Netjets se projette dans l’aviation d’affaires supersonique

Le numéro un mondial de l’aviation d’affaires en propriété partagée a pris 20 options d’achat sur le triréacteur supersonique AS2 développé par Aerion. Avec Flight Safety, Netjets et Aerion ambitionnent de construire un écosystème pour rendre compatible l’aviation supersonique avec le défi environnemental. Les émissions de CO2 et surtout les nuisances sonores.

« Notre ambition est de construire un avenir où l’humanité peut voyager entre deux points quelconques de notre planète en trois heures » affirme Tom Vice, PDG d’Aerion. Evidemment dans le contexte actuel, cette déclaration pourrait presque relever de la provocation. Et pourtant, c’est sur cet objectif qu’Aerion s’est construit au cours des vingt dernières années, et qu’il donne, aujourd’hui, l’impression de se rapprocher du but. 

Certes, il faudra sans doute attendre quelques décennies de plus avant de réduire les distances de manière aussi radicale, mais dans un proche avenir, il est de plus en plus probable que le supersonique d’Aerion sera en mesure de débuter ses essais en vol. Et ce n’est pas simplement parce que des ingénieurs de GE auront réussi à mettre au point une motorisation et à l’intégrer dans une cellule à l’aérodynamique optimisée, mais parce que tout un système est en train d’être imaginé, pour rendre possible l’exploitation commerciale d’un avion d’affaires supersonique.

De ce côté-ci de l’Atlantique, nous sommes évidemment à des années lumières de ce type de préoccupations. Ici, le supersonique appartient à l’histoire de l’aviation et l’actualité est à l’interdiction des vols domestiques. De l’autre côté de l’Atlantique, le vol supersonique est la nouvelle frontière et l’industrie aéronautique toute entière, administration de tutelle comprise, s’est mise en ordre de marche.

Aerion qui n’est pas le seuls projets d’avion supersonique en gestation outre-Atlantique, est en pointe. Il a fédéré de grands noms de l’industrie aéronautique. Les essais en soufflerie ont projeté l’utopie dans la réalité. 2023 est la date annoncée pour le lancement de la production. 300 est le nombre d’avions produits dans la première décennie. Netjets vient d’en réserver 20.

Apprendre à voler à la « Boomless Cruise »

Le numéro un de l’aviation d’affaires en propriété partagée (760 avions en liste de flotte) n’arrive pas seul. Il rejoint la nébuleuse Aerion avec Flight Safety International. Les deux sociétés font parties du même groupe. Ensemble, elles se proposent d’étudier le volet opérationnel. Elles sont convaincues qu’un nouveau mode d’exploitation sera nécessaire.

L’AS2 d’Aerion aura une vitesse de croisière supersonique de Mach 1,4. Au passage, on remarquera qu’il ne permettra pas de relier deux points quelconques de la Terre en moins de 3 heures. Il faudra sans doute attendre les générations suivantes. L’AS2, comme ses concurrents, sera exploité entre Mach 1 et Mach 1,2, une plage de vitesses qualifiée « Boomless Cruise » par l’avionneur, à l’intérieur de laquelle, le bang ne sera pas perceptible par les populations survolées.

Pour ce faire, il faudra jouer avec les phénomènes atmosphériques. D’où la nécessité de prévisions météorologiques spécifiques et de moyens de navigation inédits pour en tirer parti. C’est là qu’interviennent notamment Honeywell qui va développer l’avionique et Flight Safety qui va imaginer le vol et la formation adéquat des pilotes. 

Aerion Connect, où les eVTOL rejoignent le supersonique AS2

Après une phase de communication qui a duré plus de deux décennies, Aerion donne l’impression aujourd’hui d’assembler des briques technologiques. Le tout s’inscrit dans le projet baptisé Aerion Connect, présenté comme un « écosystème de mobilité mondiale qui intégrera de multiples réseaux urbains et régionaux actuellement cloisonnés et offrira une expérience de voyage point à point sans rupture, optimisée pour la vitesse et le luxe à travers plusieurs modes de transport. » Dès lors, les eVTOL pourraient apparaitre complémentaires des jets supersoniques. 

Bien évidemment, le volet environnemental a été pris en compte dans le projet Aerion Connect. Les eVTOL fonctionneront à l’électricité et l’AS2 d’Aerion volera au carburant de synthèse. Ce serait presque un détail… Mais ce serait politiquement désinvolte de ne pas y faire référence.

Gil Roy