Au troisième jour du salon aéronautique de Dubai, on attendait « la » commande d’Emirates de 30 A380 et c’est finalement la famille A320 qui remporte la mise avec un contrat parmi les plus importants jamais signés par Airbus portant sur 430 A320neo pour une valeur de 49,5 milliards de dollars.
C’est évidemment beaucoup plus qu’un lot de consolation que vient de décrocher Airbus à Dubai. Depuis l’avant-veille de l’ouverture du Dubai Airshow 2017, il n’était question que de cette commande de plusieurs dizaines d’A380 que devait passer Emirates Airlines.
Il en va de la survie du programme A380 et le client le sait, ce qui ne facilite pas le travail de John Leahy. Mais ce n’est pas au vieux directeur commercial d’Airbus qui a prévu de prendre sa retraite dans les semaines à venir que l’on apprend à négocier.
Airbus cherche un moyen de sauver son A380, mais pas à n’importe quel prix évidemment. Le super jumbo lui coûte déjà cher. L’avionneur a tenté sa chance en lançant au salon du Bourget 2017 une version densifiée, l’A380Plus, qui n’a pas suscité d’intérêt. Emirates ne veut pas faire entrer 80 passagers dans un A380 qui consommerait 3 ou 4% de moins. Il veut un A380neo, avec de nouveaux moteurs qui permettraient de réduire de 15% environ les coûts tout en offrant le même niveau de confort à ses passagers, voire plus.
A défaut d’un A380 remotorisé à la sauce « neo », Emirates veut des garanties sur l’avenir du programme. Le transporteur de Dubaï demande à Airbus de s’engager sur le fait que l’A380 continuera à être produit pendant au moins 10 ans encore. A ce jour, rien n’est moins sûr, même si Airbus doit théoriquement encore livrer une petite centaine d’A380 dont 42 à Emirates.
Mais les réductions de cadence de production décidées cette année ne laisse rien présager de bon. La chaine tourne au ralenti. Si elle ralentit encore, c’est l’arrêt. C’est donc dans ce contexte qu’Airbus et Emirates négocient.
Le Dubaï Airshow se présentait comme le théâtre idéal pour mettre en scène le contrat tant annoncé. Sauf que les auteurs de la pièce ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur le scénario et surtout qu’Emirates a réservé un coup de théâtre dont il a le secret en signant avec Boeing une commande de 15,1 milliards de dollars portant sur 40 787-10. C’était le 12 novembre, au premier jour du salon.
Il aura fallu attendre le quatrième jour pour qu’Airbus reprenne la main sur son concurrent, en annonçant, le 15 novembre, une commande record d’un montant de 49,5 milliards de dollars, avec Indigo Partners. Elle porte sur 273 A320neo et 157 A321neo.
Indigo Partners est un groupe américain, basé à Phoenix (Arizona), spécialiste du hard low cost, c’est-à-dire des billets d’avion à tout petit prix, assortis de suppléments en tous genres. Indigo Partners c’est Frontier Airlines aux USA, JetSmart au Chili, Volaris au Mexique et Wizz Air en Hongrie. Les 430 A320 sont destinés à ces quatre compagnies. Wizz : 72 A320neo, 74 A321neo – Frontier : 100 A320neo, 34 A321neo – JetSMART : 56 A320neo, 14 A321neo – Volaris : 46 A320neo, 34 A321neo.
A défaut des 30 A380 d’Emirates annoncés prématurément par la presse spécialisée depuis plusieurs jours, les 430 A320neo d’Indigo Partners permettent à Airbus de reprendre l’ascendant sur Boeing, non seulement au palmarès du salon du Dubaï, mais également sur l’année 2017. Et d’ici la fin de l’année, une commande d’A380 n’est pas à exclure. Une fois le salon passé, les négociateurs vont retrouver un peu plus de sérénité pour tenter de trouver un accord qui convienne aux deux.
Gil Roy
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Votre opinion est est respectable, mais toutefois un peu tendancieuse. Que vous encensiez le low cost, c'est votre avis, mais il est à mon sens discutable. Toute idée, tout concept a ses limites, Ryanair commence à le comprendre.
De plus les low cost sont, comme vous le faites remarquer, un phénomène récent. A voir comment il évoluera dans l'avenir, notamment au plan de la sécurité. pour l'instant, tout va bien, à quelques exceptions près...
Mais par la suite, il faudra considérer plusieurs paramètres. Entre autre, celui des marges, les low cost n'en ont quasiment pas. Parce qu'elles ne pourront plus rien diminuer: ni les coûts de personnel, ni le repos des équipages, ni le prix des avions, ni surtout celui du carburant. Seule solution: augmenter le prix du billet, et rogner au maximum sur la maintenance. (Sur les services, je vois pas comment on pourrait faire moins). Cela aura forcément des conséquences.
Et ce ne sera pas que dans l'aérien. Nous sommes dans un siècle low cost, avec des politiques et des dirigeants low cost (mais pas pour nous), de la bouffe low cost, des bagnoles low cost, et j'en passe. Vers quoi va t'on? quelque chose me dit (l'expérience ou l'histoire, qui sait) qu 'économiser à l'outrance se paie un jour très cher.
Quant à la révolution "tranquille", parlez pour vous. Parce que quand on habite près d'un lieu ou les low cost déchargent leurs bétaillères, on est tout sauf tranquilles. Les meutes de gens grossiers, incultes, arrogants qui se croient tout permis parce que ils ont acheté un billet d'avion, faudrait que vous vous en payez le plaisir... D'autant plus que l'économie locale n'en profite quasiment pas: ce n'est pas parce que on paye le voyage moins cher qu 'on dépense plus sur place. Et on va bien finir par s'en rendre compte. Tôt ou tard.
Je précise que je ne travaille pas dans l'aérien, et donc dans aucune compagnie, de quelque modèle économique que ce soit.
EN VOLS ou AOG?
Cette belle commande consacre durablement, si ce n'est définitivement, la victoire des compagnies low cost sur les transporteurs traditionnels. Là est la vraie signification de cet ordre, qui symbolise aussi, au-delà de son importance matérielle et financière, l'ordre nouveau du transport aérien mondial. Court, moyen ou long courrier, Le XXIème siècle sera dans les airs low cost ou il ne sera plus! Tous ceux qui n'ont pas voulu et ne veulent toujours pas voir venir et décoller à forte pente de montée cette révolution tranquille seront, avec ceux qui la méprisent, tous AOG demain, aircraft on ground.