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Transport Aérien

Air France un an après l’arrivée de Ben Smith aux commandes

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Gil Roy

Air France a changé. Au-delà de l’impression générale, un faisceau de signes atteste d’un changement positif au cours des douze derniers mois. La fermeté des récentes décisions de Ben Smith, le directeur général Air France – KLM, dans les dossiers Aigle Azur et XL Airways démontrent que le canadien sait où il veut emmener la compagnie française. Et son personnel semble vouloir l’accompagner.

Dans l’allée du premier A350-900 aux couleurs d’Air France, Ben Smith est fier de nous montrer l’hippocampe ailé qui orne élégamment sa cravate bleue-marine. Le même logo qui brille sur les winglets du nouvel avion de la compagnie. Le canadien a adopté l’emblème historique qui renvoie à l’époque glorieuse où Air France était la compagnie porte-drapeau de la France, son ambassadrice autour du globe. Et le personnel d’Air France redécouvre la « crevette », lui aussi, avec fierté. Nostalgique peut-être d’une époque qu’il n’a évidemment pas connu.

Fier d’être Air France

Les dirigeants qui sont succédés à la tête de la compagnie ces dernières années se sont efforcés d’enfouir ce passé prestigieux pour tenter de faire d’Air France, une compagnie clinquante ; une entreprise de transport aérien qui s’inventait des valeurs passe-partout. Quand on a été un acteur de premier plan de l’histoire du transport aérien, c’est une erreur, voire une faute, de tourner ainsi le dos à son passé, de le renier.

Ben Smith et Anne Rigail : les visages du renouveau d’Air France. © Gil Roy / Aerobuzz.fr

 

Le paradoxe aujourd’hui est que c’est un canadien qui a décidé qu’Air France devait renouer avec ses racines pour aller de l’avant. L’hippocampe ailé a fière allure sur les winglets ultra modernes de cet A350-900 « Toulouse » qui a rejoint sa base parisienne le 27 septembre 2019 et qui entre en service ce 7 octobre 2019 sur Abidjan et Bamako. A l’occasion de l’intégration dans sa flotte de ce nouveau modèle, Air France remet au goût du jour également avec une tradition ancienne qui consistait à attribuer un nom de baptême à chaque nouvel avion qui entrait dans sa flotte. Une tradition à laquelle n’a jamais renoncé Lufthansa. Les Caravelles portaient des noms de provinces françaises et les Boeing 707 de châteaux de la Loire. Les premiers A320 portaient des noms de villes européennes. Les A350 porteront tous des noms de villes françaises.

Insuffler un sentiment d’appartenance

Quand Ben Smith a relancé l’idée, le personnel a été invité à proposer des noms. Finalement, il a été décidé que les A350-900 porteraient le nom de villes françaises, histoire de les faire rayonner au-delà des océans. Toulouse, berceau de l’aéronautique française, a logiquement été la première à prêter son nom.

Une centaine de salariés d’Air France, tous secteurs confondus, ont été invités à participer au convoyage de l’avion entre Toulouse et Paris-CDG, le vendredi 27 septembre 2019, avec Ben Smith, Anne Rigail, directrice d’Air France, et Anne-Marie Couderc, présidente du conseil d’administration. Ils étaient les heureux gagnants d’un jeu-concours auquel ont participé plus de 4.500 salariés, soit 10% du personnel.

L’hippocampe ailé reprend son envol. Sous l’impulsion du canadien Ben Smith, Air France renoue avec son passé. © Gil Roy / Aerobuzz.fr

Dès son arrivée, en septembre 2018, Ben Smith a annoncé qu’il ne pourrait remettre en ligne de vol Air France que s’il réussissait à faire adhérer les 45.000 salariés à son projet. Avant même de prendre ses fonctions, il est descendu sur le terrain, pour aller au contact, pour prendre la température et amorcer la reconquête de la confiance de professionnels désabusés, pour les convaincre de le suivre.

La méthode Ben Smith semble fonctionner. Le nouveau patron est parvenu à rallier les syndicats de pilotes, à commencer par le SNPL. Avec eux, il a mis en place de nouveaux accords et notamment obtenu de faire sauter les contraintes qui entravent le développement de Transavia, la filiale low cost d’Air France. Et tout cela sans grève ni contrepartie insensée. Les syndicats ont trouvé un interlocuteur qui a un projet pour l’entreprise.

Une paix sociale fragile qui se construit jour après jour

Négocier avec un vrai professionnel du transport aérien, ça change beaucoup de choses reconnaissent  les syndicats. Il n’y a pas eu de miracle et la paix sociale est fragile. Ben Smith ne cache pas cette réalité et il reconnaît qu’il doit continuer à réformer avec tact. Il n’a pas voulu remettre en question ces avancées en reprenant Aigle Azur et XL Airways malgré les multiples pressions venues de partout. Aussi précieux soient-ils, les créneaux qu’il aurait pu récupérer à Orly aurait finalement coûté très cher à la compagnie convalescente. Face à une telle situation, en d’autres temps, les dirigeants d’Air France n’auraient pas été en capacité de résister aux pressions politiques. Lui, l’a été… Personne ne reprochera à un chef d’entreprise de privilégier ses salariés.

Le premier A350-900 d’Air France incarne le renouvellement de la flotte tant repoussé. © Gil Roy / Aerobuzz.fr

Ben Smith a pris les commandes d’Air France il y a un an. Pour le moment, il n’a fait qu’amorcer le redressement avec doigté. Et c’est énorme. Il reste encore beaucoup à faire. Aujourd’hui, le personnel sait où leur nouveau patron veut les emmener et cela change tout. L’optimisme de Ben Smith semble communicatif.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • On regrettera le 380 car il paraît logique écologiquement parlant de transporter plus de passagers sur un gros porteur que de faire voler deux ou trois avions pour un meme nombre de passagers .
    L'écologie doit mener le bal et non plus la " rentabilité à court therme "
    Le Ben Smith est loin d'être la panacée, l'avenir le dira ....... pour l'instant Ben enfume les employés, dans peu de temps ils pleurnicheront .....!!

    • Personne ne regrettera l'A380.... c'est un mauvais avion qui coute cher à exploiter, les compagnies l'ont bien compris. Pour ce qui est de l'écologie....à votre avis, est-ce qu'il vaut mieux transporter 400 passagers avec deux moteurs ou 600 avec 4 ?
      Benjamin Smith a pris une très bonne décision en retirant cet avion de la flotte d'AF. Après, que les CdB A380 d'AF (payés sur la base de produit masse*vitesse de l'avion) tirent la gueule... c'est pas bien grave....

      • J’aurais été étonné que dans ces avis concernant un sujet sérieux n’apparaisse pas l’aigri de service qui ramène le débat au salaire des pilotes de ligne qu’il aurait probablement aimé devenir ???.

        Alain RANC
        Ancien pilote de chasse et pilote de ligne retraité
        PS. : je n’ai jamais appartenu à Air France et ne suis pas le défenseur d’une catégorie particulière de pilotes de ligne.
        Je terminerai pas un dicton adapté "le chien aboie, la caravane passe" ???

      • Renseignez vous sur les consommations spécifiques d'un GE90 et d'un GP7200, respectivement, et vous trouvrerez des réponses à vos questions (niveau CP2+....).
        Les compagnies qui ont préféré le B777X à l'A380 sont impatientes d'avoir vos eclaircissements.....

      • C'est une conclusion qui est du niveau de la classe de CP2 de conclure que 4 moteurs consomment plus que deux moteurs. Pour un avion donné et toutes choses étant égales par ailleurs, la puissance consommée est la même avec 4 moteurs ou avec deux moteurs du moins si on ne va pas chercher les dernières subtilités de conception des moteurs.
        C'est tout comme les gens qui croient que pour rouler avec leur voiture à 130 km/h il vaut mieux une boîte de vitesse à 6 rapports qu'une boîte à 5 rapports. Les frottements des roues et de l'air ainsi que la composante de poids n'ont que faire de la boîte de vitesse.

  • Connaissant les canadiens, en général fossoyeurs de compagnie (c'est par exemple un canadien qui a détruit le géant Nokia), je suis surpris mais également content qu'Air France ait trouvé la perle rare.

    Quant à l'enthousiasme de Gil, s'il ressent vraiment du positif chez AF depuis un an, pourquoi se priver, d'autant qu'il a cette liberté sur Aérobuzz (et à nous lecteurs de faire la part des choses)

    Quant à la crevette, elle nous ramène à une époque ou Air France était une compagnie de prestige, ayant en vol ce qu'il se faisait de mieux parmi les constructeurs occidentaux, y compris Concorde. C'était l'époque où un voyage en avion - pas seulement chez AF - était encore plein de magie, avec un pitch entre sièges raisonnable, pas de surtaxe pour les places aux issues de secours, un vrai repas, pas forcément succulent, mais tout de même un vrai repas - pas un choix entre cacahuète (au singulier) et biscuit (toujours au singulier) et des contrôles de sécurités plus humains.

    C'était l'époque où les verres étaient carrés, pour épouser les porte-gobelets eux aussi carrés (ceux que l'on pouvait déplier sans ouvrir la tablette)

    Je me souviens de la fierté de l'équipage AF, quand ils ont posé un de leurs premiers A320 à Moscou. À l'époque, c'était le top du top à l'échelle mondiale, une façon de montrer aux Soviétiques ce qu'on sait faire.

  • Ah ! Il ne faut pas s'énerver Jean-Mi, c'est ce que peuvent dirent tous ceux d'Air France - et moi en particulier qui ai dû quitter la boutique il y a déjà quatorze ans parce qu'on m'a dit que j'étais devenu vieux. Vieux et con à la fois, disait Brel.
    Alors, pour en venir au fait, depuis 1971, l'année du lock-out des trois compagnies françaises où je me suis retrouvé stagiaire sur Caravelle, hé bien il a fallu supporter tous les sarcasmes, du public qu'on transportait, des gouvernements qui nous sabraient, comme celui de feu Raymond Barre, et très notablement des journalistes. Gil Roy n'aurait pas été journaliste s'il n'avait pas hurlé avec les loups de temps en temps quand il y avait une grève. Mais grève de qui ? Les contrôleurs aériens en grève - bien plus souvent que les pilotes ! -, haro sur Air France ! Et donc haro sur ces fainéants de pilotes qui ne travaillent pas (puisque y'a pas de clearances). Grève des PNC - vous savez "PNC aux portes !" -, encore Air France, et donc ces foutus pilotes.
    C'est bizarre tout de même ! En 35 ans de carrière, j'ai fait grève une fois. Vous avez bien lu : UNE FOIS ! Et encore j'étais petit copilote, car Monsieur Marchais - pas celui du PC, car on a eu aussi le nôtre -, m'avait dit de la faire alors que je n'y comprenais rien.
    Pas du tout d'accord pour la grève de 98, pour prendre en otage des passagers amoureux du ballon rond, j'ai pointé pour faire mon Tahiti. Mais la direction a annulé le vol, malgré un équipage au complet ou en voie de l'être. Pire, en plus de me ponctionner sauvagement mon salaire, elle m'a compté gréviste ! Charmant ! Je suis allé me plaindre aux Prud'hommes. Vous savez quoi ? J'ai perdu !!!
    Pas d'accord avant cela pour ces grèves à répétition de nos collègues d'Air Inter qui n'avaient pas souhaité la fusion. En fait, ils ont fondu les plombs quand ils se sont rendus compte que nous les pilotes AF Canal Historique on gagnait 20% de moins qu'eux pour le même boulot sur moyen courrier. Et le public d'entonner "Ces pilotes d'Air France toujours en grève !"
    Alors, amis d'Aerobuzz, réjouissons-nous ensemble ! Gil Roy, qui n'est pas idiot, a bien compris qu'il se passait quelque chose à Air France. Pourtant, il habite loin de Roissy - Charles de Gaulle. Pourtant, il a parfaitement toisé Ben Smith. Enfin l'État français, qui détient une majorité de blocage, a laissé arriver à la tête du groupe un monsieur du sérail. DU SÉRAIL, même s'il est Canadien. Tabernacle ! Il était même gilet jaune sur les pistes dans sa jeunesse !!! Ainsi a été rompu la chaîne des hauts fonctionnaires, qui se bousculaient au portillon pour devenir patron d'Air France. Car, dans une telle carrière, croyez-moi, c'était un bâton de maréchal... avec les passages gratuits à vie en première classe. Ça, Gil n'a pu le dire.
    Ben Smith a des gosses, comme on dit au Québec. Il a dit que le 380 ne correspond pas aux besoins de l'exploitation d'AF. Ce qui voulait dire : que le 380 est un flop, ce que j'ai déjà expliqué sur ce site. Et pourtant, si j'avais eu une conversation avec Spinetta, je n'ai jamais - je le jure - dit à Smith que "euh, ben, le 380 est un flop".
    Donc, j'insiste, réjouissons-nous ! Gil Roy a bien fait son boulot. Il a eu le flair du bon journaliste. S'il ne l'avait pas déjà, je lui aurais décerné la médaille de l'Aéronautique. Pour un petit Tahiti en première, faut voir avec Ben. Tiens, moi, je vais faire du Bücker. Vive Air France !

  • Ancien CDB d'Air France je soutiens sans réserve l'action de Ben Smith, il me semble être revenu au temps de Christian Blanc quand la boite, exsangue, repartait d'un bon pied, en phase avec un patron qui savait ou il voulait aller ... On a vu par la suite des présidents politiques Enarques et sans doute franc-macs qui n'avaient d'autre ambition que de favoriser leurs carrières !

  • Petit coup de com et pub gratos aerobuzz, une fois n'est pas coutume.
    Ce n'est plus du journalisme electronique, mais de la participation collaborative.
    Vous pouvez me censurer j'ai l'habitude.

    • Pourquoi censurer ? Vous avez droit de penser ce que vous voulez de Mr Smith, mais attaquer Aerobuzz, c'est moins classe. Feriez-vous partie d'Air France et/ou d'un de ses syndicats ?
      Ce que je constate, sans avoir besoin d'Aéerobuzz, c'est que Mr Smith semble être un professionnel apprécié de ses employés, du moins respecté. Peut être pas de ses syndicats, par principe et tradition, je suppose.
      Ce patron, venu d'ailleurs, a pris des décisions graves et importantes (sortie de l'A380 par exemple, pour la plus "visible") qui n'ont pas semblé provoquer d'intenses levées de bouclier ni de grèves dures à long terme. Je dirais même que depuis qu'il est là, on n'entend plus parler d'Air France, ce qui est plutôt bon signe sur le fait que ce que fait Mr Smith et son équipe est en accord avec ce que pense et autorise la grande masse des employés de ce groupe (mais pas nécessairement en accord avec les syndicats), le but étant pour l'employé d'aller dans le sens de l’intérêt de sa boite afin de conserver son travail. Pour les syndicats, je suis moins sûr.
      Votre message et votre ton me semble plus être du dénigrement de l'action et du travail d'Aérobuzz, mais surtout de Mr Smith en arrière plan.
      Comme déjà débattu par ailleurs, une information n'est pas forcément qu'une mauvaise nouvelle, mais parfois aussi une bonne, ou une neutre. Une information quoi, à vous d'y accorder crédit ou pas.
      Ou est la limite entre l'information et la propagande ? Dur à dire, je vous sens plus du coté de la propagande par exemple.

      • Merci pour vos compliments.
        Et plutôt que de vous occuper de mon emploi du temps, vous avez pas plutôt un avis sur le sujet (de l'article) ?
        Avouez Mr Bacquié, qu'il y a parfois de quoi s'énerver...

      • Avec la quantité de commentaires inutiles que vous publiez, vous semblez passer l'essentiel de votre vie sur internet.
        Vous ne devez pas travailler beaucoup non plus.

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