Avec 500 avions commandés et encore 200 exemplaires à livrer, le programme Rafale est une bonne affaire pour Dassault mais aussi pour la supply chain composée de plus de 500 entreprises de toute taille. En Normandie, outre Thales et Safran, plusieurs PME sont parties prenantes. Pour accompagner la montée en cadence de la production du Rafale, les entreprises normandes doivent investir et recruter.
L’usine de Dassault Aviation à Mérignac où sont assemblés les Rafale dispose d’une charge de travail d’environ 200 avions évaluée au moins à 10 années. Le rythme de production du chasseur français devrait passer de 1,5 unités par mois aujourd’hui à 3 par mois en 2025. Pour y parvenir, l’avionneur s’organise à Mérignac. Les 500 sous-traitants qui travaillent de manière directe ou indirecte sur le programme Rafale aussi.
Les entreprises sous-traitantes doivent répondre aux demandes des grands donneurs d’ordres que sont Dassault, mais aussi Airbus, Safran ou encore Thales. L’aéronautique civile et de défense n’étant pas leur unique secteur d’activités, elles doivent aussi s’assurer que les investissements en termes de matériels et de création d’emplois, puissent bénéficier à la production pour l’ensemble des secteurs, notamment l’automobile ou la sécurité.
Alain Dulac, directeur de l’entreprise normande Factem et Vice-Président du comité Aero PME du GIFAS, est aussi membre du cluster NAE (Normandie AeroSpace) : « En Normandie, le groupement NAE représente 178 entités qui sont des entreprises, grands groupes ou start-up, des laboratoires de recherche, des établissements d’enseignement supérieur qui travaillent au quotidien pour l’aéronautique, la défense et la sécurité. Ces entités représentent 24.600 emploi et 4,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. » Une quarantaine des entreprises du cluster NAE font partie de la supply chain du Rafale.
Fin octobre 2024, Thierry Carlier, directeur adjoint de la direction générale de l’armement (DGA), est venu confirmer « le partenariat de confiance qui unit la DGA et NAE. (…) Depuis 25 ans, NAE est un acteur clé pour notre base industrielle et technologique de défense (BITD) qui regroupe l’ensemble des entreprises de défense qui contribuent à concevoir et à produire les équipements pour les armées. »
La vague de commandes enregistrées par Dassault représente une forte poussée de charge de production pour beaucoup de ces PME normandes qui doivent aussi faire face à la montée en cadence d’Airbus. Pour d’autres en revanche, qui fournissent des composants dans plusieurs secteurs, cela vient compenser le fléchissement de la charge de production dans d’autres secteurs d’activités.
Parmi les PME installées en Normandie, clientes de Dassault, sur son programme d’avion de chasse, il y a Correge, à Pacy-sur-Eure. Ce spécialiste des capteurs de température fabrique pour le Rafale des unités de contrôle de pression au sol. Il emploie 230 personnes. L’entreprise Jacques Dubois, à Barentin, en Seine-Maritime, fournit des produits de blindage électromagnétique de structure et d’antennes à Dassault ainsi que des joints de blindage électromagnétique pour les systèmes électroniques avionique de Thales et Safran. Jacques Dubois emploie 35 salariés et prévoit de recruter 10 personnes dans les prochains mois. L’entreprise Factem, quant à elle, est installée près de Bayeux, dans le Calvados, et emploie 85 personnes.
« A chaque fois que les grands avionneurs comme Airbus ou Dassault reçoivent un contrat, c’est l’ensemble de la filière qui en bénéficie de manière directe ou indirecte » explique Alain Dulac, directeur de Factem. La supply chain est composée d’équipementiers, petites ou moyennes entreprises, qui fournissent les avionneurs directement ou en fabriquant des sous-ensembles pour des entreprises qui livreront à l’avionneur.
Factem est spécialisé dans la conception d’accessoires audio pour différents secteurs. L’aéronautique et la défense représentent 60% de son chiffre d’affaires. L’entreprise travaille de manière directe et indirecte pour le programme du Rafale. Factem fournit des cellules microphones intégrées dans les masques à oxygène fabriqués par Ulmer, ainsi que des écouteurs dans les casques des pilotes. Elle fournit également, cette fois de manière directe à Dassault, une valise de communication sans-fil pour les équipes de maintenance du Rafale qui permet les échanges entre pilote et technicien au point fixe.
« Nous sommes très heureux et fiers de participer au Rafale » confie Alain Dulac qui poursuit : « Travailler pour ce programme donne également une image très positive de l’entreprise non seulement pour nos clients mais aussi en interne auprès de nos employés.»
L’année 2024 marque une progression significative pour Factem qui réalise un chiffre d’affaires de 17 millions d’euros contre 10,8 millions d’euros en 2023 tous secteurs confondus. L’entreprise de Bayeux a réalisé un investissement d’1 million d’euros pour accompagner la montée en cadence de sa production pour les différents secteurs, y compris sur le Rafale. En 2 ans, l’entreprise est passée de 70 à 85 employés et a doublé sa surface de stockage.
En matière de défense, le Rafale tient certes une bonne place, mais ce sont les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient qui augmentent les besoins en matériels de communication, d’où une forte progression de ce marché en 2024 pour Factem.
Pour Alain Dulac, par ailleurs membre du GIFAS, si les PME françaises de l’aéronautique se portent globalement mieux qu’au moment de l’après Covid-19, leur situation demeure complexe : « le carnet de commandes de Dassault Aviation et celui d’Airbus permettent d’entrevoir le bout du tunnel et d’être optimiste. Toutefois, les difficultés résident dans le très court terme. » L’investissement et l’approvisionnement en matières premières sont les enjeux majeurs qui impactent la suplly chain.
« Aujourd’hui, les délais de livraison sont devenus essentiels pour les donneurs d’ordres » explique Alain Dulac qui poursuit : « il faut livrer du matériel de qualité, à l’heure et au meilleur prix ». Pour augmenter leurs cadences de production, les donneurs d’ordre mettent la pression sur les PME.
Depuis la crise du Covid-19 et avec les conflits qui se sont déclarés à l’Est de l’Europe, les sources d’approvisionnement en matières premières se sont complexifiées. « Nous rencontrons des pénuries sur certains matériaux fournis par l’Ukraine et la Russie notamment. Les PME ont dû s’engager dans un long processus pour qualifier de nouveaux fournisseurs, en cobalt notamment, de manière à pouvoir reprendre la fabrication. Mais ce processus prend énormément de temps. »
« En dépit des difficultés et des fortes contraintes, l’ensemble de la supply chain en Normandie ne relâche pas ses efforts pour répondre aux besoins de Dassault mais aussi de la DGA et honorer les commandes qui nous profitent à tous les niveaux » poursuit Alain Dulac.
Dans les prochains mois, les entreprises de NAE prévoient d’embaucher 2.000 personnes pour accompagner leur croissance.
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