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Industrie

WF-X Waterfall : Et si le successeur des Canadair était italien…

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Frédéric Marsaly

En cours de développement depuis plus d’une décennie, le projet de bombardier d’eau amphibie WF-X Waterfall, portée par une holding italienne baptisée 19-01, s’est surtout distingué par une discrétion médiatique trompeuse. Finalement, des projets de concurrents au DHC-515, il est peut-être le plus proche de voir le jour tout en cherchant à être plus innovant et plus performant.

Renato Saccheti, fondateur de 19-01 et qui porte le projet depuis son origine, s’est interrogé sur la succession des célèbres Canadair en travaillant sur l’installation du simulateur de vol CL-415 qui se trouve désormais à Milan et qui permet la formation de nombreux équipages venus de toute l’Europe. Pour lui, comme pour d’autres, il est impératif que les bombardiers d’eau s’émancipent enfin des choix technologiques faits au cœur des années 60 : « quel regard aurait-on sur la relance de la fabrication d’une Citroën DS de 1955 où on aurait juste remplacé le tableau de bord par un Ipad ? »

L’appareil, fruit d’une réflexion organisée avec un panel de navigants, est baptisé WF-X Waterfall. Il se présente comme un biturbine à coque, aux ailes hautes dont la motorisation sera probablement assurée par deux PW150A, turbines bien connues puisqu’elles équipent notamment les avions Dash 8 Q400. Leurs quelques 5000 ch unitaires permettront à l’appareil de disposer d’une charge utile d’environ 12 tonnes, soit le double d’un CL-415.

Le projet de bombardier d’eau italien WF-X Waterfall. © 19-01

« Pour cet appareil de la classe 30 tonnes, un arbitrage entre la charge utile et le carburant existera toujours » précise Nicolas Dauber, ancien chef du personnel navigant de la Sécurité Civile et désormais conseiller technique de 19-01 « comme pour le Canadair, il faudra sans doute voler une heure à une heure trente pour arriver à pouvoir écoper la charge maximale »

Les commandes de vol du WF-X seront électriques et l’appareil sera également pressurisé : « ce qui devrait faciliter les convoyages et les liaisons longues distances, opérations très difficiles a effectuer sur un appareil comme le CL-415 qui, certes, peut voler en IFR, mais n’est pas dégivré par exemple, une situation extrêmement pénalisante si il faut franchir une perturbation ou un relief ! » Explique l’ancien commandant de bord CL-415 aux 7000 écopages.

Amphibie de la classe des 30 tonnes, le Waterfall se veut moderne et polyvalent. © 19-01

Avec une vitesse d’environ 320 kt (575 km/h) l’appareil promet d’être performant en croisière néanmoins ce sont ses capacités à basse vitesse lors du largage qui seront les plus scrutées. L’appareil devrait être doté d’un système de contrôle de la couche limite (BLC, Bondary Layer Control) : pour descendre en toute sécurité à des vitesses inférieures à 100 kt (objectif 80 kt) le WF-X disposera d’un prélèvement d’air sur les turbines pour souffler les surfaces portantes.

Cela devrait lui offrir de vraies capacités basses vitesses et par conséquent des capacités de décollages et atterrissages courts. « Il devrait pouvoir opérer depuis des plans d’eau plus courts que le Canadair (2000m de long, distances de sécurité comprises, pour les écopages des avions français) et permettre ainsi d’élargir ses zones d’opérations, notamment dans le nord de la France, par exemple, où la Sécurité Civile est à la recherche de nouvelles zones d’écopage pour faire face à l’évolution de la menace des feux de forêt »

Maintenance prédictive, commandes de vol électriques, BLC, pressurisation et avionique contemporaine type écrans multifonctions, éventuellement tactiles, pouvant être équipé d’un HUD également, le Waterfall devrait aussi s’intégrer dans un système complexe faisant appel aux liaisons de données : « l’expérience de l’utilisation des radios montre que les difficultés de communications air-sol entraînent parfois des annulations d’interventions. Aujourd’hui, à l’heure où tout le monde dispose d’un smartphone et/ou d’une tablette, il faut que les pompiers sur le terrain et les bombardiers d’eau communiquent différemment et plus efficacement ! » Le Waterfall devrait donc comporter tous les outils nécessaires pour recevoir et transmettre des données utiles à tous sur l’évolution des feux et les interventions en cours.

Il s’agit d’avoir un avion qui soit à la hauteur des technologies utilisables au XXIe siècle et pouvant en intégrer de nouvelles au fur et à mesure des évolutions. « Peut-être qu’un jour il sera capable aussi de larguer de nuit, mais ça ne sera pas avant longtemps, au fur et à mesure que nous gagnerons de l’expérience et accumuleront des données exploitables dans ce but. De même le système de largage, par quatre portes, devra passer par un système de gestion type WDC (Water Drop Control) mais d’une génération plus avancée et fiable.» 

A quel point le projet Waterfall est-il avancé ? « Nous avons plusieurs années d’avance sur nos concurrents » selon Nicolas Dauber. Les premières pierres de l’usine seraient sur le point d’être posées. 19-01 devrait procéder à un certain nombre d’annonces dans les semaines à venir. Après des années de grande prudence dans leur communication ce sera l’occasion de juger sur pièce l’avancement concret du projet. A l’heure où le DHC-515 officialise ses premières commandes fermes, la course est lancée.






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Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

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