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Le 90 places d’ATR dans la salle d’attente

Published by
Pierre Sparaco

Finmeccanica et Airbus Group, les actionnaires à parts égales d’ATR, ne partagent pas les mêmes ambitions pour leur filiale commune. Airbus Group ne croit pas aux chances commerciales d’un biturbopropulseur de 90 places. L’ATR 92 ne semble pas prêt à voir le jour…

Ils attendent Godot, au milieu du désert des Tartares : les dirigeants d’ATR désespèrent de pouvoir lancer un avion à 90 places, pouvant compléter leur gamme par le haut. Le marché potentiel a été clairement identifié, soulignent-ils, mais les deux actionnaires de la société, Finmeccanica et Airbus Group (à 50/50) ne sont pas d’accord sur la suite à donner au projet. Finmeccanica a exprimé à plusieurs reprises son souhait d’aller de l’avant sans plus attendre, l’Airbus Group ne croît pas à l’intérêt d’une telle initiative. Et certainement pas à court terme.

Cette situation n’est pas nouvelle. Ces jours-ci, elle est relancée, exacerbée, par de nouvelles déclarations de Fabrice Brégier, président exécutif d’Airbus, qui ne comprendrait pas « l’empressement de certains » à développer un tel avion. Précédemment, Tom Enders, patron d’EADS/Airbus Group, avait déjà exprimé son scepticisme, si ce n’est son manque d’intérêt, pour ce 90 places. ATR estime pourtant qu’il répond à une demande de 1.100 avions sur 20 ans, moyennant un investissement qui se situerait entre un milliard et demi et deux milliards de dollars.

La situation risque-t-elle de se dégrader, le différend pourrait-il s’envenimer ? Officiellement, rien ne l’indique, tant les échanges de vues contradictoires sont discrets et menés à fleurets mouchetés. Mais, à Rome, la nervosité est patente et, avant la révolution de palais qui a récemment secoué Finmeccanica et Alenia Aermacchi, la nervosité étant moins contenue qu’elle ne l’est aujourd’hui. Le groupe italien aurait même envisagé d’adresser un ultimatum à EADS, prélude, non pas à un retrait pur et simple d’ATR mais plutôt au choix d’un autre partenaire susceptible de partager le coût de mise au point de l’ « ATR 92 ». Pour Finmeccanica, une telle initiative garde tout son sens, sachant que le groupe italien cherche à accroître ses activités civiles.

Depuis de nombreuses années, certains responsables d’ATR, à condition de se laisser aller à de prudentes confidences, reconnaissent à quel point il leur est difficile de travailler dans l’ombre d’Airbus, leur omniprésent et puissant voisin. En clair, les « petits » biturbopropulseurs ne supportent pas la comparaison économique et industrielle avec les gros jets. Le prix catalogue de l’A320 est de 93,9 millions de dollars, celui d’un A350-900 de 295,2 millions et l’A380 est affiché à 414,4 millions. Difficile, dès lors, de faire entendre sa voix quand on sait qu’un ATR 72-600 est facturé 24 millions.

Pendant plusieurs années, pour justifier son attentisme, Airbus a mis en évidence la surchauffe de son bureau d’études, très sollicité par la prolongation de la mise au point de l’A380, l’étude de l’A350 et, au même moment, le développement de l’A400M. Mais cette situation n’est plus de mise, les travaux à prendre dorénavant en compte étant nettement moins lourds, notamment la mise au point de l’A320 NEO remotorisé. En fait, tout laisse deviner un désintérêt d’Airbus, jamais exprimé, toujours démenti, mais qui apparaît bien réel.

Dans le même temps, Bombardier travaille également à un projet de 90 places dérivé du Q400 mais, face à l’inertie d’ATR, est peu enclin à accélérer ses travaux, la certification du C.Series (dont un nouveau retard a été révélé jeudi) étant sa priorité absolue. Et, à tort ou à raison, l’Avic MA700 chinois, livrable à partir de 2019, n’est pas considéré comme une menace. Dès lors, pour l’instant, l’ATR 92 semble condamné à rester un projet. Sans suite ?

Pierre Sparaco

Fliippo Bagnato, patron très respecté d'ATR, déplloie de grands efforts de persuasion pour tenter d'imposer l'ATR 92. Mais jusqu'à présent, sans convaindre l'Airbus Group, ex-EADS
Cette maquette mise à part, ATR n'a révélé aucune indication technique sur son projet de 90 places
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Pierre Sparaco

View Comments

  • Le 90 places d’ATR dans la salle d’attente
    BJR@TOUS
    d'ici 10 ou 15 ANS ,devant les contraintes énergétiques et le forcing grandissant" du bas cout ".Pour survivre ,de nombreuses compagnies aériennes court courrier ; ,troqueront leurs jets 100 places contre des turboprop NG .En ne lançant pas rapidement l'ATR92 , ATR risque de rater une marche et de voir son leadership s'effondrer.
    La démarche d'AIRBUS GROUP me semble un peu suicidaire.

  • Le 90 places d’ATR dans la salle d’attente
    Est il inimaginable qu’Airbus, fort de son expérience dans le domaine militaire mais aussi par son expertise chez ATR, réfléchit très discrètement sur un projet un moyen terme, d'un 90 places turboprop 100 % Airbus ?

  • Le 90 places d’ATR dans la salle d’attente
    Salle d'attente à rallonge... Y'a t'il un marché? Peut-être. Le Superjet occupe déjà le marché, avec 2 réacteurs c'est vrai. Le soucis du 90 places c'est de ne pas partager son aile avec les deux autres ce qui implique davantage de coûts industriels et donc repousse sa rentabilité. Dit comme ça c'est peut-être plus clair, non,

  • Le 90 places d’ATR dans la salle d’attente
    Et n'y aurait-il pas un conflit d'intérêt entre le A320/319 et l'ATR92 qui sont à la frontière d'un domaine d'exploitation des courts courriers?
    En tout cas, ce serait dommage de ne pas le développer car l'avenir condamnera les jets sur ces créneaux...et d'autres le feront!

  • Le 90 places d’ATR dans la salle d’attente
    Tout à fait d'accord avec ce qui précède. J'ajouterais que la réussite d'un nouveau programme comme celui-ci nécessite le développement conjoint d'un nouveau moteur plus performant que ce bon vieux PW. Je crois savoir que GE d'une part et SNECMA d'autre part travaillent sur le sujet mais sans calendrier précis. Je pense qu'Airbus serait plus réactif si les motoristes affichaient la même motivation que pour les réacteurs (LEAP / GTF/ etc..). Je remercie par avance Pierre de bien vouloir nous faire une petite actu sur l'avancement des projets de turboprops.

  • Le 90 places d’ATR dans la salle d’attente
    Mais pourquoi Airbus ne se déengage pas de l'ATR en créant une filiale qui serait en coentreprise avec Finmeccanica. L'ATR c'est petit pour Airbus mais pas forcement pour le partenaire Italien !

  • Le 90 places d’ATR dans la salle d’attente
    Je partage l'avis de Lolo de Mada.
    Je ne comprends pas pourquoi Airbus fait de la résistance et snobe ATR à ce point.
    Le succès de leur gamme actuelle, plus particulièrement des versions -600, témoigne de l'intérêt des opérateurs aériens pour ces machines plus respectueuses de l'environnement, et plus économes en carburant.
    Si Airbus est évincé à terme du consortium ATR, ce serait un échec cuisant pour nous car nous perdrions une véritable manne.
    Le changement de nom de EADS à Airbus est évocateur : tout ce qui n'est pas un gros avion électronique n'a pas lieu d'exister pour eux. Pourtant, les ATR sont des avions de conception simple, sont fiables et sans histoire. Peut-être qu'il y aurait à en prendre de la graine...

    • Le 90 places d’ATR dans la salle d’attente
      sans histoire ?
      voir le pb de maintenance qui a conduit à échanger une sonde carburant par une autre ............... provocant un amérissage forcé dans la Méditerranée, suite à une panne sèche. Il est vrai que CDB a sa part de responsabilité dans cet incident

  • Le 90 places d’ATR dans la salle d’attente
    Enders , ne l'a pas dit clairement (pour ne pas choquer les sensibilités des syndicats) mais Airbus est une en entreprise qui doit générer du CA$H pour les actionnaires.
    Un programme comme l'ATR en consomme beaucoup 2Mds (50% pour Airbus) c'est beaucoup.
    alors maintenant avec 11% pour la France, 11% pour l'Allemagne,4% pour l'Espagne...
    les états n'ont plus les clés (de la société dont ils sont à l'origine). ils sont de simples actionnaires sans pouvoirs sur la stratégie.

    c'était prévisible mais on ne peut pas avoir le beurre (un pouvoir au sein du CA, et l'argent du beurre (vendre 1% à un cours de 50 Eur). cf le gvt français

    Airbus est un entreprise comme les autres maintenant (et ce n'est pas plus mal), qui saura venir demander des avances remboursables quand il le faudra...

    Perso, je pense que c'est une connerie d'attendre trop longtemps le lancement du nouvel ATR.

  • Le 90 places d’ATR dans la salle d’attente
    Bjr @ tous,

    Et si les supporters d'ATR et Toulousains du monde entier signaient une pétition, ca changerait quelque chose?

    Plus sérieusement cette position marketing d'Airbus Group est incompréhensible! Alors que le turboprop est un produit d'avenir, succés ATR, A400M et investissement de sfaran dans la motoristaion, le prouvent...

    Faudrait faire la proportion de plateformes accessibles à ce type d'appareil dans le monde Vs celles accessibles aux jets pour comprendre le potentiel de développement de liaisons courtes...

    Cdt.

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