Lockheed Martin lance le LM-100J, version civile du C-130

Lockheed Martin vient de déposer, auprès de la FAA, un dossier de certification pour une nouvelle version de son vénérable C130, baptisée LM-100J. L’avionneur américain vise le marché civil, d’où la demande de certification.

Pour la deuxième fois en près de 50 ans, l’inépuisable transport militaire C-130 Hercules va tenter une percée sur le marché civil, sous l’appellation ésotérique LM-100J. Une preuve supplémentaire de la volonté du groupe américain de ne négliger aucune piste pour prolonger la production du quadriturbopropulseur. En revanche, il n’est plus question d’un dérivé à fuselage large qui aurait permis d’emporter des charges encombrantes et de tenter de rivaliser ainsi avec l’A400M, tout au moins dans le cadre de rôles tactiques.

Les ambitions de Lockheed Martin pour le LM-100J sont apparemment modérées avec l’espoir d’en vendre une centaine d’exemplaires, objectif qui avait été atteint à partir des années soixante avec le Model 382, alias L-100. Lequel, doté d’un fuselage allongé, n’avait connu qu’un succès civil très relatif mais, paradoxalement, avait été commandé par plusieurs forces armées : Philippines, Pérou, etc. Le client de lancement civil avait été Saturn Airways, compagnie plus tard rebaptisée Transamerica Airlines. En configuration commerciale, le L-100 pouvait transporter jusqu’à 100 passagers ou être aménagé en hôpital volant. Ce qui le rapprochait évidemment de ses usages militaires.

Aujourd’hui, les dirigeants de Lockheed Martin reconnaissent qu’ils visent principalement à remplacer les L-100 vieillissants, et cela en faisant au plus simple. Au départ du C-130J, actuellement produit au rythme de deux exemplaires par mois, ils proposent une version dépouillée de tous ses aménagements strictement militaires, sans prétendre offrir un confort comparable à celui d’appareils purement civils. Moyennant quoi le LM-100J aura sans doute toutes les peines à s’imposer sur ce marché de niche.

Les cargos civils, en effet, sont en concurrence frontale avec des avions passagers classiques qui, au terme d’une première carrière, et déjà amortis, sont transformés pour recevoir palettes et conteneurs et mis sur le marché à des prix très compétitifs. Si le LM-100J parvient quand même à s’imposer, après avoir obtenu la certification civile de la Federal Aviation Administration, il pourrait théoriquement prolonger de quatre ans environ la chaîne de production du C-130J, lequel risque fort de ne pas avoir de successeur, faute de programme nouveau. Ce qui justifie les espoirs à long terme des responsables de l’A400M européen d’intéresser les Etats-Unis à leur avion.

La filière C-130 constitue un exemple remarquable de longévité dans l’industrie aéronautique. Il est né, en effet, d’un appel d’offres du Tactical Air Command de l’USAF qui remonte à 1951. Il a ensuite été produit en d’innombrables versions, modernisé, amélioré, remotorisé, adapté aux missions les plus diverses, doté de skis. Sa carrière, sachant que la production continue, couvrira largement trois quarts de siècle.

Pierre Sparaco