Solar Impulse 2, le messager

Si2, le nouvel avion solaire de Bertrand Piccard et André Borschberg a été imaginé pour démontrer que les technologies propres et les énergies renouvelables permettent d’accomplir l’impossible.

Comme de coutume le duo Bertrand Piccard – André Borschberg a parfaitement fonctionné ; l’aventurier, pilote et philosophe et le chef d’entreprise pilote d’essai, assistés de leur équipe et de leurs partenaires ont dévoilé, le 9 avril dernier à Payerne, le nouvel appareil baptisé Si2. C’est un avion résolument nouveau. En fait, il aura fallu 12 ans de calculs et de simulation pour en arriver là.

Le monoplace solaire possède une envergure gigantesque de 72 mètres pour un poids de seulement 2.300 kg, lui permettant d’avoir des performances aérodynamiques et un rendement énergétique supérieurs à tout ce qui s’est fait jusqu’ici. Il est aussi plus robuste que le HB-SIA et offre un niveau supérieur d’équipements et un plus grand confort, terme à employer néanmoins avec une pointe d’humour quand on pense au pilote qui sera enfermé dans un cockpit de 3,8 m3, pendant 5 à 6 jours (pour la traversée du Pacifique par exemple).

André Borscberg précise que « Solar Impulse 2 aura une autonomie quasi perpétuelle et il s’agit de rendre le pilote aussi durable que l’avion. C’est pourquoi le tour du monde sera une aventure humaine autant que technologique ». Le cockpit est prévu pour que le pilote puisse y vivre une semaine, mais il n’est ni pressurisé, ni chauffé ! Un dispositif de vibration de l’interface homme-machine, placé dans les manches du pilote, permet de transmettre des informations par vibration, ce qui réduit la quantité d’informations visuelles et auditives à analyser. La fatigue de celui-ci est suivie par un électrocardiogramme permanent transmis à la « mission room », qui recevra en permanence une centaine de données sur les conditions du vol.

Pour les 80 membres de l’équipe Solar Impulse, l’année 2014 sera consacrée aux nombreux essais de la version 2. Ils se feront au dessus de la Suisse. Le tour du monde est prévu pour débuter en mars 2015. Le départ se fera depuis un pays du Golfe (non encore désigné). Pourquoi le Golfe ? On m’a dit que ce n’était pas pour des raisons de sous, mais des raisons de soleil, néanmoins je reste persuadé que les deux brillent. Effectivement il faut être surs que les batteries seront gorgées d’énergie avant de s’élancer à travers la Mer d’Arabie, l’Inde pour franchir l’Himalaya qui consistera la première difficulté majeure. Ce franchissement est nécessaire pour aborder la Chine et donc ultérieurement le Pacifique Nord dans de bonnes conditions. Ce tour du Monde est avant tout un raid, c’est-à-dire que plus que jamais les impératifs de réussite seront fixés par les routeurs météorologues.

Pour la traversée du Pacifique la route nord serait la préférable, parce que plus courte, et faisant aboutir quelque part vers San Francisco. Mais si la météo l’exige une route plus Sud conduisant d’abord à Hawai pourrait être prise. L’impératif absolu est d’arriver à aborder le Pacifique avant le 15 mai. Au-delà de cette date, les perturbations orageuses s’installent à ces latitudes. La traversée des Etats-Unis est une étape qui a déjà été franchie en 2013.

Pour la traversée de l’Atlantique Nord, là aussi deux routes principales sont envisageables. Le première pourrait faire arriver en Irlande, voire même directement à Paris pour le Salon du Bourget, si les cieux, les vents et le soleil sont favorables à nos deux pilotes aventuriers. Puis ensuite ce sera l’étape finale vers les Pays du Golfe et la fin de ce tour du Monde grâce aux énergies renouvelables ; un exploit que Bertrand Piccard conçoit comme un formidable symbole en faveur d’un développement durable, qui grâce au soleil et au vent propose à l’homme une voie révolutionnaire de développement. Il précise : « Solar Impulse n’a pas été construit pour transporter des passagers, mais des messages ».

Jean Ponsignon