MAKS offre des possibilités étonnantes pour les photographes, à condition de posséder quelques réflexes. Ou quand le photo-journalisme devient un sport de combat…
Pour les journalistes et les spotters, les organisateurs du salon MAKS ont prévu une plateforme photo de l’autre côté de la piste, du bon coté du soleil. Excellente initiative. Mais pour y accéder, il faut payer son écot et ce n’est pas donné. Les Russes se sont convertis à l’économie de marché et ils en ont rapidement compris l’absence de subtilité : si le produit est bon, l’acheteur paie !
Donc tout commence par l’achat du sésame et son retrait dans une cohue bonne enfant et polyglotte au commissariat général du salon. Puis à l’heure dite, tôt le matin, un troupeau de plusieurs dizaines de photographes attend le bus qui va l’emmener de l’autre côté de la piste. Le matériel photo, il y a de quoi équiper plusieurs magasins, est posé par terre, au repos pour quelques minutes encore.
Puis une petite dame de l’organisation fait son apparition et annonce que trois minibus emmèneront chacun 15 personnes dans une première rotation. Il y aura donc 45 heureux élus. Les autres profiteront du deuxième voyage. « Je vais compter » annonce la petite dame. Cohue générale pour être dans la première fournée. Tant bien que mal le groupe est constitué et se met en route au pas de charge pour rejoindre les véhicules.
Direction l’extrémité de l’expo statique, à quelques centaines de mètres de là. Les quelques visiteurs déjà présents ne se gênent pas pour filmer le peloton qui avance à marche forcée. C’est une belle attraction, assez comparable à une arrivée du tour de France, les vélos en moins. Pour tenter le sprint et gagner l’étape, il faut rouler devant et ne pas se laisser enfermer.
La nature est cruelle et dès les premiers cent mètres, les plus âgés se font décrocher… Devant, on transpire comme des chimpanzés sous le poids des sacs. Mais on tient le rythme. On ne lâche rien ! Les bus sont en vue, le sprint final est lâché dans les vingt derniers mètres, tout le groupe est en danseuse et joue des coudes ! Mais pourquoi direz-vous ?
45 photographes pour 45 places, les choses sont claires non ? C’est que le groupe parti à 45 arrive à plus de 50… Les spotters ont fait des petits en cours de route ! La nature et ses mystères… Forcément, 5 ou 6 personnes de trop dans les minibus, ça finit par se remarquer.
La plupart sont repérées tout de suite. Etre grand et costaud est plutôt un handicap dans cette situation. Un japonais, forcément petit et forcément malin, s’accroupit entre deux sièges au fond d’un véhicule et échappe au comptage. C’est la grande évasion, le franchissement du rideau de fer. La cheftaine n’y voit que du feu et on se met en route.
Dix minutes de roulage pour contourner la piste en passant par les coulisses du salon, les parkings où s’accumulent Antonov sans moteur et Iliouchine biodégradables. Nous arrivons maintenant au pied de la plateforme, un échafaudage de quatre ou cinq mètres de haut et de plusieurs dizaines de mètres de long. Les portes des minibus s’ouvrent et c’est la ruée comme à l’Apple store le jour des soldes.
« On n’a rien donné tant qu’on n’a pas tout donné » disait un illustre ancien. Mais pourquoi ? La plateforme fait 50 m de long, nous sommes 45 ou un peu plus. Et pourtant ça court à perdre haleine pour atteindre le sommet de l’escalier. Il s’agit de bloquer la plus grande longueur possible le long de la rambarde, en haut, en gardant de la place pour les copains.
Polonais, Français, Hollandais, Russes et quelques autres installent leurs camps de base en un clin d’œil. Les temps sont durs pour les apatrides ou les handicapés de l’instinct grégaire. Un 500 mm fait une très bonne batte de baseball contre celui qui essaierait de s’infiltrer dans un espace réservé. Mais, finalement, les choses s’arrangent et la tension retombe quand arrivent les premiers vols.
Les positions bougent, on passe de la guerre des tranchées à la guerre du désert. Flux et reflux, Rommel contre Montgomery. Tout le monde se case et à la fin de la journée, après sept heures de démonstrations en vol non stop, le sourire jusqu’aux oreilles, on est tous des frères. Jusqu’à la prochaine édition…
Frédéric Lert
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Je reconnais bien là la Russie, dans vos commentaires Monsieur Lert.
Avez-vous eu l'occasion de visiter le parc des expositions VDNKh, avec son Yak-42 et la visite (assez chère) de la navette Buran ?
J'espère que vous avez logé dans le fameux, quoique désuet hôtel Cosmos : il a été construit en collaboration avec la France, avec vue sur la fusée Semiorka qui trône à la fin du parc.
Pour l'année prochaine, pensez aussi à visiter le musée de l'aviation de Monino, je peux essayer de vous mettre en relation avec les bénévoles qui entretiennent les avions.