Malgré ses efforts, Volocopter a échoué à lever de nouveaux fonds. © Volocopter
Le 26 décembre 2024, Volocopter GmbH a déposé une demande d'ouverture d'une procédure d'insolvabilité auprès du tribunal d'instance de Karlsruhe. Un administrateur a immédiatement été nommé. Après Lilium, c'est l'autre figure de proue de l'Urban Air Mobility qui n'est pas parvenu à trouver les fonds nécessaires pour poursuivre l'aventure.
Ca continue à tanguer dans le ciel des eVTOL. La révolution promise par les porteurs de projets d’aéronefs électriques à décollage et atterrissage verticaux a du plomb dans les rotors. Après Lilium, le 20 décembre, une semaine plus tard, c’était au tour de Volocopter de demander un temps mort. Les deux entreprises qui incarnent le mieux le mirage des taxis volants se placent sous la protection des pouvoirs publics pour tenter de poursuivre l’aventure.
Lilium et Volocopter seraient françaises, le pire serait à craindre. Les tribunaux de commerce français ne sont pas réputés pour leur capacité à sauver les entreprises qui se placent sous leur protection. Le plus souvent, ils prolongent l’agonie en allant chercher des investisseurs improbables. Les allemands font la part des choses entre gestion des entreprises et démagogie politique.
En Allemagne, en effet, l’administrateur est un entrepreneur et la procédure de sauvegarde est un moyen de rebondir. Quoi qu’il en soit, si Volocopter, comme Lilium se retrouve aujourd’hui en insolvabilité, c’est sans doute que ses résultats ne sont pas à la hauteur de ses attentes. C’est peut-être aussi le constat que les carnets de commandes mirobolants ne séduisent plus les investisseurs.
Volocopter est l’un des pionniers de la mobilité aérienne urbaine (UAM). La start up a été fondée en 2011, par de jeunes élèves ingénieurs de Karlsruhe. Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris auraient pu lui permettre de rebondir plus haut, plus fort et plus vite. L’expérience a tourné court.
Au moment de déposer son bilan, Volocopter affirme être sur le point d’obtenir la certification de type d’avion et de lancer son eVTOL urbain, le VoloCity. « L’entreprise vise à entrer sur le marché en 2025 après la certification réussie de VoloCity par l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA). », peut-on lire dans le communiqué de presse diffusé au moment de l’ouverture de la procédure d’insolvabilité parle tribunal d’instance de Karlsruhe.
Elle précise aussi que « malgré les efforts intensifs de levée de fonds récents, il n’a pas été possible de trouver une solution viable pour maintenir les opérations régulières en dehors des procédures d’insolvabilité. Pendant la procédure d’insolvabilité provisoire, l’activité commerciale se poursuivra normalement. »
Tobias Wahl, l’administrateur judiciaire provisoire confirme que « L’entreprise a besoin de financement pour franchir les dernières étapes vers l’entrée sur le marché. Nous nous efforcerons d’élaborer un concept de restructuration d’ici fin février et de le mettre en œuvre avec les investisseurs. »
Dirk Hoke, PDG de Volocopter, ajoute : « Nous sommes en avance sur nos concurrents dans le domaine des technologies, des essais en vol et de la certification. Cela fait de nous une entreprise attractive pour investir pendant que nous nous organisons grâce à une restructuration interne. » L’ancien patron d’Airbus Defence and Space qui a pris la direction de Volocopter en mars 2022, devrait quitter l’entreprise en février 2025.
2 commentaires
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Il faut arrêter la langue de bois ! Cet article arriverait presque à nous faire croire que c’est à cause de la frilosité des investisseurs que Volocopter est en panne.
Les investisseurs de tout poil ont déjà donné à la startup CINQUANTE fois (ce n’est pas une façon d’exagérer) ce qu’il aurait fallu pour réussir si le concept avait été viable. Et je ne parle pas de Lilium, qui a dépensé – gaspillé ! – un milliard et demi avec un concept bien moins viable, encore plus loin des lois de la physique. On parle de sommes tellement élevées, qu’on en oublierait que c’est l’ordre de grandeur d’un programme de gros hélicoptère ou de petit avion de ligne, développement, milliers d’heures de vol d’essais ET industrialisation compris.
Quand je lis Aerobuzz se moquer de la bureaucratie à la Clochemerle (« Et dire que les fabricants de taxis volants pensent que tout tourne autour d’un problème de batteries électriques ! »), j’ai l’impression que c’est comme si la bureaucratie m’empêchait de devenir danseuse étoile, alors qu’il n’y a qu’un problème de morphologie…
Il faut que chacun réalise que quand Lilium cherche à lever 200 M€ pour « finir le développement », ils cherchent en réalité à vendre pour 200 M€ 12% (200/1400+200 = 12,5%) de ce qu’ils ont fait en gaspillant 1400 M€, essentiellement en salaires. Poussez pas, il y en aura pour tout le monde ! Je préfère que ce ne soit pas mes impôts qui paient.
Ce n’est pas de dépôt de bilan qu’il va falloir parler bientôt, mais de prison ; une grande championne de la levée de fonds par une startup – Elizabeth Holmes – est en prison depuis deux ans, et c’est une première qui pourrait donner des suites. Lire aussi l’histoire de e-Hang, pionnier parmi les pionniers de l’eVTOL : https://hindenburgresearch.com/ehang/
Un des ingénieurs passionnés à l’origine de Volocopter, que je connais, a quitté le projet il y a de nombreuses années, cédant ses parts pour une somme faible, environ un an de salaire normal; deux autres ont vendu deux ans plus tard pour…100 fois plus. Ils sont très riches et loin de tout ça. La passion des pionniers aussi est très loin…
Merci Bruno pour cet éclairage.
Je découvre (avec effarement) l’analyse de eHANG ….