Airbus fait entrer French Bee et Scandinavian Airlines dans son projet démonstrateur Fello’Fly inspiré du vol en formation des oiseaux. Pour faire voler deux gros porteurs en toute sécurité à la manière des oiseaux migrateurs sur des routes transatlantiques, l’avionneur doit fédérer plus largement les acteurs du transport aérien.
« Fello’fly avance bien ! Désormais nous devons lever des obstacles et prouver à tout l’écosystème du transport aérien la faisabilité technique et la viabilité commerciale du projet, en toute sécurité, dans un environnement transocéanique. Cela passe par des essais en vol qui vont se poursuivre en 2021. » a précisé à Aerobuzz.fr Nick Macdonald, le responsable du projet démonstrateur Fello’fly chez Airbus.
Ce projet dévoilé au Dubaï AirShow en novembre 2019 consiste à faire voler deux avions l’un derrière l’autre, à l’instar des oies migratrices. Les turbulences générées par le premier créent, dans son sillage, des courants ascendants d’air doux générant une portance. L’avion suiveur peut ainsi récupérer cette énergie et diminuer la poussée des moteurs.
Encore faut-il pouvoir faire évoluer deux gros-porteurs avec des centaines de passagers à bord et à plus de 800 km/h, en toute sécurité, en maintenant la même distance à une altitude constante. Ce type de vol ne laisse rien au hasard.
Sur le papier, Fello’fly promet d’améliorer les performances environnementales des avions commerciaux et à réduire les émissions de l’industrie aéronautique. « Si nous réussissons, les impacts seront significatifs à l’échelle mondiale à partir de 2025. », souligne Nick Macdonald.
« Cette perspective d’économiser 5 à 10% de kérosène sur un vol long-courrier nous a séduit dès qu’Airbus nous a présenté Fello’Fly. Nous sommes le cobaye idéal, avec une flotte 100% A350 et les deux tiers de nos opérations sont du transatlantique. Notre responsable de formation travaille déjà avec les ingénieurs d’Airbus sur la mise en place du dispositif » explique Muriel Assouline Directrice Générale de French Bee, l’une des compagnies aériennes partenaire, contactée par Aerobuzz.fr.
D’autres partenaires (des organismes du contrôle aérien) comme la DSNA (Direction des Services de la Navigation Aérienne) en France, ou le NATS au Royaume-Uni ou encore l’organisation européenne Eurocontrol partageront leur expertise en navigation aérienne « en définissant comment deux aéronefs peuvent être rapprochés en toute sécurité, en minimisant l’impact sur les procédures actuelles » précise Airbus. « Il faudra par exemple mettre en place des procédure spécifiques, comme le langage ATC , les manœuvres, pour que deux avions se donnent rendez-vous et effectuent leur traversée océanique Fello’fly en toute sécurité » souligne Nick Macdonald.
French Bee, la petite sœur d’Air Caraïbes, apportera, avec Scandinavian Airlines (qui opère aussi 4 A350) son expertise en matière de planification et d’exploitation des vols pour une opération Fello’Fy (à savoir rapprocher deux aéronefs sur une ligne commerciale long-courrier).
En outre le bureau d’étude de French Bee a aussi fourni aux ingénieurs d’Airbus des données archivées de plans de vols commerciaux passés. « Ce sont des informations très utiles sur par exemple les consommations de carburant, les routes transatlantiques empruntées ce jour là, le nombre de passagers à bord, la météo… » rajoute la directrice générale de la compagnie à bas coûts long-courrier française.
Fin juillet 2020, deux A350 (avions d’essais de chez Airbus) se sont envolés depuis Toulouse pour un vol d’environ 4H au dessus de l’Atlantique au large des côtes françaises avec l’assistance de la DSNA.
« L’A350-900 et -1000 ont réalisé des boucles en configuration Fello’fly à une altitude de croisière supérieure à 30.000 pieds. Pour la première fois (contrairement aux premiers essais de 2016 où un A350 suivait un A380), l’avion suiveur est resté en mode de pilotage automatique. C’est une grande avancée pour nous et nous avons de nouveau pu confirmer des gains de carburant entre 5% et 10 » détaille Nick Macdonald à Aerobuzz.fr.
Le chef de projet de Fello’fly précise toutefois qu’il ne s’agit en aucun cas de vol en patrouille. « L’avion leader est loin devant et tout petit aux yeux des pilotes. »
Lors de ces essais en vol de juillet 2020, les deux Airbus A350 ont évolué quasiment au même niveau de vol, environ 50 pieds (15 mètres) d’écart vertical et à une distance de 1,5 NM (3 kilomètres) l’un derrière l’autre. « C’est la distance optimale selon nos ingénieurs pour que le sillage de l’avion leader fasse effet. C’est aussi l’un des principaux défis » reconnait Nick Macdonald.
En effet, comme l’explique Airbus, conformément à la réglementation actuelle « deux avions ne peuvent se croiser ou évoluer dans le même secteur océanique à moins de 1.000 ft d’écart en hauteur et à moins de 30 à 50 NM (55 à 90 kilomètres) de distance longitudinale. »
Airbus devra ainsi convaincre qu’une séparation longitudinale de 3 km « seulement » restera une distance sans danger. Pour justifier cet argument, les ingénieurs de l’avionneur soulignent que « deux avions Fello’fly seront toujours dix fois plus éloignés longitudinalement qu’une séparation verticale de 1.000 pieds utilisée en toute sécurité depuis plus de deux décennies. »
« Nous avons engagé des discussions de travail avec l’OACI pour trouver des solutions et pour façonner les futures réglementations opérationnelles des vols Fello’fly. Le langage, la coordination au sein du contrôle aérien devra être aussi adaptée et approuvée pour ces vols particuliers… » rajoute le responsable du projet.
Pour réussir, Airbus et ses partenaires devront aussi travailler sur des solutions techniques pour aider les pilotes à s’assurer que les avions se retrouvent et se suivent en toute sécurité. « Nous avons déjà commencé à réfléchir sur la formation des pilotes pour ce type de vol, à l’instar d’autres procédures particulières comme un atterrissage tout temps » souligne Muriel Assouline. « Ici nous parlons de rapprocher des avions, peut-être que les simulateurs de l’A350 intègreront cette manœuvre dans les formations. Tout est possible ! »
Une nouvelle campagne de vols d’essais est déjà prévue pour début 2021. « Les vols de 2020 sont toujours en cours d’analyse » précise Nick Macdonald. « L’année prochaine, nous utiliserons encore des avions d’essais Airbus mais nous visons une démonstration qui implique nos partenaires du trafic aérien et des compagnies aériennes. Tout est à l’étude mais il y a encore beaucoup de travail à faire… »
Jérôme Bonnard
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