En 2020, l’industrie aéronautique a découvert l’activité partielle

L’activité dans l’aéronautique et le spatial s’est brusquement arrêtée au début de la crise sanitaire avec un très fort recours au chômage partiel. Avant 2020, cette pratique était quasi inexistante dans la filière.

Avant la crise sanitaire, l’emploi du secteur de l’aéronautique était très dynamique : il a augmenté de 25 % entre 2007 et 2019, soit une croissance annuelle moyenne d’environ +1,7 % contre -1,0 % dans l’industrie et +0,2 % dans le secteur privé non agricole, rappelle une récente étude de la DARESDirection de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion. La DARES contribue à la conception, au suivi et à l’évaluation des politiques publiques, et plus largement à éclairer le débat économique et social.. En mai 2020, près de la moitié des salariés (48%) du secteur ont été placés pour au moins une heure en activité partielle.

Un recours massif et prolongé à l’activité partielle et une mobilisation importante de l’APLD

Bien que le recours à l’activité partielle ait reflué un peu durant l’été, il est resté bien plus élevé que dans le reste de l’industrie fin octobre (16 % contre 5 %). Ce recours a été important dans toutes les activités du secteur ; toutefois, c’est dans la réparation et la maintenance d’aéronefs et d’engins spatiaux qu’il a été le plus fort (63 % des salariés concernés en mai 2020 contre 49 % dans la construction aéronautique et spatiale et 34 % dans la fabrication d’équipements d’aide à la navigation). Le secteur a mobilisé le dispositif d’activité partielle longue durée (APLD) dès le mois d’octobre 2020 : sur les trois derniers mois de l’année 2020, environ la moitié des effectifs en activité partielle l’ont été au titre de l’APLD.

Taux de recours à l’activité partielle en 2020

Un recul continu du volume d’emploi

En 2020, le volume d’emploi dans l’aéronautique s’est moins contracté durant les premiers mois de la crise que dans l’ensemble de l’industrie ou du secteur privé, essentiellement parce que ce secteur mobilise moins de contrats courts que les autres. En mai 2020, il y était ainsi inférieur de 2,6 % à son niveau de mai 2019, contre environ 5 % dans l’industrie et le secteur privé.

Alors que l’emploi a rebondi dans le secteur privé et l’industrie dès le mois de juin 2020, la baisse s’est accentuée dans l’aéronautique. À compter de septembre 2020, le recul du volume d’emploi a été plus marqué dans l’aéronautique que dans l’industrie et le secteur privé (-6,5 % sur un an en octobre 2020 contre -2,7 % et -1,5 %).

Le volume d’emploi en CDI dans l’aéronautique, a été systématiquement en dessous de son niveau de 2019 depuis août 2020. Il diminue alors davantage que dans le secteur privé mais cependant moins que dans l’industrie où il se replie chaque mois depuis mars 2020.

Les évolutions du volume d’emploi sont nettement plus contrastées s’agissant de l’emploi temporaire. Dans l’aéronautique, la baisse amorcée en mars 2020 s’est poursuivi tout l’été, atteignant en octobre 2020 un niveau inférieur de 49 % à celui d’octobre 2019 (après -20 % en avril). Au contraire, la baisse s’est atténuée à partir du début de l’été dans l’industrie et le secteur privé (jusqu’à atteindre respectivement -10 % et -7 % sur un an en octobre 2020 après -30 % et -27 % en avril).

L’effondrement des embauches et un nombre inédit de plans de sauvegarde de l’emploi

Les embauches se sont effondrées en 2020 par rapport à 2019, avec, dans l’aéronautique comme ailleurs, un repli de presque 70 % en avril 2020. Dans l’aéronautique, elles étaient encore très loin de leur niveau de 2019 en octobre 2020 (-41 % sur an), alors que la baisse s’est atténuée entre août et octobre dans l’industrie et le secteur privé.

Glissement annuel des embauches en 2020

Au-delà de cet effondrement des embauches, 29 plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) ont été initiés en 2020 dans l’aéronautique, pour 52 établissements et environ 6.000 ruptures de contrats envisagées, ce qui représente 8 % des ruptures de contrat envisagées dans l’ensemble des PSE de cette période. En 2019, sur cette même période, aucun plan n’avait été engagé dans le secteur.

Source : DARES Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion. La DARES contribue à la conception, au suivi et à l’évaluation des politiques publiques, et plus largement à éclairer le débat économique et social.