Le plan de soutien à l’aéronautique présenté hier par le gouvernement comporte un fonds de soutien aux PME en mauvaise posture. Financé par les quatre grands du secteur en France – Airbus, Dassault, Safran et Thales – pour le bien commun, sa création inaugure la mutualisation de moyens financiers au profit de toute la filière. Avec le financement prévu pour le Conseil pour la recherche aéronautique civile (Corac), cette union pourrait même aller au-delà.
« Le monde d’après », malgré les doutes exprimés par les habituels sceptiques, sera peut-être vraiment différent de celui d’avant la pandémie. Au minimum, la crise aura conduit des acteurs aux intérêts divergents à se rapprocher. Objectifs : sauver la filière aéronautique et accélérer, de manière spectaculaire, le verdissement de l’aviation.
L’esprit de filière était déjà plus fort dans l’aéronautique française qu’ailleurs. Mais le poids de l’histoire et des cultures d’entreprises fortes rendait le dialogue entre Airbus et Dassault Aviation, pour ne citer que ces entreprises, difficile. Le projet de système SCAF de combat aérien du futur a marqué un tournant.
Une nouvelle étape est franchie avec le fonds d’investissement aéronautique. Il permettra d’apporter des fonds propres aux entreprises en difficulté, éventuellement via une prise de participation majoritaire.
L’Etat, via sa banque d’investissement Bpifrance, met 200 M€ sur la table. Un total équivalent est souscrit par Airbus (116 M€), Safran (58 M€), Dassault (13 M€) et Thales (13 M€). Le gestionnaire du fonds doit encore être choisi et complètera à hauteur de 100 M€, il démarrera ainsi avec 500 M€.
Ce fonds devrait être opérationnel dès cet été et lever 500 M€ supplémentaires, a annoncé Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances.
« Une leçon de ce plan c’est que les quatre grands peuvent travailler en commun pour l’intérêt général de la filière. La crise a eu ce bénéfice », note Jérôme Bouchard, associé en charge du secteur aéronautique au cabinet Oliver Wyman.
En outre, le Gifas butait sur la restructuration du réseau de fournisseurs. Souhaitée depuis des années, la consolidation ne progressait que lentement. Or le fonds a pour mission de consolider la filière autour de quelques champions pour chaque grand métier de l’industrie, souligne Jérôme Bouchard.
Sa gouvernance sera une question clé, les intérêts des acteurs restant quelque peu divergents. L’Etat vise l’emploi, les industriels les ventes des avions actuels et le gestionnaire la rentabilité. « La gouvernance entre parties prenantes sera un enjeu majeur pour décider de la stratégie d’investissement du fonds », explique notre interlocuteur.
Le plan prévoit que des salariés en sous activité travaillent temporairement dans des entreprises exprimant des besoins de compétences. « Il s’agit notamment de permettre à des PME en transformation de recourir à coût abordable aux compétences pointues de salariés de grands donneurs d’ordres qui ne seraient pas occupés à 100% dans la période », précise le document.
Au-delà, le soutien de 1,5 Md€ au Corac pourrait donner des ailes à celui-ci. Un scénario envisageable serait le détachement au Corac d’ingénieurs qui mettraient au point des technologies utiles à l’ensemble de la filière, suggère Jérôme Bouchard : « Une agence comme le Corac, bien dotée, pourrait prendre en charge un enjeu majeur comme la décarbonation ». Resterait à bien définir son rôle vis-à-vis de l’Onera.
L’Europe est-elle la grande absente du plan et de l’effort d’unification ? Pas si sûr. Certes, le projet Clean Sky est là pour réduire drastiquement l’empreinte environnementale de l’aviation. Mais on peut voir le plan français comme confirmant le rôle de locomotive de la France. « J’attends que le commissaire européen Thierry Breton vienne compléter ces mesures d’ici à l’été », avance Jérôme Bouchard.
Les promoteurs de Clean Sky poussent pour un troisième cycle de recherches dans le cadre du budget européen en discussion à Bruxelles.
Thierry Dubois
Les hélicoptères Puma HC2 âgés d’un demi-siècle seront retirés du service en 2025. Ils seront… Read More
La tour de contrôle centrale de l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle est en travaux. Fin… Read More
Depuis plus de quatre décennies, le Pilatus PC-7 constitue la pièce maîtresse de la formation… Read More
On a rarement vu une compagnie aérienne aussi bien préparée à déposer le bilan que… Read More
Dans un roman, Jean Rousselot raconte à la première personne du singulier la carrière militaire… Read More
Textron Aviation a livré à l'armée de l'air péruvienne le premier de 2 Beechcraft King… Read More
View Comments
Belles paroles. Mais j'attends de voir concrètement ce qu'il va en sortir.
D'interprétez pas les mots en français ! Comme dit par l'auteur "les habituels sceptiques...." dont vous faites partie ont-ils compris qu'il s'agit d'un plan c'est à dire d'écrits qui resteront et pas des paroles en l'air qui comme votre commentaire s'envolent sans laisser la moindre trace !
C'est très dommage de ne pouvoir s'exprimer et donner son opinion sur tel ou tel sujet sur votre site, et parfois se prendre une volée de bois vert, se faire mettre en boite sous forme d'attaques personnelles !
Il me semble qu'il serait bien venu que le gestionnaire du site applique les même régles de censu..., pardon de modération, quand il s'agit là de réponses qui portent d'avantage atteinte à la personne qui publie son opinion, alors que argumenter son point de vue avec une réponse constructive serait la bienvenue. Prendre la décision de publier le post d'un lecteur en dépit d'une atteinte personnelle ce n'est pas très clean.
De même que je pense également que toutes ces annonces sont du blablabla. Notre pays n'a absolument pas les moyens de ces projets d'actions. C'est trop facile de signer des chèques en bois.
Pour les habituels crédules...
Essayez un peu d'accéder aux dites aides et on en reparle après, d'accord ?