L’aéronautique et le spatial pèsent de tout leur poids sur l’économie resplendissante de Toulouse et, au-delà de Midi-Pyrénées. Le revers de la médaille est évidemment une grande dépendance à un secteur qui n’est pas à l’abri d’un retournement de conjoncture. On se souvient de l’histoire récente de Seattle, berceau de Boeing. Et puis, il y a aussi la montée en puissance de l’aérospatiale en Chine. Faut-il pour autant vivre dans la crainte de l’avenir ?
Toulouse, la Haute-Garonne, la région Midi-Pyrénées au sens large se trouvent-elles en situation de dépendance dangereuse vis-à-vis de l’industrie aéronautique et spatiale ? La question n’est pas nouvelle, certes, mais mérite d’être posée régulièrement. Ce que vient de faire une table ronde organisée dans le cadre du festival annuel Des étoiles et des ailes, dans le cadre de la Cité de l’Espace, et sous l’égide de l’Académie de l’air et de l’espace.
Les chiffres disent tout. A savoir que, localement, un millier d’entreprises du secteur occupent 80.000 personnes, dont 50.000 environ à Toulouse-même, représentant les deux tiers de l’activité régionale. Avec l’Aquitaine, voisine, complémentaire, ce sont 130.000 emplois qui sont concernés. Toutes proportions gardées, c’est considérable, et plus que suffisant pour susciter quelques inquiétudes dans l’hypothèse où surviendrait un retournement de conjoncture. Que se passerait-il, en effet, si le carnet de commandes d’Airbus s’effondrait ?
Certes, il s’agit là d’un scénario catastrophe peu plausible, à partir du moment où l’on accepte les prévisions d’Airbus, Boeing, IATA, OACI, ID Aéro, selon lesquelles le trafic aérien continuera de croître de près de 5 % par an au fil des 20 prochaines années. Reste le fait que les anciens se souviennent de l’écroulement conjoncturel de Boeing, dans les années soixante-dix, qui avait mis Seattle et à sa région à terre.
Aujourd’hui, plus rien n‘est pareil, outre-Atlantique tout au moins, grâce aux effets bénéfiques de la diversification. Les grands voisins de Boeing s’appellent Microsoft, Amazon.com et Starbucks, gros pourvoyeurs d’emplois. Une situation d’ailleurs plus confortable que celle de Toulouse, encore que la comparaison soit difficile et subjective.
Toulouse pense à la diversification et s’efforce d’agir en conséquence. Mais, souligne Bernard Keller, maire de Blagnac, « elle ne se décide pas, elle s’accompagne et se facilite ». Remarque qui s’applique au canceropôle, au pôle bio-santé ou encore à ce qu’il est convenu d’appeler la « silver économie ».
Airbus ne doit probablement pas craindre un accident de conjoncture majeur et destructeur. En revanche, un jour viendra peut-être la fin du confortable duopole Airbus-Boeing, sans doute du fait de la percée de la Chine sur le marché mondial des avions commerciaux. Une crainte qui n’est apparemment pas recevable dans la Ville Rose : Alain Di Crecenzo, président de la CCI, souligne que le Comac C919 ne sera pas tout à fait chinois, encore moins à coûts chinois, étant propulsé par des moteurs franco-américains de CFMI et doré de nombreux équipements vitaux fournis, notamment, par Safran. Il n’a sans doute pas tort mais, à plus long terme, une « supply chain » chinoise prendra le relai et cela pourrait ne plus être vrai. D’ici là, bien sûr, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts de la Garonne et les responsables actuels auront cédé la place depuis longtemps à une nouvelle génération de décideurs.
Toulouse, selon les propres termes de ses propres responsables, « couve » la filière aéronautique et spatiale, et lui accorde la plus grande attention. D’autant qu’elle assure aussi 80 % des exportations de la région. Son ADN est construit sur l’histoire de Latécoère et Dewoitine et ses traditions sont solides. Y compris dans le spatial (50 % de l’emploi français, 25 % au niveau européen) et, au-delà d’Airbus, d’autres réussites comme les avions régionaux d’ATR ou encore l’implantation locale de Thales, notamment.
Au-delà de l’emploi, des usines, des exportations, Toulouse n’a cessé de gagner en importance et en influence au fil des années. En témoigne, a dit Barbara Kracht, grande ancienne d’Airbus, l’implantation locale du siège de l’Airbus Group, ex-EADS, venu de Paris et Munich, un choix qui a contribué à valoriser le « paysage ».
La conclusion, fut-elle provisoire : il serait malvenu de parler de talon d’Achille. Ce qui n’exclut pas la prudence, voire l’attentisme.
Pierre Sparaco
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L’aéronautique, talon d’Achille de Toulouse ?
Bien sûr il faut toujours positiver et aller de l'avant!...
Mais cela n'exclut pas un certain réalisme...et un grain de sable peut toujours bloquer la meilleure des mécaniques.
Le marché de la construction aéronautique civile est lui aussi, comme les autres, à la merci des conjonctures politico-économiques mondiales.
Les clients d'Airbus sont les compagnies aériennes...et les clients des compagnies sont les passagers. Ce sont eux qui créent les commandes.
Leur nombre est heureusement croissant, mais il suffit d'une crise économique, d'un 11 septembre ou toute autre raison non encore imaginée pour que le grain de sable se forme.
Malheureusement les exemples sont nombreux...
Il faut avancer au maximum...mais la sagesse veut qu'on ne mette pas tous ses œufs dans le même panier.
Il vaut mieux profiter de l'embellie pour encourager et favoriser la diversification avant que cela ne devienne une nécessité.
L’aéronautique, talon d’Achille de Toulouse ?
Vivre c est mourir un peu et tout peut arriver y compris un choc petrolier ou encore une meteorite mais si la prudence est sage, l attentisme lui ne l est pas .
L’aéronautique, talon d’Achille de Toulouse ?
Mais il parait aussi, que le secteur Agroalimentaire de la région, réalise un chiffre d'affaires supérieur à celui de l'industrie Aéronautique.
Alors, s'il faut nourrir 1,3 milliard de Chinois.... on peut encore espérer.