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eViation renonce à son projet d’avion électrique Alice

L'avion électrique Alice d'eViation, au salon du Bourget 2019. © Gil Roy / Aerobuzz.fr

Malgré les 600 lettres d’intention d’achat pour son avion électrique (9+2 places) pour un montant total de 5 milliards de dollars, la start up israélienne eViation jette l’éponge. Après Lilium et Volcopter, c’est une des figures de pointe de l’aviation électrique qui se déclare incapable de tenir ses promesses.

eViation vient d’annoncer le licenciement de la majeure partie de ses 65 employés. Elle précise son intention de conserver un noyau dédié à explorer les opportunités pour « valoriser les travaux déjà réalisés et maintenir une veille avec les fournisseurs et les clients potentiels ». Cette strat up a été créée en Israël en 2015. Son objet était de développer un avion de transport régional tout électrique d’une capacité de 9 passagers plus 2 membres d’équipage. L’avion baptisé Alice avait une distance de franchissement théorique de 730 NM, soit 1.350 km, à une vitesse de 240 Knts, soit 444 km/h.

La startt up s’est associée en 2018 avec Embry Riddle, la plus grande université aéronautique au monde, et a réuni des investisseurs pour un apport potentiel de 200 M$, un montant estimé suffisant pour couvrir certification et production. A un moment, la production de la cellule avait été envisagée en France avec la collaboration de la société Multiplast (Vannes).

En 2019, une maquette a été présentée au salon du Bourget, et son design avec un empennage en V et ses 2 moteurs en bout d’aile, n’a pas manqué d’attirer l’attention des visiteurs : Alice semblait tout droit sorti du crayon d’un auteur de bande dessinée.

En 2020, une erreur lors de essais au sol du prototype entraine un incendie et sa destruction.

C’est alors une nouvelle collaboration avec le britannique GKN (dixième groupe mondial de l’industrie aéronautique) qui conduit à une reconception de l’avion en abandonnant les improbables moteurs d’extrémité d’aile pour revenir à un empannage en T et 2 moteurs Magnix de 630 kW (850 hp) montés à l’arrière du fuselage. Le prototype a volé en septembre 2022. Il a mis en évidence une réduction du rayon d’action passant de 440 NM à 250 NM. Soit une division par 3 de l’ambition initiale à 730 NM. En avril 2024, une nouvelle version d’Alice est présentée. On note un fuselage à section constante.

Au moment où eViation semble contrainte à jeter l’éponge, elle fait état de 600 lettres d’intention d’achat pour un montant total de 5 milliards de $.

A nouveau, le cas eViation pose le problème de la capacité des batteries. Comme d’autres porteurs de projets qui ont également renoncé ou mis en pause leurs travaux, les progrès attendus sur les batteries, ne sont pas au rendez-vous.

Le projet initial visait un total de 900 kWh pour une masse cible de 3.460 kg (soit 40 % de la masse maxi au décollage). Or 900 kWh, c’est neuf fois la capacité des plus grosses batteries de Tesla (modèles S et X) dont la masse est comprise entre 500 et 600 kg. Dans ces conditions (qui n’intègrent pas les exigences aéronautiques) la cible devrait dépasser 6.000 kg ; très loin donc des 3.460 kg initiaux. C’est ce constat qui a probablement conduit à réduire l’autonomie.

Mais, selon deux salariés licenciés, qui s’expriment dans le Seattle Times, l’origine de la décision de « suspendre » le développement proviendrait de la lassitude des investisseurs mobilisés depuis 2018 qui auront toutefois déjà apporté 140 M$.

Gilles Rosenberger

Gilles Rosenberger est un expert de la Nouvelle Aviation et ses efforts de décarbonation. Son expertise est reconnue par Aerospace Valley, la BPI (il fait partie de son Cercle des Experts) et l’accélérateur Starburst (où il exerce comme Mentor). En 2024, il fonde Neofuel pour, selon ses termes, « libérer l’Aviation Générale de l’AvGas et lui ouvrir un avenir sans plomb, faiblement carboné et avec un carburant significativement moins cher. »

2 commentaires

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  • Bonjour Gilles,
    Je ne comprends pas cette phrase : « Malgré les 600 lettres d’intention d’achat pour son avion électrique (9+2 places) pour un montant total de 5 milliards de dollars ». La valeur d’une lettre d’intention n’est elle pas égale à zero tant qu’aucun acompte n’est versé ? 600 fois zéro font beaucoup moins que 5 milliards… Frédéric

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  • Quand le politiquement correct laissera t il place à la VERITE, l’électrique est aujourd’hui et pour demain une impasse, elle fait travailler avec nos impôts des tas de bureaux d’études, qui se fichent royalement de la réalité économique, et quand elles n’ont plus de subventions elles ferment, sans arrière pensée, cela coute des millard d’euros aujourd’hui….

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