Air Caraïbes parie sur le low-cost long-courrier

En prenant le contrôle de Corsair, le Groupe Dubreuil (Air Caraïbes) projetait de créer le premier pôle aérien français. Face à l’opposition du personnel de Corsair, il a décidé de créer Sunline, la première low-cost long-courrier française.

Le 24 juin 2015, en même temps qu’il présente ses excellents résultats financiers 2014, le Groupe Dubreuil annonce la création d’une nouvelle compagnie low-cost long courrier. Baptisée « Sunline », elle débutera ses opérations en juin 2016 avec un A330-300 neuf, version 242 tonnes, acquis sur fonds propres. L’objectif est de renforcer, aux côtés d’Air Caraïbes, le pôle aérien du Groupe. Il aura fallu seulement trois mois au Groupe Dubreuil pour rebondir après le refus de Corsair.

Le 5 mars 2015, c’est par un communiqué de presse laconique que Corsair annonce que le Groupe Dubreuil et le Groupe TUI avaient mis fin à leurs discussions portant sur la cession de Corsair au groupe Dubreuil. Pourtant, deux semaines et demie plus tôt, l’affaire semblait entendue.

Le Groupe Dubreuil avait annoncé publiquement, le 15 février 2015, son intention de créer le premier pôle aéronautique français entièrement privé. Le nouvel ensemble devait être doté d’une flotte de 15 appareils long-courriers et court-courriers, et son réseau devait compter 15 destinations. A l’arc antillais et la Guyane déjà desservis par Air Caraibes auraient du s’ajouter l’Océan Indien, le Canada et l’Afrique, au programme de Corsair. Des synergies allaient être recherchées au niveau de la maintenance et des escales, ce qui a évidemment éveillé l’inquiétude des syndicats.

Le groupe Dubreuil prévoyait aussi le renouvellement complet de la flotte, avec des A350-900 et -1000. Ces onze appareils devaient être exploités dans une structure indépendante, au profit des deux marques (Air Caraïbes et Corsair). Les pilotes et les personnels navigants commerciaux de Corsair ont craint que cette réorganisation se fasse à leur détriment, d’autant que Marc Rochet, le PDG d’Air Caraïbes, les avaient prévenus qu’ils devraient travailler plus.

Certes, les experts plus pessimistes vous diront que certains ressorts du « Low Cost » court-moyen courrier comme la diminution du temps de rotation au sol ou le coût de l’heure, moins évidemment élevé sur un A320, par exemple, qu’un A330 ne peuvent être transposables au long courrier. Il n’en demeure pas moins, qu’une offre bien pensée, sur du point à point sur des routes ne dépassant pas, les 7 ou 8 heures de vol avec un billet « nu » à un prix très compétitif accompagné de toute une série de services annexes, peuvent largement contribuer au succès de la formule. Le rachat de Corsair s’inscrivait dans cette logique. Il aurait permis à Marc Rochet de renforcer le leadership d’Air Caraïbes sur les Antilles et de tester avec un concurrent de moins le low-cost long-courrier. Malheureusement, certains blocages corporatistes ont eu raison de ce projet. Mais on se doutait bien que Marc Rochet n’avait pas dit son dernier mot.

Frédéric Beniada, France-Info

Faute de pouvoir racheter Corsair, le Groupe Dubreuil, loin de renoncer à son projet, a décidé qu’il était en capacité de créer seul, le nouveau pôle aérien. Avec le pragmatisme qui les caractérise, les vendéens ont précisé que le modèle économique d’une compagnie low-cost long-courrier était à inventer. Et qu’ils allaient s’y employer… Au-delà même des frontières de l’hexagone, « Sunline » est un pari qui va être suivi avec la plus grande attention, notamment par tous les investisseurs qui parlent de transposer au long courrier le modèle low cost sans avoir encore osé passer à l’acte.

Aerobuzz.fr