Il va falloir attendre quelques années de plus avant de pouvoir assister à l'avitaillement en hydrogène d'un Airbus (ou de tout autre avion de ligne) sur un aéroport… © Airbus
Jusque-là, avec le projet ZEROe, l’ambition d’Airbus était de commercialiser le premier avion commercial au monde fonctionnant à l’hydrogène d’ici 2035. L’écosystème semble avoir du mal à se mettre en marche. L’échéance pourrait être reportée de cinq à dix ans.
Ce n’est pas Airbus, mais la section maison du syndicat FO qui a annoncé, le 6 février 2025, que l’avionneur européen avait décidé de repousser l’entrée en service de son futur avion à hydrogène prévue initialement en 2035. Pas de communication officielle du côté d’Airbus. Il faudra attendre jusqu’au 20 février 2025, date de la prochaine conférence de presse annuelle. De son côté, le syndicat évoque une réduction des budgets de 25% et un report de 5 à 10 ans.
L’avion concerné, le premier des trois que comporte le projet ZEROe, est un court-courrier régional de 50 à 100 sièges pour des vols de 30 à 90 minutes propulsé par un turbofan optimisé pour l’hydrogène. Ce glissement du calendrier pourrait évidemment avoir des répercussions sur l’objectif ultime qui est d’atteindre zéro émission nette en 2050.
Airbus affirme que cela ne remet pas en question ses engagements climatiques. Toutefois, ce décalage dans le temps implique un report sur l’utilisation des carburants de substitution (SAF) dont la disponibilité est déjà problématique. Pour justifier sa décision, Airbus met en avant le manque de maturité de l’écosystème et des technologies.
Concernant plus particulièrement les motorisations, à 10 ans de l’entrée en service initialement prévue, aucun des grands motoristes ne semble pouvoir présenter un programme de développement moteur compatible avec le processus de décision de lancer un nouvel avion. Côté CFM, le banc d’essai volant développé sur l’A380 en 2022 a permis d’apprendre mais n’a conduit à aucun lancement officiel d’un programme moteur. Pour sa part, Safran valide les concepts de combustion hydrogène avec Turbotech pour des puissances adaptées à l’aviation légère.
De son côté, GE a lancé plusieurs programmes de R&D, mais rien d’annoncé. Pratt & Whitney commence à tester son moteur HySIITE avec réinjection d’eau pour notamment réduire la production d’oxydes d’azote. Rolls Royce a testé au banc sol en 2023 un moteur Pearl 700 modifié hydrogène, mais le lancement de programme est encore loin.