Avec ses McDonnell Douglas MD-80 d’un autre âge, l’américaine Allegiant Air fait figure, aux Etats-Unis, de pionnière de l’ultra-low cost. Elle ferait presque passer l’irlandaise Ryanair pour une « Legacy ». Rien n’empêche ce nouveau concept de transport aérien à très bas coûts de traverser l’Atlantique pour essaimer en Europe.
Le passager européen qui aborde l’Amérique du Nord par Montréal croit découvrir une nouvelle compagnie sur le tarmac de Dorval, Rouge, signature qu’arbore fièrement un Boeing 767. Mais en y regardant de plus près, on constate que le nom complet est Air Canada Rouge. Ce n’est donc pas une start-up mais une nouvelle marque qui, jusqu’à présent, n’a traversé l’océan que modestement. Elle dessert quelques points au Royaume-Uni, Barcelone, Lisbonne, Athènes et, depuis le 23 mai 2014, Nice.
Il s’agit d’une filiale low cost d’Air Canada qui vise un marché principalement moyen/long-courrier. L’initiative est remarquable. En effet, elle indique que des échecs antérieurs, ceux de Tango et Zip, n’ont pas découragé les dirigeants d’Air Canada. Tout au contraire, ils sont visiblement convaincus de l’impérieuse nécessité de battre les concurrents low cost sur leur propre terrain. Et cela malgré toutes les difficultés à inculquer une culture commerciale et opérationnelle nouvelle à des personnels habitués à une manière de faire classique.
Cette fois-ci, avec Rouge, Air Canada n’envisage apparemment pas l’exploitation de lignes intérieures mais plutôt la desserte de destinations touristiques à forts flux de trafic. Ce qui signifie que l’on peut s’attendre à la voir débarquer en Europe, là où Air Transat a bien réussi. D’autant que cette dernière a eu l’intelligence d’ouvrir des destinations provinciales, dont Marseille, particulièrement bien accueillies par une clientèle à la recherche de vols directs. Reste à savoir si les grilles tarifaires de Rouge seront suffisamment compétitives et si la demande répondra à une offre importante.
Rouge est en effet dotée de moyens importants, une cinquantaine d’avions dès à présent, 767 et A319 « densifiés » fournis par la maison-mère. La concurrence fronce les sourcils, et pas uniquement Air Transat, mais s’interroge sur le bien-fondé des moyens mis en œuvre. L’expérience sera suivie avec d’autant plus d’attention.
Dans le même temps, aux Etats-Unis, on constate que Southwest Airlines, référence absolue les low cost, tend imperceptiblement à s’assagir. Aussi les regards des analystes se tournent-ils davantage vers les pionniers de « l’ultra low cost » (ULC), expression usurpée depuis peu par Ryanair, dont le modèle économique est pourtant autre. L’avant-garde ULC est symbolisée par Allegiant Air, évidemment inconnue en Europe. Sa particularité la plus spectaculaire : elle exploite principalement des McDonnell Douglas MD-80, c’est-à-dire des avions d’un autre âge disponibles à vil prix sur le marché de l’occasion et dont l’amortissement compte pour très peu dans les coûts directs d’exploitation.
La consommation de leurs Pratt & Whitney JT8D fait frémir les motoristes qui, pas à pas, franchissent de nouvelles étapes techniques qu’illustrent les Leap et autres PW1000G. Mais c’est une manière de faire qui ne se défend pas moins, sans constituer une solution à long terme. Tôt ou tard, en effet, même en supposant que le prix du carburant reste stable, les MD-80 d’Allegiant arriveront en fin de vie. Peut-être seront-ils alors remplacés, par exemple, par des A320 de première génération.
La compagnie ne regarde pas aussi loin. Elle pratique des tarifs extrêmement bas, multiplie à l’infini les recettes annexes et n’hésite pas à desservir des villes secondaires, c’est-à-dire des lignes sur lesquelles elle bénéficie d’un confortable monopole de fait.
Rouge, Allegiant et plusieurs autres intervenants confirment ainsi le grand dynamisme du transport aérien nord-américain. Les initiatives se suivent, de nouveaux modèles économiques se façonnent à petites touches. C’est le résultat d’un état d’esprit qui manque singulièrement aux Européens.
Pierre Sparaco (à Montréal)
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Amérique du nord, terre d’expérimentation de l’Ultra-Low Cost
En tout cas , fin de vie ou pas, le MD 80 est un sacre oiseau et beaucoup volent encore.
Ces avions MD, etaient tous de superbes reussites, d elegance, de comfort et d efficacite.
Que ce soit le DC 3, le DC 6, le DC 8, le DC 9, Le DC 10 et le MD 11, quelle belle histoire.
Comme passager, Je regrette les DC 10 d UTA
Dommage que le geant Boeing ait tue ce grand constructeur en le rachetant..
Amérique du nord, terre d’expérimentation de l’Ultra-Low Cost
Il y a vingt ans les DC10 en provenance d'UTA, en parfait état et les B767 ont été retirés du circuit par AF car "Obsolètes" du fait de leur consommation et remplacés par les A340 puis B777.
Nous aurait on menti ?
Amérique du nord, terre d’expérimentation de l’Ultra-Low Cost
Non pas de mensonge!
Mais AF a du prendre livraison des appareils (A340) commandes par UTA.
Pas un bon plan car ils consomment 20% de plus que les 767,330 ou 777.
Amérique du nord, terre d’expérimentation de l’Ultra-Low Cost
Cette compagnie pollue notre environnement plus encore que ses consoeurs en utilisant des avions anciens donc naturellement moins fiables et qui consomment plus.
Pour résumer : "On vous empoisonne mais nos billets sont les moins chers".
Amérique du nord, terre d’expérimentation de l’Ultra-Low Cost
Un MD-80 se négocie sur le marché de l'occasion à 3 millions de dollars seulement. De ce fait, son amortissement intervient à peine dans les comptes de l'entreprise, laquelle adapte le modèle low cost de manière "dure", sans la moindre exception à la règle.
Pierre Sparaco
Amérique du nord, terre d’expérimentation de l’Ultra-Low Cost
J'ai beau relire l'article, mais je ne trouve aucune explication sur le concept « ultra low cost » (ULC) a part le model d'avion… si cela se resume a cela, j'ai du mal a voir en quoi ils sont different des low cost habituelle avec la pire représentation via Ryan Air. Pourriez vous precise quels sont les autres éléments dans le business model qui définissent le concept de ULC?
Amérique du nord, terre d’expérimentation de l’Ultra-Low Cost
Plutôt dans l'esprit d’oser et de voir !