Le gouvernement français doit annoncer, le 9 juin 2020, un plan de soutien à la filière aéronautique française. Il ne s’agit pas seulement de défendre l’élève modèle du commerce extérieur et de sauver des emplois, il faut aussi éviter que des fleurons de l’industrie française passent sous contrôle étranger. Régions et syndicats y vont de leurs revendications et de leurs propositions.
La belle assurance de l’industrie aéronautique a disparu. Il y a encore quelques semaines, au moment de la présentation des bilans 2019, en février 2020, les grands donneurs d’ordres évoquaient leurs carnets de commandes avec autosatisfaction. Certes, il y avait des ombres au tableau. C’était les ennuis de Boeing avec son 737MAX. C’était aussi les difficultés à recruter des cols bleus. C’était encore le manque d’empressement des gouvernements français et allemands à se mettre d’accord sur le financement du SCAF. Mais, malgré ces tracasseries, l’avenir s’annonçait radieux et l’heure était aux montées en cadence dans les ateliers.
Les visages sont graves, et il y a de quoi. En l’espace de quelques jours, mi-mars 2020, les compagnies aériennes ont cloué au sol l’ensemble de leur flotte et siphonné leur trésorerie. Elles sont exsangues. La crise sanitaire est en train d’enfanter d’une crise économique à l’échelle mondiale. La reprise s’annonce lente. Les reports de livraisons et les annulations de commandes se multiplient. Les avions neufs s’entassent en sortie de chaines d’assemblage final chez les constructeurs qui se préparent à tourner au ralenti pendant de nombreux mois, voire des années.
La filière aéronautique appelle les pouvoirs publics à son secours. Les entreprises spécialisées regroupées au sein du GIFAS (Groupement des industries françaises de l’aéronautique et du spatial) emploient 195.000 salariés. Viennent s’ajouter 300.000 autres salariés. Il y a encore quelques semaines, elles étaient freinées dans leur montée en cadence de production par les difficultés à recruter.
Pour 2020, le GIFAS estimait ses besoins à 11.000 embauches. Désormais il est question d’éviter les PSE, Plans de sauvegarde de l’emploi, l’autre nom pour licenciements massifs. « Des suppressions massives et définitives d’emplois ne permettront pas à la filière de répondre au besoin du marché à la fin de la crise sanitaire. » prévient la CFE-CGC Aéronautique, Espace et Défense.
Pour aider les entreprises à faire face à leurs problèmes de trésorerie, la CFE-CGC et l’IUMM (syndicat patronal dont le GIFAS est adhérent) plaident en faveur de la création d’un fonds de revitalisation de type Aerofund avec une mise de fonds des « big four », c’est-à-dire Airbus, Dassault, Safran et Thales, couplée à un apport d’entités de type BPI. Beaucoup d’entreprises ont déjà fait appel aux prêts garantis qu’il leur faudra rembourser. C’est évidemment une arme à double tranchant.
Le secrétaire d’Etat aux Transports a laissé entendre que la caution apportée par l’Etat pourrait être conditionnée à des efforts de relocalisation. Il faut avoir conscience que beaucoup de sous-traitants ont été contraints de délocaliser une partie de leur production sous la pression des donneurs d’ordres. A prendre ou à laisser. Certaines localisations entrent aussi dans le cadre de compensation. C’est le cas en Inde en relation avec la vente de Rafale. Dans ce cas, il ne sera pas possible de faire machine arrière. En d’autres termes, il faudra du discernement dans les contreparties exigées.
La Région Occitanie et la ville de Toulouse ont adressé un courrier, le 1er juin 2020 (rendu public le 8 juin 2020) à Guillaume Faury, PDG d’Airbus, pour l’enjoindre de ne pas renoncer à implanter une ligne d’assemblage A321XLR à Toulouse. L’annonce avait été faite en janvier 2020. « Il est très important que l’implantation de cette nouvelle chaîne de production soit bien confirmée et lancée au plus tôt. En effet, les gros porteurs produits à Toulouse étant sans doute durablement impactés par les conséquences de la crise du Covid19, le déploiement des programmes « single aile » sur notre territoire est fondamental. », écrivent les signataires. Comme le souligne la CFE-CGC, « aujourd’hui, le projet A321 à Toulouse est en mode pause, mais a priori, il aura beaucoup de mal à voir le jour. Il doit être immédiatement soutenu au risque de voir cette activité rester définitivement hors de France ». Le 24 avril 2020, en s’adressant à ses employés, Guillaume Faury n’a pas fait dans la demi-mesure : « La survie d’Airbus est en jeu si nous n’agissons pas maintenant ». En mai 2020, Airbus n’a livré que 24 avions.
Il n’y a pas qu’Airbus qui est en grand danger. Il y a aussi des centaines de petites et moyennes entreprises qui font la force de la supply chain française et qui sont beaucoup plus fragiles encore.
Gil Roy
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