Pour la troisième fois consécutive, un groupe d’entreprises du cluster Aerospace Auvergne-Rhône-Alpes s’est rendu en prospection au salon aéronautique de Farnborough (16-22 juillet 2018). Pour ces dirigeants de PME, au-delà du Brexit, ce sont d’abord des contacts et des contrats qu’ils sont venus chercher outre Manche, en dépit d’un contexte incertain.
Personne ne se fait d’illusion. Ce n’est évidemment pas à Farnborough que l’imbroglio Brexit va se régler. Compte tenu du contexte politique britannique, il est même probable que le salon ne se referme, le 22 juillet, sur plus encore de perplexité et d’inquiétude qu’il y en avait en suspend avant son ouverture, le 16. Bien que la Première ministre britannique promette une sortie en douceur, rien n’est moins sûr.
« Il y a de vraies inquiétudes », reconnaît Frédéric Antras, l’animateur d’Aerospace Cluster Auvergne Rhône Alpes. Un peu plus tôt dans l’année, l’ambassade de Grande-Bretagne en France a tenu à rassurer les entreprises rhônalpines de l’aéronautique et du spatial en les invitant à une réunion d’information à Paris. En fait, tous les regards demeurent tournés du côté d’Airbus et chaque prise de parole de Tom Enders, le PDG du groupe, est analysée pour comprendre quelle dynamique va se mettre en place en Grande-Bretagne, explique-t-on du côté du cluster et de ses 210 membres.
La vingtaine de dirigeants d’entreprises qui a participé à la mission organisée par l’Aerospace Cluster ARA, le 17 juillet 2018, à Farnborough, ne semblait pas préoccupée outre mesure par le Brexit. Ce n’est pas le premier sujet qui revenait dans les conversations. En revanche, trouver le moyen d’obtenir un rendez-vous avec un acheteur, quand on est une petite entreprise, était la priorité pour beaucoup, en embarquant dans l’ERJ-135 de la Pan Européenne Air Service affrété par le cluster.
« Une mission comme celle-ci est une opportunité d’identifier des contacts en interne dans les groupes pour ensuite développer des relations », explique Stéphane Gehu de NSE, société de 700 salariés (dont 400 en France) dont le produit phare est la PCU (Power Control Unit) du 787 (240 boitiers par an fournis à Thales). Même stratégie pour Ludovic Gasne, de Think’Ax.
Lui aussi est à la recherche de portes d’entrée. A Farnborough, il a ciblé les motoristes : GE, Rolls-Royce, Pratt&Whitney, MTU, … Think’Ax (18 salariés, 1,3 M€ de CA en 2017, 2,5M€ de CA prévu en 2018) réalise, pour CFM, les aubes de fan du moteur CFM-56 et vient de décrocher la fourniture des bords d’attaque des aubes de fan des moteurs Leap.
Juste avant de faire le voyage de Farnborough, Ludovic Gasne a réceptionné une nouvelle machine pour usiner ces bords d’attaque. Un investissement de 2,5 M€. « Nous sommes encore trop petits pour exposer. Une mission comme celle-ci, avec sa logistique optimisée, nous permet de prospecter et de rencontrer des clients ». Le tout pour un budget sensiblement inférieur à 1.000 euros.Pour cette mission, le cluster a reçu une aide de la Région Auvergne-Rhône-Alpes en faveur du développement des PME à l’international correspondant à 40% du coût de l’opération portée par la CCI Lyon Métropole.« Une petite mission à petit budget », résume le patron de Think’Ax.
Le champion toute catégorie 2018 est peut-être David Perret de Eldec France, filiale du groupe américain Crane Aerospace and Electronics, avec ses produits propres (capteurs de proximités sur les portes et trappes, ainsi que système de jaugeur de liquide). Il a participé à toutes les missions du cluster Aerospace à Farnborough, et cette année, il a enchainé une dizaine de rendez-vous dans la journée. « C’est une excellente formule ».
La plupart des entreprises qui ont participé à la mission « Farnborough 2018 », ont l’habitude d’exposer au salon du Bourget sur les 1.300 m2 du stand de la région Auvergne-Rhône-Alpes. A Farnborough, elles ont fait le choix d’être visiteuses, plutôt qu’exposantes.
« Le salon du Bourget à sa dynamique particulière. Farnborough est un salon export plus difficile d’accès ». Un aller retour dans la journée au départ de Lyon-Bron permet d’optimiser le déplacement et de multiplier les rendez-vous. Si la région Auvergne-Rhône-Alpes ne compte pas d’intégrateur sur son territoire, en revanche, avec 350 entreprises industrielles (30.000 emplois et 3,3 Md€ de CA) elle est présente sur tous les secteurs, et sur tous les programmes aéronautiques et spatiaux. Le voyage de Farnborough est le moyen de le faire savoir.
Didier Lathuille avait programmé des rendez-vous avec, notamment, quatre de ses clients. Lors des deux précédentes éditions du salon, sa jeune société (Lathuille Hudry, 80 salariés) spécialisée dans l’usinage de précision était exposante. Sa présence à Farnborough s’inscrivait alors dans une stratégie export visant le Royaume-Uni avec l’appui notamment, pendant quatre ans, de VIE (volontariat international en entreprise). Cette année, d’une certaine manière, il capitalise sur ses clients, et « en profite pour voir les tendances de fond » en matière d’innovation. « La fabrication additive est devenue omniprésente ». Une visite au salon qui s’inscrit dans une veille technologique.
En embarquant, à Farnborough, dans l’avion qui les ramenait à Lyon, ces dirigeants et cadres de PME étaient apparemment satisfaits de leur journée au salon. « Nos clients britanniques ont vu que nous nous étions déplacés, et c’est important », explique Didier Lathuille qui reconnaît aussi que depuis l’annonce du Brexit, les relations se sont un peu refroidies. « Le Brexit demeure une inconnue ». Pour sa part, Patrick Locatelli de Kalistrut Aerospace, ancienne filiale de SKF et filiale du groupe américain PCC Company depuis quatre ans, rappelle qu’ « Airbus a mis la pression sur les anglais ».
Sa société qui emploie 210 salariés à Saint-Vallier (Drôme) est présente sur tous les programmes d’Airbus avec ses bielles de structure et ses bielles de commandes de vol. Elle est également fournisseur de Boeing et d’Embraer. Elle livre des équipementiers de rang 1. Avant le Brexit, le problème immédiat à résoudre par Kalistrut Aerospace est la baisse de cadence « attendue » de l’A380 et celle « subie » de l’A400M. L’impact est immédiat. Quant à sa maison-mère, « Notre groupe américain est plus concernés par les droits de douane imposés par l’administration Trump aux produits venant de Chine ».
D’ici le 29 mars 2019, jour couperet du Brexit, beaucoup de questions auront trouvé une réponse. Sans doute pas toutes. Mais comme le fait remarquer Frédéric Antras (Aerospace Cluster), la préoccupation actuelle des PME qui sont en affaires avec des entreprises britanniques se rapporte plus prosaïquement à l’impact du Brexit sur la parité Livre / Euro. C’est le sujet le plus important du moment. La baisse de la Livre, si elle se prolonge remettra inévitablement en question la compétitivité des sous-traitants français par rapport aux sous-traitants britanniques.
En réunissant dans sur un vol privé une vingtaine de dirigeants, le cluster joue l’effet réseau. « C’est un moyen de créer des échanges et d’amorcer des synergies par rapport au marché britannique », résume Frédéric Antras.
Gil Roy
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Merci de ce retour concis,
Il me motive pour participer à la prochaine Edition de 2020
Tres cordialement
Jérôme AUBRY
Business Development Manager
Rexiaa Group