Après s’être rapprochés pour le développement du C929, futur concurrent de l’A350 et du Boeing 787, la Russie et la Chine viennent de signer un accord de coopération pour le développement d’un moteur qui devrait équiper le bicouloir long courrier sino-russe. Les deux pays s’intéressent désormais à un autre secteur de l’industrie aéronautique pour obtenir leur « indépendance technologique » et envisagent également un hélicoptère commun.
Après le gros-porteur pour concurrencer Airbus et Boeing, un moteur pour concurrencer CFM, Rolls-Royce et Pratt & Whitney? La Chine et la Russie, qui étaient déjà liés par l’aéronautique militaire, développent encore leurs relations, cette fois dans le civil. L’objectif clairement affiché par les autorités chinoises et russes est de ne plus dépendre de la technologie des pays occidentaux.
Le constructeur chinois Comac (Commercial Aircraft Corporation of China) et le consortium russe UAC (United Aircraft Corporation, qui regroupe les industries de l’aéronautique russe) avaient annoncé en 2016, lors de l’Aviation Expo China, leur rapprochement pour le développement d’un nouveau bicouloir long courrier. Les deux entités se sont ainsi regroupées pour former la CRAIC (China-Russia Commercial Aircraft International Co., Ltd, basé à Shanghai) dans l’objectif d’aboutir au lancement du C929. Sur un créneau occupé par Airbus et Boeing, le C929 se présente comme un futur concurrent sérieux, qui devrait entrer en service en 2025.
Encore en 2016, Pékin avait souhaité le rapprochement des entreprises chinoises spécialisées dans la motorisation, dont le géant Avic. Une quarantaine d’entreprises se sont alors regroupées dans le but de rattraper le retard de la Chine en matière de motorisation pour l’aérien.
Poursuivant dans la voie de la coopération industrielle engagée dans le milieu civil avec le C929, lors de l’Aviation Expo China 2017 qui vient de se tenir à Pékin, UEC (United Engine Corporation, membre de Rostec) et le motoriste chinois AECC CAE (Aero-Engine Corp of China, Commercial Aircraft Engine) ont signé un accord de coopération pour le développement conjoint d’un moteur, destiné au programme LRWBA/C929 (long range wide-body aircraft). Se rapprocher de l’UEC représente, pour l’industrie aéronautique chinoise en matière de moteurs, un saut technologique.
L’accord prévoit une recherche conjointe pour la définition d’un cahier des charges qui déterminera l’aspect du moteur et ses paramètres techniques. Les premiers tests sont espérés en 2022 pour une certification en 2027. Pour Rostec, ce partenariat s’inscrit dans la droite ligne de ses objectifs : augmenter la part de produits civils, y compris les éléments de haute technologie et les moteurs, pour atteindre 50% en 2025. L’objectif est également de retrouver une indépendance technologique.
C’est justement cette dépendance aux motoristes occidentaux qui pose problème : Russie et Chine travaillent chacun actuellement sur un avion : le MC-21 et le C919, tous les deux moyen-courrier et mono-couloir qui sont respectivement motorisés par l’américain Pratt & Whitney et le franco-américain CFM. Pour les deux appareils, les équipementiers européens ont été sollicités. Zodiac Aerospace, par exemple, fournit pour le MC-21 cinq systèmes principaux « Système carburant (circulation et jaugeage), système d’inertage, système oxygène équipage, distribution électrique primaire et intérieurs de cabine (sièges passagers et équipages, système de gestion de l’eau et des déchets, aménagement de la cabine et du cockpit, éclairages, oxygène passagers et bloc service passagers). Zodiac Aerospace est aussi le fournisseur de différents équipements comme les toboggans d’évacuation, le système de commande de la cabine et les essuie-glaces). » Source : site Internet Zodiac Aerospace… et plusieurs pour le C919 « toboggans d’évacuation, système oxygène passagers, sièges pilotes et équipage, système de gestion de l’eau et des déchets (water&waste), galleys (cuisines), lavatories (toilettes) et la porte blindée du cockpit. » Source : site Internet Zodiac Aerospace.
C’est cette « dépendance technologique » vis à vis de l’occident et des questions de compétitivité qui ont poussé les deux nations à se rapprocher. Pourtant, on annonce le C929 pour 2025 et la certification du moteur est espérée pour 2027, deux ans pendant lesquels il faudra bien trouver un moteur au C929.
De son côté, le russe UEC travaillait déjà sur un moteur équivalent, le PD-35, ainsi que sur le PD-14, destiné au MC-21-300, motorisé pour l’instant par Pratt & Whitney. Le PD-14, actuellement en développement, devrait être d’ailleurs décliné en plusieurs versions, allant d’une puissance de 9 à 18 tonnes de poussée.
Le rapprochement entre Russie et Chine est bien engagé et ne va pas s’arrêter de sitôt. UEC a également laissé entendre qu’il travaille actuellement à développer le moteur, basé sur le PD-14, qui équipera le futur hélicoptère AHL (Advanced Heavy Lift) imaginé sur la base du Mi-26 et lui aussi mené en coopération avec la Chine,notamment avec Aviation Industry Corporation of China (AVIC). Le projet de rapprochement, en cours depuis 2015, devrait aboutir sous peu. Le protocole d’accord sur le sujet « à l’état de brouillon« , devrait être signé avant la fin de l’année, comme l’espère Victor Kladov, directeur de la coopération internationale chez Rostec.
Fabrice Morlon
© Vincent / Aerobuzz.fr Les dimanches passant, vous pensiez peut-être que vous échapperiez à un… Read More
Korean Air donne une nouvelle vie à ses uniformes de mécaniciens en fin de service… Read More
Le Junkers A50 Junior et le A50 Heritage allient à la fois modernité et tradition.… Read More
Pour communiquer avec ses sous-marins, l'U.S. Navy a besoin d'avions capables d'établir la liaison grâce… Read More
2.000 recrutements en 2025, mais aussi 2.200 par an de 2026 à 2030 : les grands… Read More
Vous avez aimé Top Gun ? Vous avez adoré Top Gun Maverick ? Avec Romain… Read More
View Comments
Le C919 comence a peine sa campagne d'essais qu'ils pensent deja a un gros porteur.
Cela me semble un peu presomptueux.
Et a part les chinois, qui a envie de voler dans un avion chinois ?
Arrogante réflexion Franco Française.
On est toujours les plus forts et les meilleurs...
Je travaille dans cette industrie depuis des annees et je confirme que vouloir developper un avion et un moteur dans un temps aussi court releve du reve. A moins qu'ils ne copient les moteurs occidentaux actuels, mais dans ce cas ils auront toujours un coup de retard.
Pour finir, je ne suis pas en France et ne fais pas la promotion de l'industrie francaise mais bon les chinois ...
Dubitatif. Quand on voit les difficultés qu'ont les grands motoristes expérimentés a développer un nouveau moteur. Vouloir développer un nouvel avion avec un nouveau moteur me paraît un sacré défi technologique. L'avenir nous montrera si le calendrier est respecté. Je pense au calendrier du FALCON 5, moteur Silvercrest, à l'A330neo, moteur Trent, à l'A350-1000, moteur Trent, etc..
Les défis des Silvercrest, Trent, etc. étaient-ils plus des défis techniques que des défis économiques (essayer de faire plus, en dépensant moins) ?
Les russes et les chinois savent déjà faire des moteurs, et ils ont travaillé avec des collègues occidentaux (powerjet) histoire d'améliorer leurs processus. Qu'est ce qui les empêchera d'aller plus loin, s'ils ont la volonté politique, avec les moyens en conséquence, de le faire ?
@DAUMONT : Vous n'avez pas lu le début de mon commentaire. Je n'ai pas dit que Safran, RR, PW, GE ne savaient pas faire de moteurs. Ce que j'ai dit, c'est que ces compagnie devaient souvent faire face à des restrictions économiques (réduisons les coûts pour faire plaisir aux actionnaires et aux créanciers) et à des visions court-termistes (il faut livrer pour telle date, le reste on verra). La vision russo-chinoise est plus politique, donc il y a de fortes chances qu'ils y mettent des moyens que les financiers de leurs homologues occidentaux n'accordent pas.
"Les russes et les chinois savent déjà faire des moteurs". Et vous croyez que Safran, Rolls Royce, PW, GE ne savent pas faire de moteur ? Pourtant il leur arrive d'avoir des problèmes avec des nouveaux moteurs, non ? Alors oui je reste dubitatif sur l'objectif de développer simultanément un nouvel avion avec un nouveau moteur.