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Industrie

« La survie d’Airbus est en jeu si nous n’agissons pas maintenant »

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Gil Roy

Ces mots sont ceux de Guillaume Faury, adressés aux salariés d’Airbus. Le PDG du groupe aérospatial européen prépare ses troupes à des mesures de grande ampleur pour faire face aux conséquences de la crise du Covid-19.

Guillaume Faury a adressé à chacun de 55.000 salariés du groupe Airbus un courrier qui ne laisse aucune ambiguïté sur la crise dans laquelle est entré l’industrie aéronautique et plus encore les conséquences que cela va avoir pour chacun d’eux.

« Les taux de production de nos avions sont maintenant de 30 à 35% inférieurs à nos plans précédents. En d’autres termes, en seulement quelques semaines, nous avons perdu environ un tiers de notre activité. Oui, un tiers. Et, franchement, nous devons nous préparer à ce que cela puisse encore empirer. »

Le planning de production restera en vigueur le temps d’évaluer l’ampleur des conséquences de la crise du transport aérien. Ce devrait être l’affaire de deux ou trois mois, selon Guillaume Faury. Il s’agit d’évaluer avec chaque compagnie et chaque loueur ses besoins de livraison à court et moyen terme.

« En parallèle, nous évaluons le marché des nouveaux avions à plus long terme. Nous collectons de nombreuses données pour alimenter nos simulations et nos modèles prospectifs et ainsi, essayer d’estimer la nature et la vitesse de la reprise du trafic aérien. »

Toutefois, dans l’immédiat, Airbus doit faire face à « la réduction importante » de sa production et à la diminution « à une vitesse dans précédent » de sa trésorerie. Le constructeur a obtenu des lignes de crédit supplémentaires à hauteur de 15 milliards d’euros qui lui « donnent la flexibilité et le temps nécessaires pour adapter et redimensionner » son activité.

« Mais nous devons maintenant agir de toute urgence pour réduire nos dépenses, rétablir notre équilibre financier et, au final, reprendre le contrôle de notre destin. »

Cette urgence s’inscrit dans un contexte inédit.

« Les mesures de confinement et les interdictions de voyager ont en effet désorganisé nos chaînes d’approvisionnement internes et externes. Plus grave encore, de nombreuses compagnies aériennes du monde entier se battent pour leur survie, ce qui compromet leur capacité à prendre livraison de nos avions à court terme et dans un avenir prévisible. »

Pour l’heure, Airbus tourne au ralenti. Des usines sont fermées. Le chômage partiel a été mis en place là où des dispositifs gouvernementaux le permette. Le télétravail est généralisé. Les employés sont invités à prendre jusqu’à dix jours de congés d’ici mi-mai. Mais la somme de ces différentes mesures ne suffira pas à adapter l’outil de production à la perte d’un tiers de son activité « presque du jour au lendemain ».

« Nous devons absolument réduire nos coûts. Nous vivons l’un des plus grands chocs économiques de l’histoire, c’est pourquoi nous devons considérer toutes les options. Je suis honnête et transparent avec vous, car je veux vous préparer à la réalité du nouvel environnement dans lequel nous allons opérer. La survie d’Airbus est en jeu si nous n’agissons pas maintenant. »

Les décisions dépendront de la forme et de la durée de la crise, insiste Guillaume Faury. Autant d’incertitude génératrice d’anxiété pour les salariés d’Airbus, mais aussi pour tous ses sous-traitants, jusqu’aux plus petits. Surtout les plus petits.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • La doctrine du " Too big to fail" ne fonctionne plus. Attention à la chute du premier domino… Pas besoin d'être devin, pour comprendre que nous entrons dans une ère de souffrances.

  • Il y a un element a prendre en compte, la concurrence "deloyale" des lessors qui se retrouvent avec un nombres d'avions (dont les loyers sont impayes) sur les bras et qui vont tout faire pour s'en debarrasser a vil prix. Le chiffre de 30% de reduction est maintenant sans le domaine de la fiction.

  • Réseaux d'influences etc, à qui voudra bien lécher les larmes de son ex bienfaiteur et ainsi lui obtenir les milliards désirés pour sa survie.
    Quid des "gueux", des "moins que rien", des PME, des artisants, dont nous sommes issus ?

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