Air Malta se remet peu à peu de 2020, une année noire, alors que ses opérations dépendent à plus de 80% du tourisme… La nouvelle équipe de direction a récemment reçu Aerobuzz.fr dans ses locaux à Malte. Elle explique et assume sa nouvelle stratégie. Rigueur, réduction drastique d’effectifs et de destinations. Le prix à payer pour peut-être, enfin, entrer dans l’ère du profit ?
Commençons par les bonnes nouvelles. Air Malta relancera dès le printemps 2022 des routes historiquement rentables. Londres Gatwick (1 vol quotidien), Moscou et Madrid avec 3 vols par semaine. La compagnie nationale (détenue à 98% par l’État) vise ainsi opérer plus de 250 vols par semaines vers 20 destinations européennes l’été prochain.
Quant à la saison 2021, « elle est sauvée, malgré juin et juillet touchés de plein fouet par les restrictions sanitaires (vaccination obligatoire ou mise en quarantaine de passagers entrant) imposées par les autorités maltaises. Actuellement, tous nos avions volent, sur des rythmes Block Hour de 11 heures.», nous confie Roy Kinnear, le Directeur Commercial. « Nous sentons la reprise à travers l’Europe, on commence à se projeter ». David G. Curmi, le Président Exécutif nommé il y a tout juste 9 mois, dévoile l’orientation stratégique : « Pour la saison d’été 2022, nous allons doubler notre capacité par rapport à l’hiver 2021-2022 (500.000 sièges en vente vers 15 destinations) et nous recentrer sur nos principaux marchés européens. »
Avant le COVID, Air Malta a desservi jusqu’à 42 villes… C’était une époque où la compagnie publique ne cherchait visiblement pas l’équilibre financier, d’après ce que nous confie la direction. Depuis le début des années 2000, Air Malta n’a été rentable qu’une seule fois (en 2018) avec un bénéfice de 1,2 millions d’euros. Pour la nouvelle équipe de choc qui la dirige, la compagnie ne pourrait survivre à une seconde pandémie ; les décisions sont sans appel. « Nous avons fermé toutes les lignes non rentables » explique Roy Kinnear. « Pour les quatre années à venir, l’objectif est de se recentrer vers 20 destinations au départ de Malte. »
Lyon en est l’exemple parfait. « Au lieu d’ouvrir de nouvelles destinations vers la France, nous renforçons Lyon de 2 vols hebdomadaires actuellement vers 5 l’année prochaine. » ajoute le directeur commercial.
« Nous misons aussi beaucoup sur nos partenariats avec des compagnies comme Air France ou KLM. Nos routes vers Paris CDG ou Amsterdam Schiphol sont hautement stratégiques, nous alimentons leurs hubs en les opérant en code share. Nous avons 16 accords de ce type. » rajoute le Chairman.
La France, derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne, représentait quelques 250.000 passagers annuels en 2019. Cette année, c’est 55.000 rien que sur août-septembre-octobre (en comptant les réservations). « Au prorata sur l’année, et si l’hiver débute bien nous retrouverons presque les niveaux de 2019 ! » assure Roy Kinnear.
La crise sanitaire couplée aux douloureuses décisions ont ramené l’effectif pilotes de 139 à 62 pilotes aujourd’hui… Tous sont maltais précise la compagnie. « De ce fait, ceux que nous avons gardés sont tous des commandants de bord. Mais parmi les départs, beaucoup étaient proches de la retraite » précise David G. Curmi. Peut-on parler de nouveaux recrutements ? « Progressivement, au coup par coup, peut-être, que ça reviendra… ».
La flotte a quant à elle été réduite de 10 à 7 appareils (4 A320-200 et 3 A320neo), tous en leasing. « Les versions classiques voleront jusqu’en 2023 et seront remplacées par des neo pour avoir une flotte unique. »
Il était question avant le COVID d’acquérir 2 Airbus A321 XLR. L’idée a été abandonnée : « ce n’est pas lié au COVID, c’est un choix stratégique » précise le Chairman. « Nous n’avons en effet pas l’intention de nous éparpiller sur du long courrier asiatique ou vers les États-Unis. Ce n’est pas notre métier. Notre métier, c’est un service de qualité vers l’Europe, avec une classe affaires sur tous nos vols, et surtout ne pas faire du low-cost… »
En rouvrant Madrid l’an prochain, Air Malta sait qu’elle devra affronter sur la même route plusieurs compagnies à bas coût dont Ryanair, Vueling et Iberia Express… « Mais nous ne sommes pas une compagnie low-cost » insiste David G. Curmi. « Eux transportent des passagers, nous des clients » ironise-t-il.
Reste qu’au départ de Malte, la concurrence est rude. Air Malta et Ryanair représentent à elles deux plus de 60% du trafic commercial à environ parts égales. « L’an prochain, elle prévoit d’aller jusqu’à 5O destinations au départ de Malte » nous dévoile David G. Curmi, tout en restant dubitatif « mais va-t-elle réellement les assurer ? Les ouvertures puis fermetures de lignes sans préavis sont souvent coutume dans le monde low-cost… » Air Malta se positionne toutefois avec des prix d’appels « à partir de 45 euros un aller simple » comme affiché sur son site de réservation en ligne.
Air Malta pourra tirer son épingle du jeu post covid grâce à son attrait touristique, par son climat, sa position à moins de 3 heures en moyenne de ses différentes bassins européens de clientèles, sa sécurité mais aussi la capacité de l’aéroport à s’être adapté aux restrictions sanitaires dans le parcours passager.
« Nous travaillons étroitement avec les autorités aéroportuaires, actuellement nous étudions avec elles la mise en place d’un parcours biométrique… Nous sommes la seule compagnie aérienne à Malte à le faire. » nous explique David G. Curmi.
Et de rajouter, « l’industrie touristique a changé, rien ne sera plus comme avant où les Tour-Opérateurs remplissaient nos avions. Les passagers (familles, couples, individuels) partent plus souvent et moins longtemps. Ils réservent seuls et moins de 60 jours avant le départ. Une route comme Lyon avec un vol le jeudi et le dimanche actuellement permet ainsi de partir un long weekend. Nous ne devons pas rater ce virage. Chaque erreur pourrait-être coûteuse ! »
En 2019, Air Malta transportait environ 2,3 millions de passagers. Désormais sa priorité est de remplir ses avions au moins à 80%. Elle envisage de retrouver des niveaux d’avant COVID courant 2023…
Jérôme Bonnard
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