les contrats qui lient les acheteurs du F35 sera d'autant plus difficile que le danger se rapproche à dit Macron. La peur, objet du discours, gagne les peuples de l'ouest.
Songez-y, l'armée Russe a gagné la bataille de Backhmout en décembre 2023, puis vient de gagner en janvier 2025 la bataille de Tchassiv Yar.
Entre Backhmout et Tchassiv Yar ... 10 km....
10 km en 1 an et des centaines de milliers de pauvres gars massacrés dans chaque camp.
La paix ... et vite !
(Je rassure ceux qui craignent l'armée russe : Tchassiv Yar -Ile d'Oléron : 3000 km soit à la vitesse de 10 km/an on verrait le premier cosaque dans 3 siècles !)
Serait-on chez les fous ...
Un observateur aiguisé aurait remarqué que cette lenteur de progression pourrait éventuellement, mais à vérifier bien sûr, être liée aux efforts conjugués des américains et européens avec les ukrainiens… CQFD 😉🙂
J'irai même plus loin, l'armée russe est à bout de souffle, en armes comme en soldats : les milliers de chars perdus ne se remplacent pas par les usines à machine à laver (allusion à ces reconversions d'usines...), les centaines de milliers d'hommes tués ou estropiés vont noircir la courbe démographique déjà mal en point de la Russie.
Trump va faire la paix, de gré ou de force, il a "toutes les cartes en main".
De fait, les pays européens se tourneront vers les marchands d'armes américains au détriment de notre propre industrie de l'armement.
Les rotomontades de chefs en difficultés n'y changeront rien.
Soit on croit à un futur pour les avions de combats pilotés, l'argument est dynamique,
Soit on pense que les drones et missiles seront les armes du futur ... proche !
Si l'on regarde le front russo-ukrainien, 90% des chars détruits l'ont été par des drones, missiles, RPG, mines.
Le front est un cimetière de chars, 3 ou 4000 cercueils fumants.
Les avions ne s'y sont pas aventurés.
Les défenses aériennes étant de plus en plus performantes, l'avenir des avions de combat est sombre.
Mais il faut rassurer les actionnaires et les investisseurs. D'autant plus difficile que la partie est déjà jouée pour les prochaines décennies : l'Europe est déjà F 35 et autres made in USA.