Le plus grand salon aéronautique ouvre ses portes le lundi 17 juin 2013, au Bourget. L’industrie tourne à plein régime. Mais parce que les financiers tiennent les rênes, il ne faut plus s’attendre à un grand spectacle. Le salon sera d’abord affairé avant d’être récréatif, sur sa seconde partie.
Le monstrueux Su-35 va vriller les tympans des exposants et des visiteurs pour le plus grand plaisir des passionnés… et dès le deuxième jour, pour le plus grand malheur de ceux pour qui, le salon est d’abord un endroit où l’on fait des affaires. Moins de show, plus de business : c’est désormais la règle du salon du Bourget. Depuis plusieurs éditions, les constructeurs ont déserté le ciel du Bourget. Ils préfèrent la discrétion des chalets pour négocier les contrats. Et depuis quelques temps, les affaires ne se portent pas trop mal, comme le confirment les résultats de l’industrie française pour l’année 2012.
Le chiffre d’affaires de l’industrie aéronautique, spatiale, de défense et de sécurité française a progressé l’année dernière de 16% à 42,5 Md€ avec une très forte part réalisée à l’exportation : 26,9 Md€ (+20% à périmètre constant), soit 75% du chiffre d’affaires consolidé (premier solde excédentaire de la balance commerciale nationale). Le premier vol de l’A350XWB, en avant-première du salon, démontre de la plus belle manière la bonne santé de l’industrie aéronautique européenne… et française.
Les commandes enregistrées en 2012 atteignent 49,7 Md€ ; elles sont supérieures au chiffre d’affaires. L’industrie est tirée par le secteur civil qui représente 74% du chiffre d’affaires et 84% des commandes. Les équipementiers et PME sous-traitantes qui constituent le gros des exposants du salon du Bourget affichent également un chiffre d’affaires en croissance de 16% (12,7 Md€ à périmètre constant), et un carnet de commandes reçues (12,3 Md€) équivalent à un an de chiffre d’affaires.
L’accroissement du carnet de commandes fermes de tous les acteurs de la chaîne des fournisseurs atteint 6 mois, plus 6 mois de prévisionnel, ce qui renforce la trésorerie des fournisseurs… et donne le sourire aux exposants.
Le secteur embauche : 15.000 personnes en 2012 avec 8.000 créations nettes d’emplois en France. Mais l’industrie peine à attirer des compétences. Et ce n’est pas nouveau. La 18ème édition du forum des métiers organisée dans le cadre du salon du Bourget en est la preuve. Le problème ayant pris une ampleur dramatique, le GIFAS a décidé, cette année, de mettre le paquet. En parallèle du traditionnel Forum Emploi-Formation (21-23 juin 2013) qui va réunir environ soixante-dix exposants, les industriels vont animer une exposition exceptionnelle intitulée « l’Avion des Métiers », autour d’une quarantaine de métiers de la filière ; 600 salariés des entreprises dialogueront avec les jeunes pour susciter des vocations. L’Avion des métiers recevra, vendredi 21 juin, la visite du Président de la République.
Pour l’aéronautique, l’emploi demeure, paradoxalement, un point noir. Et pourtant… Les salariés d’Airbus, massés le long de la piste de Blagnac, vendredi dernier, étaient fiers et émus, en admirant l’A350XWB s’envoler dans le ciel de Toulouse. Après un tel moment de bonheur partagé avec leurs collègues, c’est avec enthousiasme qu’ils ont regagné leurs bureaux et leurs ateliers. Mais cette notion de plaisir, les financiers ne la font jamais entrer dans leurs « business plans ». Qui pourra leur rappeler que l’aéronautique demeure l’un des rares secteurs industriels qui puissent encore faire rimer profession avec passion ? Un atout dont ces champions des dividendes et autres stock-options ne savent pas jouer… Il était un temps où il n’y avait pas besoin d’un « avion des métiers » pour recruter. Ceux qui évoluaient dans le ciel du Bourget suffisaient à déclencher des vocations…
Gil Roy
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50ème salon du Bourget : les affaires d’abord !
Sans polémique, un triste constat: il y a 22 ans en juin 1981 Mitterrand faisait désarmer les avions lors de cette manifestation qu'il inaugurait quelques jours après sa prise de pouvoir. Coût de sa décision 80 milliards de francs (de l'époque) d'annulations de commandes + les années postérieures, le tout avec une perte d'emplois subséquente et des alliances avec nos amis étrangers rompues.