Le cauchemar du Dreamliner se poursuit pour Boeing et la FAA

Les inspections entreprises par Boeing sur son 787 mettent progressivement en lumière de nouveaux défauts. C’est désormais au tour des portes de l’arrière de l’appareil de poser problème. Et après le titane, des défauts de conception des matériaux composites ont été révélés. La FAA est à son tour dans le collimateur du gouvernement US.
Le 19 novembre 2021, les représentants de la Chambre des transports et des infrastructures de la Chambre des représentants des États-Unis ont demandé à l’inspecteur général du ministère des Transports d’évaluer la surveillance de la production du Boeing 787 effectuée par la FAA (Federal Aviation Administration).

L’objectif de cet audit est de déterminer si « le programme d’inspection de la FAA est suffisant pour identifier les problèmes de production », si suffisamment d’inspecteurs sont sur le dossier, si les inspections sont en nombre suffisant et si la FAA « met en place les processus adéquat pour identifier les problèmes de production. »

Cette annonce n’est toutefois pas le fruit du hasard. Le même jour, le Wall Street Journal publiait que Boeing retardait l’assemblage des Dreamliner à cause d’un nouveau problème détecté sur les portes.

Le défaut, confirmé par Boeing, touche à la structure de l’encadrement des portes situées à l’arrière du fuselage sur les versions passagers et cargo de certains 787 en cours d’assemblage.

D’après le Seattle Times, le problème a été détecté par Boeing suite aux inspections qui ont débuté en septembre 2020 après la découverte des premiers défauts sur le fuselage. Les livraisons avaient alors été stoppées net.

« Nous effectuons des inspections complètes et des retouches associées tout au long de la production du 787 et au sein de la chaîne d’approvisionnement, tout en entretenant des discussions détaillées et transparentes avec la FAA, les fournisseurs et nos clients », a déclaré Boeing. « Nous prenons le temps nécessaire pour assurer les plus hauts niveaux de qualité, et bien que ces efforts continueront d’avoir un impact sur les livraisons, nous sommes convaincus qu’il s’agit de la bonne approche pour favoriser la stabilité et la qualité dans l’ensemble de nos opérations. »

Les livraisons du 787, qui avaient repris en mars 2021, ont cessé à nouveau deux mois plus tard. De nouveaux problèmes avaient alors été détectés, en particulier sur des pièces en titane.

L’assemblage se poursuit néanmoins, avec un rythme adapté à la fois aux inspections et aux modifications. De 5 avions par mois au début 2021, Boeing est passé à 2 avions assemblés par mois en juillet d’après le Seattle Times.

Mais les problèmes du 787 ne s’arrêtent pas là. Le 19 novembre 2021 aura été une journée noire pour Boeing dans la presse outre-atlantique. Le Seattle Times a révélé s’être procuré un mémo de la FAA qui donne à la fois des précisions sur certains problèmes rencontrés précédemment et pointe de nouveaux défauts de conception du Dreamliner.

Les inspections entreprises à la fois par la FAA et Boeing ont ainsi mis en lumière que les matériaux composites en fibres de carbone utilisés pour la fabrication de grandes pièces comme le fuselage, les ailes et l’empennage arrière du Dreamliner ont présenté des traces de contamination au Teflon.

D’après les explications fournies par Boeing au Seattle Times, cette contamination pourrait réduire la solidité des joints entre deux éléments fixés entre eux. « Par exemple quand un raidisseur est collé sur la peau interne de l’aile » explique le Seattle Times. Boeing aurait été alerté du problème par le japonais Mitsubishi Heavy Industries qui fabrique les ailes du 787.

Le Seatlle Times rapporte également que la note de la FAA estime que 1.000 Dreamliner seraient concernés par les calages défectueux qui ont causé les « vagues » sur la peau du fuselage. Enfin, le mémo estime également que 450 exemplaires du 787 pourraient être concernés par les attaches en titane défectueuses.

Les différents défauts ne présentent pas, d’après Boeing, de problèmes pour la sécurité immédiate des vols. Pour les appareils déjà livrés, les modifications pourront être apportées au cours des interventions de maintenance programmées.

Ce qui complique encore davantage les choses, relève encore le Seattle Times, est que le mémo de la FAA précise que « Boeing n’a pas les données concernant le détail de la configuration de chaque avion, ce qui pourrait permettre de savoir lesquels sont potentiellement concernés par des défauts de fabrication. »

En octobre 2021, Boeing estimait à 1 milliard de dollars les pertes dues aux défauts du 787. Ces nouveaux défauts, en plus de retarder encore la reprise des livraisons, pourrait alourdir l’addition du bourbier dans lequel le géant est enlisé.

Fabrice Morlon