S-512, le nouveau projet américain d’avion supersonique d’affaires

Spike Aerospace dévoilera au rassemblement aéronautique d’Oshkosh, en juillet 2014, son projet S-512 d’avion supersonique d’affaires. Ce biréacteur ambition de transporter 18 passagers à Mach 1,8. Un projet de plus qui tente de suivre le sillage de Concorde…

Il s’appelle le S-512 et est dû à une startup du Wisconsin baptisée Spike Aerospace : un gros avion d’affaires à 18 places capable d’atteindre Mach 1,8 et de voler en croisière à Mach 1,6 sur des étapes transatlantiques. Un projet sorti de nulle part, apparemment né de l’enthousiasme d’un petit groupe d’ingénieurs venus d’horizons divers. Pour l’instant, rien n’est dit sur le financement de l’opération mais il est prévu d’en dire davantage le 28 juillet, à l’occasion de l’ouverture d’Airventure, le grand rassemblement annuel d’Oshkosh.

Le S-512 a belle allure, sur papier, mais n’en suscite pas moins de nombreuses questions. Ainsi, la propulsion en serait assurée par deux Pratt & Whitney JT8D, moteurs très classiques de conception ancienne qui, aujourd’hui, ne sont plus en production. Ce choix s’explique sans doute par défaut et a d’ailleurs été fait précédemment par un concurrent de Spike Aerospace, Aerion. Cette dernière société, avec une belle constance, annonce depuis plusieurs années le lancement imminent de son SST d’affaires et affirme avoir engrangé de nombreuses options. On demande à voir pour le croire.

La plus grande originalité connue du S-512 est sans aucun doute l’absence de hublots, pour tendre vers la perfection aérodynamique et concevoir une structure légère. Un système vidéo devrait rassurer les passagers claustrophobes de ce gros avion d’une masse maximale au décollage de 38 tonnes, caractérisé par une voilure droite d’une vingtaine de mètres d’envergure.

Le lancement du programme, qui suppose la signature d’un accord avec un partenaire industriel, un financement suffisant et un nombre correct de commandes de lancement, est annoncé pour 2018. Mais les promoteurs du projet reconnaissent en même temps qu’il reste beaucoup de travail à faire pour réduire notablement l’empreinte sonore du S-512 et espérer l’autorisation de survol des terres habitées à régime supersonique. En d’autres termes, aucune rupture technologique n’est actuellement au rendez-vous.

Spike Aerospace, pour l’instant, ne propose donc rien de mieux qu’Aerion, Hypermach et, dans la mesure où il n’est pas abandonné, le tandem Sukhoi-Gulfstream. Du côté de Dassault Aviation, il y a maintenant plusieurs années que le Falcon supersonique est mis en sommeil, essentiellement par manque de propulseurs adéquats. Les uns et les autres ont mentionné un prix unitaire se situant entre 60 et 80 millions de dollars, ce qui ouvrirait un marché potentiel de l’ordre de 250 avions.

Aujourd’hui, quelle que soit la crédibilité de ces avant-projets, tous les regards se tournent vers la NASA et son concept de X-Plane, un « low boom » qui permettrait précisément de vérifier s’il est possible de réduire significativement le bang sonique. L’Armstrong Flight Research Center, en Californie, s’attaque à cette lourde tâche avec l’aide de ténors de l’industrie, prélude, peut-être, à la construction d’un démonstrateur technologique.

Concorde, décidément, était très en avance sur son temps…

Pierre Sparaco