Turbomeca célèbre le demi-siècle de son site industriel des Landes où est né le moteur Adour et annonce un vaste projet de modernisation de 60 millions d’euros. Le leader mondial des turbines pour hélicoptères profite de sa bonne santé pour préparer l’avenir…
L’histoire de Tarnos (Landes) est intimement liée à celle du réacteur Adour, le moteur du Jaguar, du Hawk et même… du drone Neuron. Quand Turbomeca s’est engagée dans une coopération avec Rolls Royce en 1965 pour motoriser le futur avion de combat franco-britannique, le site de Tarnos a été choisi pour participer aux études et à la fabrication du futur réacteur. Le premier prototype a tourné au banc en 1967 et le premier exemplaire de série est sorti de chaine en 1970.
La fabrication de ce moteur se poursuit toujours mais l’assemblage se fait maintenant exclusivement chez Rolls-Royce, en Grande-Bretagne. Et si Turbomeca fournit toujours environ 50% du moteur, le motoriste français a toutefois la tête ailleurs : depuis une bonne quinzaine d’année, 95% de son activité tourne autour des turbines pour hélicoptères. Turbomeca est aujourd’hui leader mondial dans ce domaine avec environ un tiers du marché, 1.000 turbines vendues par an et un parc en service qui dépasse les 18.000.
Selon le schéma industriel actuel, l’usine de Bordes (Pyrénées Atlantique) s’occupe de la conception des moteurs nouveaux et de la production. Et l’essentiel de l’activité de Tarnos repose sur l’après-vente et le support des flottes en service. Ce que l’on appelle également le MRO (Maintenance Repair and Overhaul) est un domaine essentiel, une nouvelle frontière pour les motoristes qui y trouvent non seulement de nouveaux gisements de revenus, mais aussi l’assurance de lisser leur plan de charge malgré les hauts et les bas des ventes d’appareils neufs. Vendre un moteur c’est bien, l’entretenir pendant vingt ou trente ans, c’est encore mieux…
« Tarnos, c’est le pilotage du MRO au niveau mondial » résume Alain Peltier, le directeur de l’établissement. Au-delà du pilotage, le site reçoit chaque année un tiers des 1.700 moteurs réparés par Turbomeca. Les deux autres tiers sont le fait des filiales et des sociétés partenaires sur les cinq continents. Signe de la bonne santé du motoriste, les effectifs de Tarnos sont aujourd’hui au plus haut, avec 1.575 personnes. C’est autant que dans les années 70, au plus fort du programme Adour. Et c’est 500 de mieux que dans le creux des années 80, quand la passation de pouvoir entre le programme Jaguar et les hélicoptères avait du mal à se faire…
Portée par sa bonne santé actuelle, Turbomeca en profite pour investir et préparer l’avenir dans le cadre de son projet Cap 2020 : la célébration du cinquantenaire a donc coincidé avec la pose de la première pierre de « l’usine du futur » à Tarnos. Un investissement évalué à 60 millions d’euros, qui verra la construction et la réhabilitation de plusieurs bâtiments. Pour Turbomeca, c’est la troisième et dernière phase d’une rénovation en profondeur de son outil industriel après les investissements très conséquents consentis sur les sites de Mantes Buchelay (Yvelines) et de Bordes. En toile de fond pour Tarnos, la volonté d’améliorer le service au client, critère essentiel pour la réputation et la réussite d’un motoriste aujourd’hui.
« Le site de Tarnos sera porté aux plus hauts standards de modernité et deviendra une formidable vitrine pour nos activités de supports et services » annonçait Alain Peltier lors de cette cérémonie. Concrètement, cela devrait se traduire par une réduction des cycles industriels, avec des immobilisations plus courtes pour les moteurs en réparation. Pour le best-seller que sont les Arrius et Arriel, le TAT (Turn Aorund Time) se situe aujourd’hui autour de 80 jours. L’objectif de Turbomeca est d’atteindre in fine 65 jours. Parce que dans ce domaine aussi, le temps c’est de l’argent…
Frédéric Lert
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