Zodiac Aerospace sur un siège éjectable

Alors que Zodiac Aerospace a réalisé un chiffre d’affaires de près de 5 milliards d’euros en hausse de plus de 18 % au cours de son exercice 2014/2015, son Résultat Opérationnel Courant est en recul de −44,6% à 314,1 M€ contre 567,3 M€ en 2013/2014. La branche Zodiac Seats victime du succès de ses sièges plombe les résultats du groupe.

En septembre dernier, American Airlines a annoncé son intention de changer de fournisseur pour les sièges haut de gamme de ses cabines longs courriers. Si Zodiac Aerospace a ainsi été menacé de se faire éjecter des 777 et 787 de la compagnie américaine, c’est parce qu’il n’est pas encore parvenu à résorber ses retards de livraisons. Cette crise que traverse le numéro un mondial des fournisseurs de sièges d’avion lui coûte cher comme le démontrent les résultats annuels qu’il a publié le 24 novembre 2015. Si le chiffre d’affaires progressent, en revanche, la marge fond.

Sur l’exercice 2014/2015 clôt au 31 août 2015, Zodiac Aerospace a réalisé un chiffre d’affaires de 4.931,8 M€ en hausse de +18,1%. A périmètre et taux de change constants, la progression ressort à +2,6%. Le Résultat Opérationnel Courant du Groupe, avant IFRS3, est en recul de −44,6% à 314,1 M€ contre 567,3 M€ en 2013/2014, soit un taux de marge opérationnelle de 6,4% contre 13,6%. Le groupe analyse :

« Les difficultés industrielles rencontrées par les activités Aircraft Interiors et la branche Seats en particulier se sont traduites par d’importantes dérives des coûts par rapport aux standards de production (coûts de main d’œuvre, d’approvisionnement, de non‐qualité, de dépréciation de stocks…), ainsi que par des coûts indirects, des surcharges importantes liées à la logistique (transport) et au provisionnement et paiement de pénalités de retard. L’impact total de ces différents surcoûts est estimé à 6,6 points de marge opérationnelle ».

Les difficultés actuelles de Zodiac Seats sont liées à son incapacité à répondre à une forte demande. En septembre dernier, les retrads étaient de 1.700 places, soit trois jours de production. Au 23 novembre 2015, ils avaient été ramenés à 500 places environ. C’est encore loin des exigences de l’industrie aéronautique qui ne tolère aucun délai…

Le groupe français n’est pas parvenu à suivre les augmentations successives de cadences de production des avionneurs. A sa décharge, l’aménagement de cabine est aujourd’hui un élément différenciant pour les compagnies aériennes, ce qui sous-entend la recherche d’une personnalisation extrême. Toutefois, force est de constater que ses concurrents directs que sont l’américain B/E Aerospace et l’allemand Recaro maîtrisent mieux leur sujet. Zodiac Aeropsace a analysé les causes des difficultés de sa branche sièges qui représente 27,8% de son chiffre d’affaires.

« L’analyse des évènements passés a mis en lumière une planification insuffisante de la montée en cadence industrielle et une gestion défaillante des opérations. Les difficultés ont principalement concerné deux sites du Groupe aux Etats‐Unis. »

L’analyse de la crise et de ses causes a montré des fragilités au sein du groupe et souligné la nécessité de le transformer pour le rendre plus robuste et performant, reconnaît Zodiac Aerospace. D’où la mise en place d’une nouvelle organisation et le déploiement du plan de transformation Focus. 
 Depuis le 1er septembre 2015, le Groupe est organisé autour de deux activités : Aircraft Interiors 
et Systems. Parallèlement à cette nouvelle organisation, un Comité Exécutif restreint a été mis en place, afin d’être plus en prise avec les opérations. 
Quant au plan Focus, il s’articule autour de quatre piliers : densification du reporting opérationnel, « back to basics », focus sur la chaîne d’approvisionnement et la gestion des stocks, et focus sur la planification intégrée des ventes et opérations. 
Le défi est d’adapter l’outil de production orienté vers le sur-mesure, aux cadences infernales imposées par les clients.

Les difficultés du numéro un mondial du siège d’avion à gérer sa crise de croissance viennent rappeler, en creux, les tours de force quotidiens auxquels sont contraints les équipementiers et les sous-traitants de tout rang pour suivre les cadences infernales des constructeurs aéronautiques, avec à la clé, des problèmes de financement des investissements et le casse-tête des recrutements.

Gil Roy