Lundi 14 septembre 2015, entourés des représentants politiques de l’Alabama, Tom Enders, président d’Airbus Group, et Fabrice Brégier, PDG d’Airbus, ont officiellement mis en service la nouvelle ligne d’assemblage final d’A320 de Mobile (USA). Le constructeur européen se renforce sur le territoire de Boeing.
Qui d’Airbus ou de Boeing est aujourd’hui le premier constructeur aéronautique au monde ? Tout dépend où et quand est posée cette question, et surtout qui y répond. Sur les salons aéronautiques, c’est évidemment celui qui annonce le plus de contrats qui prend l’ascendant médiatique sur l’autre,… jusqu’à la fermeture du show. Sauf que la taille d’une entreprise et son poids sur le marché ne se mesurent pas au nombre d’articles de presse, ni à l’applaudimètre.
Pour les analystes financiers, les deux géants boxent dans la même catégorie des poids super-lourds. La catégorie reine où chaque coup porté au but fait mal. Airbus, le challenger, vient d’en asséner un sévère à son adversaire. Un coup d’autant plus dur à encaisser qu’il a été porté à domicile. Un coup qui va laisser des traces.
Hier après-midi (14 septembre 2015), Airbus a en effet mis en service à Mobile, dans l’Alabama, une nouvelle ligne d’assemblage final des appareils de la famille A320. Les avions qui en sortiront, dès l’année prochaine, seront exclusivement destinés à des compagnies américaines. Le marché est prometteur. Airbus l’a estimé à 4.700 unités pour les 20 ans à venir. Si actuellement, les Airbus ne représentent que 20% de la flotte des transporteurs américains, depuis l’annonce de la création de l’unité de Mobile, en 2012, deux avions sur cinq commandés par ces mêmes compagnies américaines sont des Airbus. Le « made in USA » est un argument de vente que Boeing n’est plus le seul à revendiquer.
Libéré de tout complexe, Airbus n’hésite pas à écrire dans son communiqué de presse que « la création de l’Airbus U.S. Manufacturing Facility vient doubler le nombre de fabricants d’avions civils de grande capacité aux Etats-Unis ». Il y en avait un avant. Ils sont deux maintenant. Une autre manière « politiquement correcte » de déclarer qu’Airbus fait désormais jeu égal avec Boeing aux USA. Les communicants européens n’ont pas osé aller jusqu’au « Born in the USA » qui sonne tout de même mieux que « made in USA » quand on ambitionne de devenir le Boss. D’autant qu’Airbus n’entend plus se contenter de vendre des avions monocouloirs aux compagnies américaines.
Tom Enders a tiré les leçons de la perte du contrat des avions-ravitailleurs de l’US Air Force. Ce n’est pas le mieux disant qui l’a emporté, mais le local de l’étape. Dans l’Alabama où auraient du être assemblés les 179 A330-MRTT, les élus se consolent avec les A320. Chacun sait que ce n’est qu’un début parce qu’il sera de plus en plus difficile au lobby de l’industrie américaine de l’armement de mettre en avant la défense de l’emploi. Avec cette ligne d’assemblage finale, le groupe Airbus renforce en effet sa présence industrielle aux USA. La chaîne d’assemblage final d’Airbus aux Etats-Unis vient grossir le nombre de sites Airbus et Airbus Group implantés aux Etats-Unis, comme par exemple : les centres techniques d’Airbus en Alabama (Mobile) et au Kansas (Wichita) ; un centre de formation Airbus en Floride (Miami) ; le site de production d’appareils militaires d’Airbus Defence & Space en Alabama (Mobile) ; les usines et opérations Airbus Helicopters au Mississippi (Columbus) et au Texas (Grand Prairie) ; et les centres de rechanges de Géorgie (Atlanta), Floride (Miami) et Virginie (Ashburn). Les sièges d’Airbus, d’Airbus Defence & Space et d’Airbus Group sont implantés à Herndon, Virginie, et celui d’Airbus Latin America, à Miami. Airbus et Airbus Group sont également des clients majeurs pour d’autres sociétés aéronautiques et spatiales américaines, et leurs achats de composants et de matériaux auprès de fournisseurs américains s’élèvent, pour l’année passée uniquement, à 16,5 milliards de dollars.
Dans l’emballement de cette journée historique du 14 septembre 2015, il ne faut pas perdre de vue non plus que pour le stratège qu’est Tom Enders, les USA ne sont qu’une case sur le grand échiquier planétaire. Certes, la pièce maîtresse qu’il vient de positionner dans le golfe du Mexique va singulièrement gêner son adversaire et l’obliger au mouvement, mais la partie se joue à l’échelle de la planète. Et à ce niveau aussi, Airbus vient de marquer une série de points précieux.
Mobile est le quatrième centre d’assemblage final d’Airbus après Hambourg (Allemagne), Tianjin (Chine) et Toulouse (France). Le constructeur européen continue de déployer son organisation industrielle autour du globe, à l’inverse de Boeing qui concentre son outil de production aux USA. Pour Fabrice Brégier, le PDG d’Airbus, cela ne fait plus aucun doute : « Airbus est à présent le premier avionneur d’envergure réellement mondiale ».
Gil Roy
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Le jour où Airbus est devenu le premier constructeur aéronautique mondial
Pour gagner la compétition des ravitailleurs encore eut-il mieux fallu mettre la charrue avant les boeufs, c'est vrai. Méconnaitre l'esprit de clocher Américain fut une très grave erreur stratégique de la part de la gouvernance française d'Airbus. Monsieur Enders a agi, dès son arrivée à la présidence de l'entreprise, avec la plus grande célérité. A ses actionnaires de l'en féliciter.
Le jour où Airbus est devenu le premier constructeur aéronautique mondial
Après tout rien n'empêche Boeing de faire de même en Europe.