Air France soigne l’entrée en service de son premier 787-9

Le premier Dreamliner d’Air France entre officiellement en service commercial, le 9 janvier 2017, entre Paris-CDG et Le Caire. Ce nouvel avion pour la compagnie française est une étape de plus sur le chemin de la reconquête de parts de marché. Pour fêter l’entrée dans sa flotte du 787, Air France a organisé un week-end de cinq vols spéciaux. Comme pour le dernier vol de son dernier 747, la Patrouille de France était de la partie…

Comme elle l’avait fait pour commémorer la sortie de sa flotte de son dernier 747 Jumbo Jet, les 6, 7 et 8 janvier 2017, Air France a organisé une série de vols pour célébrer l’arrivée de son premier 787 Dreamliner. La Patrouille de France était également de la partie cette fois-ci encore.

Le vendredi 6, les huit Alpha Jet sont venus saluer le nouvel avion lors de son survol du Luberon, au cours du premier de ses cinq vols pré-inauguraux. Outre le vol VIP du 6 janvier qui consistait en un tour de France touristique de 2h45 et 1.320 NM, Air France a vendu quatre vols pour les passionnés : un dans le sud-ouest, un dans le sud-est avec le survol de la Corse, un sur la Bretagne et un autre tour de France. Un moment de pure émotion pour les 276 passagers invités, fournisseurs, cadres-dirigeants de la compagnie et journalistes, … mais aussi pour l’équipage renforcé pour l’occasion.

Le remplaçant du quadriréacteur A340-300

Air France a prévu de mettre en ligne 16 787 en remplacement des 10 quadriréacteurs A340-300. Au total, le groupe Air France / KLM a commandé 18 787-9 et 7 787-10 au loueur Aircap.

« Le 787 est un concentré de la montée en gamme d’Air France », résume Franck Terner, directeur général d’Air France. La cabine regroupe trois classes, Business (30 sièges), Premium Economy (21) et Economie (225), soit au total 276 sièges, un de plus que l’A340-300. Le 787 qui dispose évidemment de ce qui se fait de mieux en matière de divertissement de bord (IFE) est entièrement connecté au WiFi. Un passage obligé…

Côté cabine, le 787 hisse Air France aux standards du 21^e siècle. L’arrivée prochaine de l’A350-900 s’inscrira également dans ce mouvement de modernisation. Les équipages et les équipes de maintenance ne seront pas les seuls à apprécier le changement. Les passagers aussi qui vont bénéficier du confort d’une cabine plus spacieuse et plus lumineuse, grâce notamment aux hublots surdimensionnés équipés du système occultant électronique.

La classe Premium Economy soignée

Les clients dits à haute contribution retrouveront dans le Dreamliner, la classe Premium Economy, avec un nouveau siège plus spacieux et plus ergonomique. Air France a particulièrement soigné cet espace qui s’apparente à une classe affaires du début des années 2000, proposée toutefois à un tarif intermédiaire. Le concept a été lancé par la compagnie française en 2009. Il a fait école depuis. Il est optimisé ici.

Le premier 787 d’Air France porte le numéro de série 500. C’est un appareil, qui après avoir connu une entrée en service compliquée en 2010 sous les couleurs de la japonaise ANA, est aujourd’hui mâture. Il n’en demeure pas moins que cet appareil, compte tenu de sa capacité moyenne pour un long courrier, exige une exploitation millimétrée.

Air France va le rôder sur la ligne Paris-Le Caire. Dans la journée, entre les allers-retours avec l’Egypte, des vols sur Londres sont programmés. A partir de mai 2017, le 787 sera aussi en service sur Paris-Montréal, ou plus exactement sur Lyon-Paris-Montréal.

Air France fait d’une pierre deux coups. En multipliant les mouvements quotidiens, elle accélère la formation de ses pilotes sur le nouveau type (même si le 787 partage avec le 777 quasiment la même qualification de type) et la familiarisation des équipages commerciaux avec la cabine sophistiquée. Au passage, sur le Canada, cela ne déplairait pas à Air France de récupérer les passagers que lui a pris Air Canada depuis l’ouverture du vol direct entre Lyon et Montréal, au printemps 2016.

Un long courrier à 276 sièges

Il n’en demeure pas moins que Boeing a imaginé ce biréacteur long courrier moyen porteur pour faire du point à point. Il a été conçu comme un outil d’optimisation des lignes long courrier à moyen potentiel. Autrement dit, les plus périlleuses à exploiter en tenant compte du fait que comme toujours, pour rentabiliser un avion, il faut le faire voler le plus possible en 24 heures. Il n’est pas forcément adapté aux allers-retours d’où la nécessité d’atteindre un seuil minimal, en termes de nombre d’appareils, pour optimiser leur exploitation. ANA, compagnie de lancement, en exploite actuellement 56 et doit en réceptionner encore 27 supplémentaires. Qatar en a commandé 60 (30 déjà livrés) et Ethiad pas moins de 71 (10 livrés).

L’autre solution est d’allonger au maximum du potentiel de l’appareil la longueur des vols. C’est ce que fait par exemple Norwegian en desservant la Floride depuis Stockholm et prochainement Bangkok. Si Air France s’échauffe sur Le Caire et Londres, à terme elle projette de proposer des vols directs sur la Chine, l’Inde et le Japon. Selon Air France, sur le 787-9, le coût au siège est inférieur de 20% par rapport à l’A340-300.

Quoi qu’il en soit, pour une compagnie, l’intégration d’un nouveau type d’appareil dans sa flotte est toujours un cap important à franchir, que ce soit sur le plan technique, opérationnel et bien sûr commercial. Le Projet 787 mobilise depuis des mois des dizaines d’ingénieurs, de commerciaux, de techniciens, de navigants. Le vendredi 6 janvier 2017, tous étaient visiblement fiers de présenter aux invités de la compagnie le nouveau venu. Ce jour-là, la compagnie porte-drapeau française a montré un visage souriant.

L’ouverture d’un nouveau secteur est un événement. Pour les décennies à venir, l’avenir d’Air France va aussi s’écrire avec le 787. Le Jumbo jet a volé 45 ans sous les couleurs d’Air France où il a laissé un souvenir impérissable. Bienvenue au Dreamliner !

Gil Roy