Au débouché de la Mer Rouge, entre Afrique et Arabie, Djibouti a toujours fasciné les aventuriers, et les militaires. Situation unique dans le monde, Français, Américains et Chinois se partagent aujourd’hui dans le pays le même espace aérien et maritime, et disposent chacun de leur base militaire sur un territoire à peine grand comme deux fois l’Ile de France. Avec le concours de l’Armée de l’air et de l’espace, suivez Aerobuzz dans ce reportage au long cours et en quatre épisodes.
Le Boeing d’Ethiopian Airlines a décollé d’Addis Abeba (Ethiopie) trente minutes plus tôt et il entame à présent sa longue finale sur la 09 de l’aéroport international de Djibouti. En l’espace de quelques secondes de vol, il offre aux passagers une saisissante vision d’un micro-pays, mais maxi convoité !
C’est un condensé de l’histoire récente du territoire qui défile sous les ailes de l’avion : faubourgs misérables, immeubles récents, norias de poids-lourds assurant la liaison avec l’Ethiopie et Mer Rouge que l’on devine dans le lointain…
En face, au nord de la piste, c’est l’ancien monde : quelques bâtiments défraîchis et une aérogare civile flanquée de la base aérienne 188 française qui n’a guère évolué depuis le passage des Skyraider et autres Noratlas…
Comme un symbole, trois Mirage 2000D de l’Armée de l’air et de l’espace patientent au point d’attente lorsque le Boeing touche le sol djiboutien dans un nuage de poussière rouge. Les chasseurs français sont venus de Nancy dans le cadre de la mission Shikra, combinaison ambitieuse de différents déploiements, avec Djibouti comme point d’ancrage.
Le coup d’envoi de Shikra a été donné le 5 janvier dernier, avec le départ de la mission « Marathon » : deux Rafale de la 4ème escadre de chasse de St Dizier accompagnés par un Airbus MRTT « Phénix » des Forces Aériennes Stratégiques (FAS) ont rejoint l’ile de la Réunion d’un coup d’aile. Environ 8.800 kilomètres avalés d’une traite.
Après trois jours passés sur place, les appareils sont remontés vers le nord, en direction de la base aérienne 188. Dans le même temps, un dispositif composé de deux Rafale, trois Mirage 2000D et deux Mirage 2000-5 quittait la France avec toujours Djibouti pour destination, dans le cadre cette fois de l’opération appelée Minotaure.
Djibouti, tous les anciens connaissent. La présence française remonte à 1892 et on célébrera cette année 90 ans de présence de l’aéronautique militaire française sur le territoire. Le pays est devenu indépendant en 1977, avec le soutien bienveillant de la France.
Pour cette mission, elle s’appuie sur le BA 188 Emile Massart qui a vu défiler en quelques décennies Skyraider, F-100, Mirage IIIC, Mirage F1C, Mirage 2000C et D, aujourd’hui remplacés par une poignée de Mirage 2000-5.
« Avec ses forces prépositionnées, Djibouti tient une place essentielle dans le dispositif français, c’est un point d’appui naturel pour les avions, mais aussi le soutien de l’homme » souligne le colonel Olivier Saunier, commandant de la BA188. « Djibouti permet à la France de conduire et soutenir des opérations dans une zone stratégique entre l’Afrique et l’Asie Pacifique ». On trouve sur le territoire des militaires affectés pour deux ou trois ans, ou bien présents pour des missions de courte durée de quelques mois.
Les Mirage 2000D qui étaient également présents jusqu’en 2015 furent engagés à cette date dans l’opération Chammal contre l’Etat Islamique : ils quittèrent Djibouti pour la Jordanie et finalement ne revinrent jamais, si bien que seulement quatre Mirage 2000-5 et six pilotes restent aujourd’hui présents en permanence sur la BA188. Dans le domaine aérien, Djibouti accueille également l’Escadron de Transport ET 88 « Larzac » (un CASA 235 et trois Puma), un Détachement des pompiers de l’air et enfin un Detalat (détachement ALAT) fort de quatre Puma et trois Gazelle.
Et quand on fait remarquer qu’assurer la défense d’un territoire avec quatre avions, cela semble un peu juste, le général Stéphane Dupont, commandant les forces françaises à Djibouti et ancien pilote de Jaguar, affiche sa confiance :
Cette posture a donc été illustrée mi-janvier avec l’arrivée des deux dispositifs en provenance de la Réunion et de la métropole. Neuf chasseurs au total, qui sont venus s’agréger aux quatre déjà présents sur le territoire pour donner le coup d’envoi de l’exercice Khamsin, troisième volet de la mission Shikra. La logistique a été assurée par un Antonov 124 parti de Châteauroux, puis par un A400M et des Airbus MRTT « Phénix » qui font la démonstration à chacune de leur sortie de leur très grande polyvalence. Environ 350m3 de fret transportés au total, 300 personnes déplacées et un invité surprise dans la planification : Omicron…
« Nous avons créé une bulle sanitaire avant de déclencher l’exercice » explique la commandant Emilie, coordinatrice logistique de l’exercice. « Plusieurs jours avant le début de l’exercice, nous avons mis en place des règles et des restrictions pour protéger les participants avant leur départ de France. Début janvier, nous avons fait un point sur la situation sanitaire. Les résultats des tests PCR étaient bons et nous avons finalement pu lancer le déploiement sur lequel nous avions travaillé pendant des mois ».
Omicron est finalement resté en France et l’exercice Khamsin a pu débuter comme prévu le 16 janvier.
Frédéric Lert
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