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Alitalia nouvelle proie potentielle pour Etihad

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Pierre Sparaco

Abandonnée par Air France, renflouée temporairement par des investisseurs publics italiens, Alitalia est plus que jamais en sursis. Sa fragilité et son isolement font de la compagnie nationale italienne un objectif tout désigné pour Etihad Airways.


En déshérence depuis qu’elle a été abandonnée par Air France, elle-même en mauvaise posture, Alitalia poursuit une lente agonie. L’augmentation de capital menée à bien dans les derniers jours de 2013 a permis de renflouer ses caisses mais cette manne de 300 millions d’euros ne conduira visiblement pas très loin la compagnie italienne. Aussi doit-elle trouver dans l’urgence une solution pérenne, c’est-à-dire un partenaire, voire un repreneur.

Etihad Airways constitue actuellement le seul candidat crédible, bien qu’aucune offre concrète n’ait été formulée à ce jour par Abu Dhabi. En revanche, l’actualité de ces derniers mois a permis de vérifier qu’Etihad entend bien poursuivre une politique de croissance externe, qu’il s’agisse pour elle de s’arroger de nouvelles parts de marché ou de précieux droits de trafic. Dans cet esprit, Alitalia constitue une proie de choix, compte tenu de la qualité de son réseau intérieur, européen et mondial.

Des négociations ont été entamées, des évaluations financières sont en cours et il est probable qu’Etihad soumettra bientôt une proposition en bonne et due forme au ministre italien des Transports, Maurizio Lupi, et à Roberto Calaninno, président du conseil de la compagnie italienne. Quels que soient les termes financiers envisagés, Etihad ne pourra en aucun cas acquérir une participation de plus de 49 % dans Alitalia, faute de quoi cette dernière perdrait automatiquement son statut de compagnie aérienne européenne et, de ce fait, la totalité de son portefeuille de droits de trafic. Ce qui annihilerait évidemment son intérêt pour un repreneur situé hors Union européenne.

Une participation de 49 % suffirait, de toute manière, à donner à Etihad la totale maîtrise d’Alitalia, le solde de l’actionnariat, pour autant qu’il reste inchangé, étant très fractionné. De plus, les nouveaux actionnaires, à commencer par la Poste italienne, sont récemment entrés dans le capital par pur patriotisme économique mais n’entendent certainement pas jouer un rôle actif dans la conduite et le redressement de l’entreprise. La remarque s’applique également à Unicredit et Odissea, deux autres groupes qui sont entrés dans le capital le 20 décembre 2013. On imagine qu’Etihad pourrait facilement créer un hub européen, à Rome ou à Milan, c’est-à-dire une précieuse tête de pont au cœur de l’Europe des Vingt-Huit qui lui donnerait de sérieux atouts commerciaux.

Demeure l’essentiel : est-il possible de sauver Alitalia, d’enfin équilibrer ses comptes, de lui rendre son lustre passé ? Aussi loin que remonte la mémoire, les plans de redressement imaginés à Rome ont échoué, depuis l’époque lointaine du flamboyant Umberto Nordio jusqu’à celui plus récent de Giovanni Bisignani, devenu par la suite directeur général de l’IATA. Les syndicats ont été constamment accusés de freiner la concrétisation des mesures de redressement et les pilotes voués aux gémonies. Mais Abu Dhabi n’a certainement pas l’intention de réécrire l’histoire mais plutôt de faire table rase du passé.

Les ambitions d’Etihad, implicitement confirmées à cette occasion, sont considérables. On l’a compris, il y aura bientôt 5 ans, quand elle a commandé plus de 200 avions d’une valeur de 43 milliards de dollars pour donner vie à un plan d’expansion mondial. Contrairement à Emirates, elle est assise sur une économie naturellement prospère grâce à ses impressionnantes réserves de pétrole et de gaz naturel. Mais elle aussi doit apprendre à tirer parti de la « 6e liberté » en l’absence de marché intérieur, sa population dépassant à peine les 2 millions d’habitants. Voici qui suffit à nous promettre de nouveaux développements peu ordinaires, désormais italianisants.

Pierre Sparaco

Fin 2013, Etihad a pris le contrôle de la compagnie suisse Darwin Airline dans le but d'en faire une filiale « feeder ».
Etihad détient déjà 30 % d'Air Berlin.
L'A380 est appelé à jouer un rôle important dans le développement du réseau long-courrier d'Etihad
Etihad continue de croire aux vertus du quadriréacteur. En témoigne son utilisation prolongée de l'A340-600
Etihad est l'un des rares utilisateurs de l'Airbus A330-200F cargo
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Pierre Sparaco

View Comments

  • Alitalia nouvelle proie potentielle pour Etihad
    Air France pourrait s'en mordre les doigts : les choses étant ce qu'elles sont, Etihad et Emirates ne sont-ils pas, à terme, ses plus dangereux concurrents

  • Croissance externe plus rapide!
    Si cette action de la part d'Etihad se concretise avec Alitalia, cela lui permettra de rattraper Emirates dans le futur car il y a une forte competition entre ces deux Airlines pour attraper la Clientele Europeenne.

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