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Industrie

Quatre projets français dans la course aux mini-lanceurs

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Thierry Dubois

HyprSpace, Latitude, Maia Space et Sirius Space Services : ces noms ne vous disent peut-être rien. Demain, ils seront peut-être aussi connus qu’Ariane.

Pour l’instant, HyprSpace, Latitude, Maia Space et Sirius Space Services conjuguent recherche de financement (LIEN vers le premier article) et mise au point technique d’une nouvelle génération de fusées. Ces mini-lanceurs pourraient emporter quelques centaines de kilogrammes vers l’orbite basse, aux alentours de 500 km.

Chez HyprSpace, la propulsion sera hybride, avec des ergols solide et liquide. Le système permet de moduler la poussée et d’éteindre et rallumer le moteur, expliquent ses promoteurs. Baptisé Terminator, un démonstrateur de moteur de 6 m de long a été testé sur un banc d’essai de la Direction Générale de l’Armement en juillet 2024.

HyprSpace met au point un système hybride de propulsion afin de moduler la poussée. © Hyprspace

Pour 2027, HyprSpace prépare le lancement de l’Orbital Baguette-1 (OB-1) avec une charge marchande de 50 kg vers une orbite à 400 km. A court terme, cette charge devrait passer à 235 kg.

Chez Latitude, on mise sur le kérosène, accompagné par de l’oxygène liquide. De premiers essais du moteur Navier ont déjà eu lieu. Le premier vol du lanceur Zephyr est attendu pour fin 2025. Le second devrait emporter une charge utile fournie par l’agence spatiale française, le CNES, qui devient donc le premier client. C’est l’une des façons trouvées par l’Etat pour soutenir ces quatre jeunes pousses. A travers le plan France 2030, HyprSpace, Latitude, Maia et Sirius se partageront 400 M€… à condition de tenir les délais.

Latitude prévoit de faire voler son lanceur Zephyr dès la fin 2025. © Latitude

A partir de 2028, Zephyr offrira une charge marchande de 200 kg vers l’orbite basse. Latitude prévoit de lancer jusqu’à 50 Zephyr par an. L’entreprise rémoise a choisi les sites de Saxavord, aux Iles Shetland (Royaume-Uni) et Kourou, en Guyane.

Chez Latitude, de premiers essais du moteur Navier ont déjà eu lieu. © Latitude

Le seuil de rentabilité est estimé à 20 lancements par an. « Dans les prochains mois, nous prévoyons de signer des contrats avec des clients du monde entier », annonce Stanislas Maximin, fondateur et directeur général de Latitude. Il s’exprimait mi-septembre avec d’autres dirigeants au colloque WSBW. L’ouverture d’une deuxième usine, d’une capacité de 50 Zephyr par an, est prévue en 2025.

Chez Maia Space, on a choisi l’oxygène liquide et le biométhane. La fusée en cours de conception s’inscrit dans une gamme de capacité d’emport plus importante que ses concurrents hexagonaux. Suivant la configuration, elle offrira une charge marchande de 500 kg à 4 tonnes. Si c’est la version réutilisable qui est choisie, elle emportera davantage de carburant et donc moins de charge marchande : on sera plus près des 500 kg que de la capacité haute. « Nous développons la première fusée européenne réutilisable capable d’atterrir verticalement afin d’être réutilisée, » indique Yohann Leroy, directeur général. « Nous prévoyons de débuter l’exploitation commerciale en 2026. »

Maia Space, filiale d’ArianeGroup, vise une charge marchande de 500 kg à 4 tonnes. © Maia Space

« Nous travaillons de manière autonome, » poursuit-il. « Parce que notre taille est modeste, nous sommes agiles et sommes plus enclins à prendre des risques. En même temps, nous bénéficions des compétences et des décennies d’expérience de l’acteur historique [ArianeGroup] ». Ainsi, le moteur Prometheus a été conçu par ArianeGroup, avant même la création de Maia, et a bénéficié d’un financement de l’ESA.

Maia Space développe la première fusée européenne réutilisable à atterrissage vertical. © Maia Space

Maia Space enverra ses fusées dans l’espace depuis Kourou, où l’entreprise va reprendre le complexe de lancement de Soyouz. Grâce à une coopération avec l’agence russe Roscosmos, Soyouz était entrée dans la gamme d’Arianespace mais l’invasion russe en Ukraine a stoppé le programme.

Chez Sirius, on mise – comme chez Maia – sur le méthane (on ne précise toutefois pas biométhane) et l’oxygène liquide. La gamme, grâce à des éléments communs, se constitue des lanceurs Sirius 1, Sirius 13 et Sirius 15. Ils offrent des capacités de 200, 800 et 1100 kg pour une orbite héliosynchrone à 500 km. François Maroquène-Froissart, cofondateur et directeur technique de Sirius, voit le seuil de rentabilité à six lancements par an.

Lui aussi conçoit son lanceur pour qu’il soit réutilisable — du moins l’étage principal et la coiffe — mais compte sur des parachutes. Adaptée à des lanceurs légers, cette technologie évite l’emport de carburant supplémentaire pour l’atterrissage. La performance globale est donc meilleure, assure François Maroquène-Froissart, qui est passé chez Arianespace au milieu de sa carrière. Il entrevoit la réutilisation complète pour 2030.

ScSirius Space Services installera ses lanceurs au centre spatial d’Arnhem, en Australie, puis à Kourou. © Sirius Space Servicesreenshot

Les ingénieurs de Sirius ont déjà réalisé un essai de leur moteur sur un banc du DLR, l’homologue allemand de l’Onera. Ils prévoient une démonstration avec un premier étage (l’étage principal) à la mi-2026. Un an plus tard, c’est le lanceur intermédiaire de la gamme qui devrait placer 800 kg en orbite. Il s’agira alors d’un vol de qualification. Sirius a signé avec Equatorial Launch Australia pour utiliser le centre spatial d’Arnhem, dans la région de Darwin, comme première base de lancement.

Kourou s’y ajoutera à une date indéterminée. Dès 2028, selon le calendrier de François Maroquène-Froissart, ce sont trois fusées qui devraient être lancées depuis l’un ou l’autre des sites. Une cadence qui accélèrerait jusqu’à 12 par an en 2031.

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Thierry Dubois

Thierry Dubois est journaliste aéronautique depuis 1997. Ingénieur Enseeiht, il s’est spécialisé dans la technologie – moteurs, matériaux, systèmes — et la sécurité des vols. Chef du bureau français du magazine Aviation Week, il anime aussi des rencontres comme les tables rondes du Paris Air Forum. Pour Aerobuzz, Thierry Dubois couvre notamment les hélicoptères civils et des sujets techniques.

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