C’est Airbus lui-même qui a annoncé, cette semaine, l’annulation de la commande d’Emirates portant sur 70 A350XWB. Une première. Même s’il s’agit de 10% du nombre des appareils en commande et surtout d’un contrat de 16 milliards de dollars, le constructeur européen se veut serein.
C’est l’annulation de commande d’avions commerciaux la plus importante et la plus spectaculaire de l’histoire contemporaine du transport aérien : Emirates renonce à soixante-dix A350 XWB qui devaient lui être livrés à partir de 2019. Le constructeur européen perd ainsi du jour au lendemain 10 % du carnet de commandes de son nouveau long-courrier mais enregistre aussi une défaite cinglante auprès de la compagnie en passe de devenir le numéro 1 mondial du transport aérien.
A Dubaï, explications et commentaires font défaut. Tout au plus reconnaît-on qu’il s’agit là du résultat d’une actualisation d’un plan de flotte désormais construit autour de deux types d’appareils seulement, A380 et 777. Affirmer qu’il s’agit de la traduction d’une volonté de simplification ne constitue pas une explication recevable, les dimensions d’Emirates étant telles qu’il lui serait possible de faire cohabiter trois sous-flottes dans des conditions économiques acceptables. Aussi peut-on supposer qu’il s’agit plutôt de limiter les moyens mis en oeuvre à de « vrais » gros porteurs d’un gabarit tendant vers les 400 places et plus.
Dans ce contexte, il est évidemment peu probable qu’Emirates s’intéresse à la proposition de Boeing de se doter de 747-8. Sans doute Tim Clark, l’influent directeur général d’Emirates, s’expliquera-t-il tôt ou tard sur le sujet. Airbus, de son côté, s’efforce de faire bonne figure, de minimiser les conséquences de la perte d’un contrat d’au moins 16 milliards de dollars, cela en jouant la transparence. C’est l’art de la communication d’entreprise à son plus haut niveau.
Première constatation, Airbus a sorti un communiqué de presse pour annoncer l’annulation de la commande, dérogeant ainsi à une règle non dite qui veut que les mauvaises nouvelles ne soient jamais commentées sur la place publique. Les annulations, fréquentes mais jamais aussi spectaculaires, sont soigneusement passées sous silence, obligeant les médias à un petit jeu de piste qui consiste à revoir régulièrement le carnet de commandes tel que publié sur le site des avionneurs. Avant Internet, c’était mission impossible.
Fabrice Brégier, président exécutif d’Airbus, a dit que « cette annulation n’est pas un problème pour nous ». Et d’ajouter qu’il est « prudent mais heureux » à propos de la mise en place du programme A350 XWB. Les essais en vol touchent à leur fin et le premier avion sera livré à Qatar Airways à la fin de l’année. Le carnet de commandes porte actuellement sur 742 exemplaires, un beau résultat pour de premières ventes conclues « sur catalogue ». A terme, la cadence de production sera de dix exemplaires par mois, ce qui ne devrait pas empêcher l’A330 de poursuivre sa route, surtout si la décision est prise de le doter de moteurs de nouvelle génération.
John Leahy, directeur commercial d’Airbus, tente d’afficher une grande sérénité pour évoquer le retrait d’Emirates. On le comprend d’autant mieux qu’il s’agit de faire bonne figure vis-à-vis d’un client important qui détient, à lui seul, l’avenir de l’A380. L’heure des confidences sonnera plus tard. Tout au plus Leahy reconnaît-il que l’annulation des soixante-dix A350 « n’est pas la meilleure nouvelle du monde ». Puis il s’empresse de changer de sujet, de souligner que le carnet de commandes d’Airbus, tous types d’avions confondus, porte actuellement sur 5.457 appareils. Aussi a-t-il dû rire jaune en prenant connaissance de certains commentaires de la première heure affirmant le plus sérieusement du monde que l’avionneur vacille sur ses bases après avoir encaissé le choc.
La réalité est qu’Airbus se porte bien. Mais que tenir son rang exige des efforts de chaque instant.
Pierre Sparaco
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Le renoncement d’Emirates à l’A350 XWB : Airbus minimise
Perdre une bataille n est pas perdre la guerre.
Le renoncement d’Emirates à l’A350 XWB : Airbus minimise
N'y voir aucun lien avec les propos récemment tenus sur les manoeuvres Qatari pour obtenir la coupe du monde... Ca serait vraiment du mauvais esprit.
Le renoncement d’Emirates à l’A350 XWB : Airbus minimise
Pendant 10 ans c'était Airbus contre créneaux en Europe et en France en particulier, maintenant qu'ils ont les créneaux c'est Boeing sans Airbus ! Tant pis pour nos compagnies européennes et les emplois non délocalisables associés.
Nous ne voyons pas plus loin que le bout de notre nez !
Le renoncement d’Emirates à l’A350 XWB : Airbus minimise
Ne nous voilons pas la face, une telle annulation reste une tres mauvaise nouvelle pour Airbus.
Apres effectivement le programme A350 se porte bien et je pense qu'Airbus ait fait le bon choix avec cet avion (LE véritable successeur/concurrent du B777).
Concernant Emirates, on peut voir déja qu'il souhaite quand meme "rationnaliser" leur flotte (que des A380 et B777). De plus il n'envisage que des jumbos (au dessus de 400 pax). Ne pas oublier que le B777-X était une demande de leur part.
De plus ils n'ont pas commandé de "mini wide-bodys" (B787 ou A350-800).