Dans quelques jours, Alexandre de Juniac va dévoiler le plan Transform 2. La restructuration du groupe Air France-KLM entre dans une nouvelle phase qui s’annonce lourde de conséquences pour l’emploi et le réseau. Mais ces économies, aussi radicales soient-elles, suffiront-elles ?
Le nouveau plan de restructuration d’Air France, Transform 2, pointe à l’horizon. Il annonce d’autres mesures d’économies, notamment plusieurs milliers de suppressions d’emplois et, sans doute, un « nettoyage » du réseau court/moyen-courrier. La responsabilité de la mise en œuvre de ces mesures délicates relèvera d’une équipe dirigeante en grande partie renouvelée : nouveau PDG (Frédéric Gagey), nouveau directeur financier (Pierre-François Riolacci), notamment.
Quels que soient les propos de ces dirigeants, et ceux d’Alexandre de Juniac, PDG du groupe Air France-KLM, il est désormais évident que la compagnie est dangereusement prise en tenaille entre la concurrence low cost, de plus en plus sévère, et celle des ténors du Golfe. Les décisions prises au fil de ces derniers mois, courageuses sans être novatrices, se révèlent visiblement insuffisantes. Ou ne sont pas menées à bien avec tout le discernement souhaitable, par exemple la création de « bases » régionales inspirées de la manière de faire de Ryanair mais qui supposent une culture d’entreprise qui n’est évidemment pas celle de la compagnie ex-nationale.
Air France reste indubitablement très encombrée par son passé. Du coup, les intentions louables qu’elle affiche pour rentrer dans une nouvelle époque apparaissent souvent comme indubitablement timides. Une remarque qui s’applique, par exemple, à sa filiale « low cost » Transavia. Low cost entre guillemets, bien que ses coûts directs d’exploitation soient très inférieurs à ceux de la compagnie-mère. Mais Transavia fonctionne en grande partie dans une logique de compagnie charter, à vocation touristique, et dispose de moyens très insuffisants pour tenter de contrer Ryanair, EasyJet, Vueling et leurs outsiders. Que pourront peser les 30 avions de Transavia, à terme, contre la flotte de 300 Boeing 737 de son principal concurrent irlandais ?
Il y a quelques années seulement, « on » affirmait avec une belle constance, toujours à voix basse, qu’Air France souffrait d’une dangereuse surcharge pondérale, de 10 000 personnes disait-on. Mais il était politiquement et syndicalement incorrect d’évoquer ce thème scandaleux. On constate aujourd’hui qu’après mise en œuvre de Transform 2, on ne sera pas loin du compte. Mais avec quels dommages collatéraux ?
Avec une masse salariale qui correspond à 32,4 % du chiffre d’affaires, le retour à l’équilibre financier est une gageure. C’est précisément l’un des arguments avancés par les représentants du personnel aux conseils d’administration d’Air France et Air France-KLM, dans une lettre alarmiste adressée au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Cette longue missive, au demeurant bien pensée, n’est connue publiquement que depuis quelques jours mais elle a été envoyée le 26 juin. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle n’a pas suscité de réaction politique, pas même de la part du ministre des Transports.
En soi, c’est là une raison d’inquiétude supplémentaire. Les administrateurs salariés affirment haut et clair, en effet, que « la question de la compétitivité de la compagnie nationale n’a jamais été posée de manière aussi brutale », ce qui les conduit tout naturellement à demander d’urgence un allègement des charges. Au même moment, on le notera au passage, le nouveau PDG d’Aéroports de Paris annonce avec une grande fierté des résultats financiers mirobolants étonnamment hors propos, voire indécents. On en oublierait que l’Etat reste le principal actionnaire d’ADP (54,5 % du capital). On aimerait entendre le gouvernement Ayrault sur ce thème, celui d’une coûteuse contradiction.
La marge de 24,4 % d’ADP est considérée par les administrateurs salariés d’Air France comme « une rentabilité insolente dans l’environnement économique actuel et inatteignable pour les compagnies aériennes »
Apparaît ainsi l’essentiel : la France n’a plus de politique, plus de stratégie, pas de vrais objectifs en matière de transport aérien. Et Air France crie dans le désert.
Pierre Sparaco
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Air France : l’inquiétude monte
Je lis tous ces commentaires avec intérêt, car ils reflètent, tous, une certaine part de vérité, même s'ils tiennent, souvent (un peu!) de la caricature. Il y a sûrement matière à y trouver, calmement, du grain à moudre. Je reviendrai, pour la petite histoire, sur 2 points qui m'ont toujours "hérissé", lorsque j'étais en activité à Air France: il n'y a jamais eu de monopole d'Air France, qui a toujours été soumise à la(dure) concurrence internationale(certes, régulée, à l'époque par IATA)...mis à part les Antilles. Les compagnies françaises en monopole étaient Air Inter(exploitation "juteuse" du trafic domestique français) et UTA(exploitation juteuse du trafic Africain). Comme par hasard,(mais les regroupements étaient inévitables....voir celui de BA/BEA/BOAC), lorsque la concurrence du TGV, pour l'un(IT) et le développement de l'ouverture des marchés à la concurrence pour l'autre(UT) l'Etat(époque Mitterand) qui était à la manœuvre, a très largement facilité le rachat par Air France de ces 2 compagnies. Les chargeurs réunis propriétaires d'UT y ayant fait une très bonne affaire.....merci qui?
En ce qui concerne "Air Chance", expression bien connue de nos années "glorieuses", elle était(est?) surtout employée par nos amis Américains dont, pour certains, la nuance est une notion quasi inconnue!!(pas tous heureusement)...il suffit de savoir qu'ils qualifiaient leur compagnie TWA(aujourd'hui disparue) de travel with angels(ambigu, non?) et cerise sur le gâteau, SABENA(aujourd'hui disparue) de "such a bloody experience never again", pour en rigoler un peu!
Ceci étant, les anciens, toujours en bonne santé, même après leur 70ans!...sont toujours prêts à donner un coup de main....bonjour et bonne chance à tous
Air France : l’inquiétude monte
Quand je lis : "AF vache à lait de l'état français" ?
Pardon!!! Certains semblent oublier un "détail" sur l'énorme aide financière injectée à AF il y a de ça deux décennies environ par la Communauté Européenne.
Un dossier que nos politiciens avaient trop bien défendu...
Sans cette aide financière AF n'existerait plus aujourdh'ui... merci la CEE.
Air France : l’inquiétude monte
Quand on veut être actionnaire et faire du business, on assume ses choix.
Pendant les années 80 qui ont été bonnes pour Air France, l'Etat s'est borné à récupérer les bénéfices sans jamais gérer cette compagnie et surtout sans se rendre compte de ce qui allait se passer dans le transport aérien.
Le jour ou l'addition lui a été présentée, il était normal que l'Etat injecte de l'argent dans la compagnie. Si on veut gérer une société à la façon communiste, il faut assumer.
D'ailleurs, la situation actuelle est de la responsabilité entière de Lionel Jospin qui a refusé à Christian Blanc de restructurer en profondeur Air France en 1997. En effet, le dogmatisme et la démagogie socialiste ne voulait pas de privatisation. C Blanc préparait la compagnie pour l'avenir. L'avenir, c'est aujourd'hui mais comme d'habitude, on a poussé le tas de sable de quinze ans et maintenant il va falloir arrêter le clientélisme et faire le sale boulot.
Air France : l’inquiétude monte
quand je lis "l'énormite de l'aide de l'état" il faut se renseigner avant d'affirmé des chiffres. En euro cela faisait 3 milliard d'euro dont la moitié était une avance remboursable et l'autre moitié a été largement remboursé par la privatisation d'air France. Pour la SNCF on peut parler du subvension énorme qui ne seront jamais rembourse car la SNCF n'a jamais payé d'impots contrairement a AF et ses 10 ans de bénéfice.
Air France : l’inquiétude monte
Quand Air Inter, Britair... étaient des compagnies indépendantes, le marché français respirait assez correctement.
Puis on a subi les 2 premiers évènements concommitents :
- la frénésie réglementaire de la dgac, sa volonté de rester en budget annexe
- le passage en monopole d'air france,
Les dommages de ces 2 évènements sont apparus quans le tgv est entré sur le marché.
AF a choisi de contrer le tgv en visant les abonnés, et on a vu les prix littéralement s'envoler. On prend la crème, disaient ils, et on laisse le tout venant. C'était croire que les barrières étaient imperméables.
Les taux de remplissage ont reculé, la fiabilité des lignes s'affaiblir par économie et les clients partir de plus en plus vers le tgv aux voitures encore vides, aux prix agressifs et à la régularité légendaire. ( c'était avant ).
Puis ce sont les low costs qui sont entrés à leur tour. AF a bien essayé, avec ses copains de la dgac, de contrer leur entrée, tout au plus arriveront-ils à retarder le phénomène.
Pourtant cela fait bientôt plus de 15 ans. A t on vu une rationnalisation des flottes, une externalisation des services au sol, un nouveau modèle productif, une politique de conquête, non, toujours le meme refrain, la faute aux autres, tgv, low cost, compagnies du golf.
Aujourd'hui AF est bien seul, les passagers l'appellent Air Chance, redoutent son service.
Les aéroports ne sont plus les partenaires indéfectibles d'hier, mais sont devenus méfiants, certains deviendront même de farouches adversaires, quand AF va encore fermer leurs lignes par incapacité de se remettre en question.
Certains y croient encore, d'autres plus.
Mais tous se demandent comment pourrait-on faire du neuf, avec un high staff de l'époque révolue ?
Air France : l’inquiétude monte
Monsieur, je ne sais pas qui vous êtes mais franchement votre condescendance est difficilement supportable. Le monde change, l'aéronautique est mondialisé depuis très longtemps déjà mais notre ex compagnie nationale n'est plus protégée, livrée à elle même contre d'autres compagnies qui n'ont pas les même règles fiscales et sociales. Où en serions nous s'il existait encore UTA, Air Inter et autres! Jusqu’à maintenant le trafic était limité mais les consommateurs ne veulent plus payer deux fois plus cher pour aller d'un point A à un point B. Certes une trop grande inertie, n'a pas permis de transformer l'entreprise en douceur mais dire que Air France attend la mort les yeux fermés, c'est extrêmement exagéré! Faire du low cost en France est une utopie, laissons ceux qui savent le faire encore en profiter quelques temps, Air France prépare sa révolution et l'avenir dira (les clients surtout), si c’était bien la bonne réaction.
Air France : l’inquiétude monte
==> où peut-on consulter ce courrier ?
Cdlt
GG
Air France : l’inquiétude monte
Le lien pour lire la lettre des administrateurs salariés d'AF
http://www.tourmag.com/attachment/437237/
Air France : l’inquiétude monte
il ne faut pas se voiler la face, notre pays et dans le rouge
pour toutes les entreprises et cela dure depuis des décennies, et actuellement avec toutes les compagnies
aériennes dans le monde la concurence et rude!!!!!
Air France : l’inquiétude monte
Depuis 1945 Air France était la "danseuse" de la RF. Comment voulez-vous que cette compagnie s'en sorte? Comme le dit si bien PINLET "Air France est à l'image de la France", une structure mal gérée.
Air France : l’inquiétude monte
Le seul point positif dans ce tourbillon économique, c'est qu'on entend plus dire que tout cela est de la faute de Concorde. Quand on perd le prestige, on perd bien plus que les quelques euros qu'on ne dépense plus. Air France ou France... quelle différence ?...
Air France : l’inquiétude monte
Il parait qu'il y a une grande compagnie aérienne en trop parmi les compagnies historiques en Europe ... Et la crise qui dure révèle les faiblesses structurelles des compagnies aériennes. Cela semble donc être AF le maillon faible car l'Etat aura très peu de moyens pour soutenir financièrement la compagnie.
Air France : l’inquiétude monte
Dommage que vous n'ayez pas repris dans votre article un peu plus en détail les explications de la lettre des administrateurs salariés d'Air France, car elle expliquait comment ADP en situation de monopole sur l'aéroport CDG siphonne la richesse créée par AF, alors même qu'au niveau du service rendu, CDG est l'un des aéroports européens les plus mal classés par les usagers.
Quand à la concurrence, on sait bien maintenant que Ryannair fait le choix systématique de la transgressions des règles si elle pense que cela lui coute moins cher et compte sur la lenteur des tribunaux et les hurlements des élus locaux comme cet irresponsable de JC Gaudin à Marseille.
Les compagnies du golf qui représentent maintenant la menace pour le long courrier d'AF sont des compagnies d'état, le PDG d'Emirates est aussi le directeur de la DGAC locale de Doubai. Elles ne payent aucune taxe sur leur territoire alors qu'AF continue à être la vache à lait de l'état français.
Je pense que l'état français est dans le déni de réalité en pensant qu'AF s'en sortira une fois de plus après le deuxième plan transform, il est juste en train de tuer la poule aux œufs d'or qui réalisait jusqu'à peu et selon une étude récente pratiquement 1% du PIB de la France (!) si l'on tient compte de toutes les retombées et de l'activité générées par AF.
La capitalisation d'AF vaut moins en bourse que la valeur de ses actifs (avions et autres) car c'est une activité jugée peu rentable par les marchés et Emirates pourrait bien un jour décider de racheter AF à un bon prix et du même coup récupérer les précieux créneaux. Qui pourrait l'en empêcher ?
Il sera trop tard pour pleurer...
Air France : l’inquiétude monte
A ce que je sache, il n'y a pas que le transport aérien qui, en France, tire la langue. Alors, au lieu de chercher comme d'habitude des boucs émissaires, avec parfois des relents racistes ou xénophobes (la faute au 93, on aura tout entendu!), on ferait mieux de se poser LA question: quel avenir pour notre pays dans un monde et une Europe dont la seule boussole est le dumping social et fiscal?
Continuons comme ça et on aura tous demain un boulot.....d'esclave!