L’explosion du fret aérien donne de l’appétit à Airbus. Après avoir lancé, en 2021, la version fret de son biréacteur long courrier A350XWB, l’avionneur européen se positionne maintenant sur le marché final. Il veut jouer sur les deux tableaux. Il ne se contente plus de construire, il veut aussi transporter. Airbus vient de créer sa propre compagnie de fret baptisée « Airbus Beluga Transport » et cible le « hors gabarit ».
L’acheminement en décembre 2021 d’un H145 depuis le site de fabrication d’Airbus Helicopters à Marignane (France), vers Kobe (Japon) dans la soute d’un Beluga ST (N°3) avait intrigué bon nombre de spotters et autres passionnés d’aviation… Cette livraison commerciale se révèle aujourd’hui comme une première. Airbus vient, en effet, de dévoiler ses intentions….
C’est désormais officiel : avec ses Beluga, l’avionneur entend se positionner sur le marché du fret aérien en plein essor, stimulé par la crise sanitaire ces deux dernières années. Rien qu’en 2021, presque les trois quarts du fret aérien mondial étaient assurés par des avions cargos selon l’IATA.
Le projet baptisé « Airbus Beluga Transport » va cibler de nouveaux marchés spécifiques pour répondre aux besoins de clients issus de divers secteurs, notamment l’espace, l’énergie, l’armée, l’aéronautique, le secteur maritime et l’humanitaire… » Dans le cas du chargement des hélicoptères, le fait de ne pas avoir à les démonter au préalable est vraiment un plus. De même, les plus gros moteurs d’avions commerciaux peuvent être accueillis dans une configuration complète » a déclaré Philippe Sabo le responsable de l’ATI (Airbus Transport International).
« Les grandes dimensions accueillies sont également intéressantes pour les fabricants de satellites » rajoute Clément Beaunis, chef de projet.
Le Beluga pourrait aussi s’avérer adapté à une situation AOG (Aircraft On Ground) dans le cas d’une panne moteur. Comme Philippe Sabo explique : « Le Beluga peut apporter un kit complet de changement de moteur directement à l’aéroport, ce qui permet à l’équipe AOG de changer le moteur en quelques heures. Ceci est possible car le Beluga peut transporter le moteur et l’admission dans une configuration entièrement habillée. »
D’après Airbus, les Beluga ST possèdent la plus grande section intérieure de tous les avions de transport au monde, pouvant accueillir des cargaisons hors normes d’une largeur de 7,1 mètres et d’une hauteur de 6,7 mètres pour une longueur de 39 mètres. L’avionneur affirme que l’appareil est 50% plus haut et 10% plus large que la moyenne offerte sur le marché…
En comparaison, la cabine de son concurrent américain le Boeing « Dreamlifter » (construit sur la base d’un B747-400) est plus courte de 9 mètres, légèrement plus large de 20 centimètres mais bien moins haute (6,3 mètres). En revanche, la distance franchissable du ST est limitée à 2.780 km en charge complète contre 7.800 km pour le Boeing…
Plus à l’Est, l’emblématique Antonov A225 est certes bien moins large de l’intérieur (4,4 mètres) et un peu moins haut (6,4 mètres), mais il reste toutefois l’indétrônable plus gros avion volant avec une capacité d’emport de 250 tonnes contre les 40 tonnes offertes par le ST. Pour être chargé, l’AN-225 est équipé d’un pont roulant de 5 tonnes. Le Beluga va lui subir quelques améliorations innovantes.
Ces solutions comprennent un chargeur de fret embarqué ou OBCL (On-Board Cargo Loader) automatisé pour les missions où une plate-forme de chargement et déchargement ne serait pas disponible à l’aéroport d’origine ou de destination. Selon Airbus, ce système opérationnel dès juin 2022 devrait être utilisé pour plus de 65% des missions mais se limitera à des pièces dont la masse est inférieure à 20 tonnes et d’une longueur ne dépassant pas 12 mètres…
Pour les cargaisons les plus lourdes et les plus longues, « une nouvelle plate-forme hors-bord (OP) et transportable » est également en cours de développement. Six unités devraient être produites dans un premier temps afin d’être « stratégiquement pré-positionnés dans divers aéroports du monde » et facilement transportables.
Enfin, des nouvelles palettes modulables et polyvalentes construites à base de modules de 2 mètres de long seront directement surélevées (avec la cargaison) d’environ cinq mètres au-dessus du niveau du tablier du fuselage pour charger via l’ouverture du nez du Beluga à l’aide de l’une ou l’autre des deux techniques décrites ci-dessus. Elles viennent se positionner sur le plancher de la soute, qui permet en les assemblant de s’adapter à n’importe quel type de charges.
L’avionique des Beluga ST sera modernisée par une mise à niveau avec un système de gestion de vol (FMS) de nouvelle génération avec ADS-B pour des capacités de navigation intercontinentales améliorées. A terme, ils voleront pour « Airbus Beluga Transport », cette nouvelle compagnie aérienne filiale d’Airbus avec la flotte complète, son propre certificat de transporteur aérien (AOC) et son propre personnel sera 100% opérationnelle avec les 5 Beluga ST en 2024, le temps d’être tous remplacés par les six Beluga XL.
Pour l’heure, seuls deux appareils seront dédiés à cette nouvelle activité dès cette année, 365 jours par an et 24H/24H, et seront suivis d’un troisième en 2023. Airbus a confirmé à Aerobuzz.fr que des équipages seraient recrutés sans préciser le nombre, et n’exclut pas non plus de faire parfois appel au Beluga XL, la nouvelle génération des Beluga, sur certaines missions.
Dans un souci d’efficacité opérationnelle, Airbus a développé au cours de ces dernières années, de nouvelles techniques de chargement. Il a également entamé le remplacement de ses Beluga, par des modèles plus modernes, et plus performants. L’objectif est de pouvoir répondre à l’augmentation des cadences de production. Dans le système Airbus, le Beluga est une pièce maîtresse.
Compte tenu du niveau actuel de production, les Beluga sont sous-employés. Les utilisés pour des tiers est un moyen de les rentabiliser. Qu’en sera-t-il, lorsque les lignes d’assemblage final tourneront à nouveau à plein régime, d’autant que les objectifs visés sont sensiblement supérieurs à ceux d’avant-crise ? « Airbus Beluga Transport » est-elle une initiative opportuniste pour tirer avantage conjoncturel, où est-elle appeler à durer ?
On peut imaginer que dans les années à venir, Airbus pourrait produire un ou deux Beluga XL de plus si le marché du fret aérien hors gabarit en valait la peine. Quoi qu’il en soit, le constructeur européen qui se positionne, donne une nouvelle fois, la preuve de son agilité en ces temps mouvementés.
Jérôme Bonnard
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