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Industrie

L’horizon de Bombardier s’éclaircit

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Louis Kulicka

Après un recentrage stratégique sur la production et la vente d’avions d’affaires, qui l’a amené à céder un certain nombre de ses activités et donc de ses actifs, le constructeur canadien semble être sur la voie qui pourrait lui permettre de se tirer d’affaire. L’examen de ses comptes sociaux 2022, comparés à ceux des 4 exercices précédents laisse en effet paraître un ensemble de signaux que l’on peut qualifier d‘encourageants et de positifs.

Comme toute entreprise qui connaît des difficultés structurelles, Bombardier a dû avoir recours à l’endettement auprès des banques, pour faire face à un autofinancement devenu insuffisant voire inexistant. Situé à un niveau de 5,980 milliards de dollars à la fin 2022, cet encours a culminé à 9,325 milliards de dollars à fin 2019. Depuis, l’entreprise a fourni de gros efforts pour réduire son endettement qui a diminué d’en gros 1 milliard de dollars par an, ce qui est un rythme soutenu atteignant 15% en 2022.

Bombardier : Endettement à long terme (M$)

Source Bombardier © Aerobuzz.fr

Avec la cession d’actifs, et donc la diminution du chiffre d’affaires correspondante, Bombardier s’est retrouvée avec une charge de la dette qui en 2020 représentait 10% du chiffre d’affaires, ce qui était inquiétant. Avec le désendettement progressif, la proportion est tombée à 7%, ce qui reste important, mais en diminution nette.

Bombardier perd encore de l’argent (perte nette en 2022 : 148 millions de dollars), mais ces pertes sont en nette diminution depuis l’exercice 2019 où elles s’étaient montées à 1 607 millions de dollars. Bombardier devrait se rapprocher du moment où elle renouera avec les bénéfices si la tendance actuelle se prolonge.

En 2022, son chiffre d’affaires a bondi de 14%, pour passer à 6 913 millions de dollars. Si Bombardier réalise son chiffre d’affaires prévu en 2023 de 7 600 millions de dollars, elle pourrait redevenir bénéficiaire.

Une entreprise n’est pérenne que dans la mesure où elle est capable de se financer elle-même durablement, on dit autofinancer ses activités. L’endettement peut être un levier, mais dans le cas de Bombardier c’est le contraire qui est recherché, comme on vient de le voir. De ce côté là aussi, l’avionneur est sur la bonne voie comme l’illustre la fig. 2.

Bombardier : Flux de trésorerie opérationnelle (M$)

Source Bombardier © Aerobuzz.fr

Ce graphique montre que le cœur de métier de l’entreprise est capable désormais de générer de la trésorerie, et donc à terme des profits. Retrouver un auto-financement va permettre à Bombardier de financer ses futurs projets de façon saine, donc en conservant son indépendance, et à terme de rétribuer ses actionnaires plus amplement.

Bombardier à fin 2022 dispose d’une trésorerie de 1,291 milliards de dollars, qui lui permet de couvrir à peu près 3 mois de dépenses dans l’hypothèse improbable où aucun chiffre d’affaires ne rentrerait pendant cette période.

Bombardier possède une ressource de financement permanente issue de son cycle d’exploitation de l’ordre de 1 milliard de dollars fin 2022 qui concourt à consolider son équilibre financier ainsi que sa solvabilité.

Le renouement avec des flux de trésorerie totale positive, la réduction de l’endettement et des frais occasionnés, devraient permettre à Bombardier de retrouver une structure financière caractéristique d’une entreprise en bonne santé. Ainsi, comme l’indique la fig. 3, Bombardier au rythme actuel devrait retrouver d’ici 2-3 ans des capitaux propres positifs, et ainsi rassurer les investisseurs et partenaires financiers.

Bombardier : Capitaux propres (MS)

Source Bombardier © Aerobuzz.fr

Bombardier possède un carnet de commande valorisé à la hauteur de 14,8 milliards de dollars, et prévoit pour 2023 un chiffre d’affaires de 7,6 milliards de dollars correspondant à 138 livraisons, ce qui moyennant un calcul « à la grosse », valorise un avion vendu moyen à 55 millions de dollars. Autrement dit, Bombardier a devant elle à peu près 2 années d’activité. Ce n’est évidemment pas les 10 années voire plus du carnet de commandes d’Airbus, mais pour une entreprise en convalescence, c’est tout à fait encourageant.

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Louis Kulicka

Il a commencé sa carrière aéronautique comme vélivole. Depuis une vingtaine d'années, il est aéromodéliste : il conçoit ses propres planeurs ensuite construits en matériaux composites. Ayant une formation en gestion finance, il réalise pour Aérobuzz des chroniques financières sur les constructeurs aéronautiques.

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  • Bonjour monsieur, dans le cas présent, je tire mes informations de la publication des comptes sociaux de l'entreprise, et des commentaires attenants des rapports annuels publiés par celles-ci annuellement dans le cadre de leurs obligations légales, et je les mets en perspective. Cela représente déjà un matériau considérable, et à ce jeu toutes les entreprises dont j'analyse les comptes sont placées sur le même pied d'égalité. Ce qui fait la différence, c'est que contrairement au communiqué de presse du constructeur qui lui met en avant ce qui l'avantage , je me réfère aux notions communément admises dans le domaine de l'analyse financière pour proposer un diagnostic le moins subjectif possible.

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