L’APM40 Simba d’Issoire Aviation certifié

Philippe Moniot a reçu la certification européenne de son Simba au salon du Bourget. Un nouveau quadriplace performant est désormais disponible sur un créneau où l’offre ne se bouscule pas. Issoire Aviation a une carte à jouer…

Philippe Moniot a tenu ses engagements. Comme toujours. Il y a deux ans, au salon du Bourget 2009, alors qu’il dévoilait son nouvel avion, l’APM40 Simba, qui avait effectué son premier vol quelques semaines plus tôt, il déclarait qu’il visait la certification européenne en juin 2011. A l’époque, comme beaucoup, il croyait en la norme allégée ELA (European light aircraft) en gestation à l’EASA. Mais la réglementation n’a pas évolué au rythme attendu et il a du en passer par la classique FAR-23 amendement 7, qui a découragé, voire mis à genoux, plus d’un constructeurs d’avions légers. Mais, pour Philippe Moniot, c’était le passage obligé pour être à l’heure au rendez-vous du Bourget. Le jeudi 23 juin 2011, l’EASA a ainsi pu le remettre officiellement le parchemin.

Le Simba est désormais le petit nouveau sur le créneau des quadriplaces d’entrée de gamme où l’offre est réduite. Il a donc devant lui un boulevard d’autant qu’il présente des performances étonnantes. Avec quatre passagers à bord, et leurs bagages, les pleins pour parcourir 1.200 km (650 NM), cet avion vole à 130 kts en ne consommant que 24 litres à l’heure. « Il est plus performant qu’un 180 cv qui consomme 40 l/h. Au prix actuel de l’essence avion, il est remboursé en 6.000 heures de vol », affirme Philippe Moniot. On en déduit que le prix du Simba devrait se situer aux environs de 240.000 euros en version de base.

Le Simba consomme peu parce qu’il est propulsé par un moteur Continental de seulement 125 ch. C’est suffisant compte tenu de sa masse à vide qui n’excède pas 520 kg. Et c’est à ce niveau que réside le secret du quadriplace. Philippe Moniot a développé en plus de quarante ans de carrière dans les matériaux composites, une technique et un savoir-faire qui se situent bien au-delà des standards de la profession. Son outil de production est à la pointe du progrès. Il n’a rien à envier, ni à Boeing, ni à Airbus. Le Simba (et avant lui l’APM20 Lionceau et APM30 Lion), est la preuve tangible des capacités de conception et de production d’Issoire Aviation et au-delà du groupe Rex Composites, auquel appartient Issoire Aviation. Et c’est la raison première pour laquelle Philippe Moniot ne pouvait pas rater le Bourget 2011. La certification du Simba est la meilleure manière, pour Rex Composites, de démontrer à ses donneurs d’ordres qu’il tient ses engagements, en qualité et en délai.

Cette stratégie bat en brèche l’idée répandue dans le microcosme aéronautique, selon laquelle les petits avions de Philippe Moniot ne sont que des danseuses. C’est peut-être le point de vue d’une partie des pilotes privés qui ne comprennent pas pourquoi Issoire Aviation ne fait pas plus d’efforts pour vendre ses avions. Ce n’est évidemment pas l’opinion des avionneurs qui confient à Rex Composites et à ses nombreuses filiales la conception et la réalisation des éléments de leurs avions de ligne, de leurs jets privés ou de leurs hélicoptères. Et ce sont ses contrats qui ont fait de Rex Composites, un groupe de plus de 500 salariés, capable de faire face aux exigences des donneurs d’ordres, sans étrangler son personnel, ni délocaliser.

Philippe Moniot ne boude pas pour autant son plaisir de présenter en vol, au Bourget, ses avions. Le premier, c’était le CE Guépard, en 1973, quand il était un jeune ingénieur Arts & Métiers embauché par Wassmer. Plus récemment, il y a eu le Lionceau, puis le Lion. Pour le patron d’Issoire Aviation, se donner ainsi en spectacle, est une lourde responsabilité. Il vole devant l’industrie aéronautique mondiale tout entière réunie au plus grand salon du monde. Il n’a pas droit à l’erreur. Pendant les six minutes qui lui sont octroyées, il ne craint pas seulement les foudres de Jupiter. Il s’expose au jugement de ses clients.

Les pilotes privés ne connaissent que la partie émergée de Philippe Moniot, celle des petits avions, d’où une certaine incompréhension de sa stratégie commerciale. Avec le quadriplace la donne est différente. La concurrence est beaucoup moins dense et la demande non satisfaite. Issoire Aviation a entrepris de structurer sa force de vente et de mettre en place un suivi clients. Au Bourget, Philippe Moniot exposait le premier Simba d’une série qu’il entrevoit grande.

Gil Roy