3,5 milliards de passagers aériens à la loupe

Même si l’Amérique du nord demeure le premier marché aérien mondial et que les compagnies aériennes les plus importantes sont basées aux USA, le transport aérien est confronté à une mutation sans précédent qui se matérialise par la rapide montée en puissance de l’Asie et du low cost.

Arrêt sur image : il est utile de se pencher sur les statistiques de trafic du transport aérien, hors commentaires sur la conjoncture. Ne serait-ce que pour mieux prendre la mesure du secteur, près de 100.000 vols quotidiens et des tarifs en constante érosion, à la plus grande satisfaction des voyageurs.

L’international Air Transport Association (IATA) nous aide à étudier des chiffres précis. Le groupement professionnel estime à 3,12 milliards le nombre de passagers de 2013, total qui ne comprend apparemment que les clients de ses membres. D’après nos estimations, en y ajoutant les transporteurs low cost et les compagnies charters, le total serait supérieur à 3,5 milliards de voyageurs, environ 5 % de plus qu’en 2012. Le fret, toujours à la traîne à l’image d’une conjoncture maussade, n’a progressé que de 1,8 %, à 48 millions de tonnes.

Toutes les régions du monde ne sont pas égales devant la progression de la demande : + 9,3 % en Asie-Pacifique, 8,8 % au Moyen-Orient, 3,4 % en Europe mais à peine 0,7 % en Amérique du Nord. Laquelle n’en demeure pas moins que le plus important marché aérien du monde, emportée par quelques ténors comme Delta Air Lines (plus de 120 millions de passagers en 2013), Southwest (115 millions), United (90 millions) et American (86 millions). On remarque qu’une low cost, Southwest, occupe la deuxième marche du podium, confirmant ainsi la pérennité d’un modèle économique qui, ici et là, suscite encore la méfiance, à tort.

Les lignes les plus achalandées ne sont les mêmes que dans un passé relativement récent. A l’international, c’est en effet Hong Kong-Taipeh qui vient en tête avec près de 5 millions de passagers, suivie de Londres-Dublin (3,6 millions) et Djakarta-Singapour (3,4 millions). En ne considérant que les lignes intérieures, on découvre des statistiques beaucoup plus spectaculaires : 9,5 millions de passagers par an sur Séoul-Taegu, en Corée, 9,1 millions sur Tokyo-Sapporo, 8,3 millions sur Tokyo-Fukuoka.

On notera au passage que ces grands axes, qui justifient tout à la fois des fréquences nombreuses et des avions de grande capacité, ne sont pas précisément ceux qui étaient anticipés il y a quelques années. Ainsi, on ne les retrouve pas dans les études de marché d’Airbus élaborées il y a une quinzaine d’années, à l’époque de l’étude de l’A3XX, futur A380.

Le classement des compagnies, par nombre de passagers transportés, réserve aussi un certain nombre de surprises. Ainsi, pour le seul trafic international, c’est Ryanair qui s’inscrit largement en tête, avec 81,3 millions de passagers, une autre low cost, EasyJet, étant numéro 2 avec 52,7 millions de passagers. Viennent ensuite Lufthansa et Emirates. En clair, l’ordre établi « classique » n’est aujourd’hui plus de mise. Pour le trafic intérieur, les deux chefs de file sont américains, Southwest et Delta.

Cette valse de chiffres conduit à un double constat. A savoir que la prédominance américaine, bien que moins évidente que dans le passé, demeure une solide réalité. Ensuite que le low cost s’est imposé, tandis que les transporteurs européens sont distancés, Lufthansa sauvant leur honneur.

Pierre Sparaco