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Perlan 2, la stratosphère à tire d’aile

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Gil Roy

Le planeur pressurisé Perlan 2 a effectué son premier vol, le 23 septembre 2015 dans l’Oregon. Un événement salué par Tom Enders. Le PDG d’Airbus Group soutient personnellement The Perlan Project qui porte sur le vol stratosphérique, le changement climatique et l’exploration spatiale.

L’idée est d’aller observer le changement climatique au sein même de la stratosphère et de collecter de nouvelles données relatives aux couches hautes de l’atmosphère, sans polluer l’environnement étudié. Comme cette idée est née dans l’esprit de vélivoles, il est logique que cette exploration ait été entreprise avec un planeur, c’est-à-dire avec un aéronef dépourvu de tout moteur qui pourrait venir polluer les données recueillis ou interférer sur les phénomènes observés.

Il y a évidemment une grosse dose d’aventure dans ce projet scientifique. Et c’est sans doute l’une des raisons qui ont poussé Steve Fossett à rejoindre le projet Perlan, il y a une dizaine d’années. Le 30 août 2006, le milliardaire aventurier accompagné d’Einar Enevoldson, établissait un nouveau record d’altitude en planeur en atteignant 15.460 m (50.722 ft) à bord de Perlan 1, un planeur biplace DG-505 transformé. Fossett s’est tué quelques mois plus tard en avion, mais le projet lui a survécu. Il a même fédéré d’autres personnalités et pas des moindres, à commencer par Tom Enders, le PDG d’Airbus Group.

Le projet Perlan a pris un nouvel envol, le 23 septembre 2015, avec le premier vol du Perlan 2. Cette fois-ci, il ne s’agit plus d’un planeur de série adapté, mais d’une machine conçue spécialement pour évoluer dans la stratosphère. Entre temps, il faut dire que les porteurs du projet qui ramaient depuis le début des années 90, ont reçu des soutiens de poids. Aux côtés d’Airbus Group, il y a en effet aujourd’hui Weather Extreme Ltd., United Technologies et BRS Aerospace.

Le Perlan 2 est un planeur pressurisé conçu pour intercepter les courants ascendants qui, dans certaines régions montagneuses proches des pôles Nord et Sud, peuvent atteindre la stratosphère. Les vols de l’année prochaine devraient pouvoir culminer à 90.000 ft soit 27,4 km, soit plus que les altitudes jamais atteintes par n’importe quel autre aéronef à ce jour, ni l’ U2 qui a atteint 72.000 ft ou le SR-71 et ses 85.069 ft.

Le premier vol qui a eu lieu au-dessus de Roberts Field, l’aérodrome municipal de Redmond, dans l’Oregon, a été moins ambitieux. Jim Payne et Morgan Sandercock qui étaient aux commandes sont montés à 1.500 m. En juillet 2016, en Argentine, ils viseront des altitudes beaucoup plus élevées : 27,4 km.

Au-delà d’un nouveau record du monde d’altitude, toutes catégories confondues, l’objectif de ce projet consiste à réaliser de nombreuses découvertes dans les domaines du vol stratosphérique, du changement climatique et de l’exploration spatiale. « La mission Airbus Perlan II est une aventure historique dans l’esprit des premiers pionniers de l’aviation », a déclaré Tom Enders, Président exécutif (CEO) d’Airbus Group. « Les connaissances acquises permettront au monde de mieux comprendre et traiter le changement climatique. Elles aideront également Airbus à continuer d’innover dans les façons de voler plus haut, plus vite et plus proprement, dans l’atmosphère et pourquoi pas au-delà ».

Perlan 2 est conçu pour intercepter les courants ascendants qui, dans certaines régions montagneuses proches des pôles Nord et Sud, peuvent atteindre la stratosphère. Il affichera une vitesse réelle de plus de 640 km/h à haute altitude, où la densité de l’air n’est que de 2 % à peine de celle régnant au niveau de la mer. L’équipage sera alimenté en oxygène pur délivré par des masques à recirculation semblables à ceux qu’utilisent les astronautes dans l’espace. A des niveaux de vol de 30.000 m, l’altitude cabine sera de 4.200 m.

Outre la recherche météorologique et l’étude des conséquences du réchauffement climatique, le projet Perlan 2 ouvre la voie aux vols à haute altitude pour les avions de ligne. Le planeur stratosphérique évoluera dans des conditions atmosphériques proches de celles de l’environnement martien, ce qui renseignera sur la manière dont des astronefs équipés de voilure pourraient un jour voler dans le ciel de la Planète rouge.

Gil Roy

Photos : © Airbus

Le Perlan 2 est pressurisé.
Le planeur Perlan 2 a une envergure de 25,60 m pour une masse maximale au décollage de 815 kg
Le planeur stratosphérique Perlan 2 lors de son premier vol
Le premier décollage en remorqué du planeur Perlan 2
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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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    • Perlan 2, la stratosphère à tire d’aile
      Je m'interroge quand à la procedure "emergency descent" en cas de dépressurisation brutale ...?

    • Perlan 2, la stratosphère à tire d’aile
      C'est une question intéressante. Pas trente solutions:
      1 -minimiser les fuites. Si elles sont nulles, et c'est probable, il n'y a plus besoin de pressurisation active, juste laisser fuir une soupape jusqu'à l'altitude cabine permise par la résistance du fuselage.
      Il est dit que les masques oxygène sont à régénération, donc ils absorbent le CO2.
      2- Et s'il y a des toutes petites fuites, un petit compresseur à batterie. A plusieurs étages, vu la pression extérieure.

  • Perlan 2, la stratosphère à tire d’aile
    "soit plus que les altitudes jamais atteintes par n’importe quel autre aéronef à ce jour, ni l’ U2 qui a atteint 72.000 ft ou le SR-71 et ses 85.069 ft."
    Donc le North American X-15 avec son record à plus de 107kms n'était pas un aéronef ?
    Ah l'Histoire...

    • Perlan 2, la stratosphère à tire d’aile
      WIKIPEDIA : 31 août 1977 : le E-266M, prototype de l'intercepteur MiG-25 atteint 37 650 m (A. Fedotov).
      Il s'agit d'un avion classique et pas d'un avion fusée.

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