Les 154 passagers et membres d’équipage du vol 1549 d’US Airways qui s’est posé en douceur dans l’Hudson, le 15 janvier 2009, peuvent remercier le ciel d’avoir embarqué à bord d’un avion piloté par un excellent manœuvrier. Ce n’est pourtant pas la première qualité recherchée par les compagnies aériennes lorsqu’elles recrutent des pilotes de ligne.
L’enquête du NTSB (National Transportation Safety Board) démontrera peut-être que l’Airbus A320 d’US Airways avait suffisamment d’altitude pour revenir se poser sur l’aéroport de La Guardia d’où il venait tout juste de décoller ou sur celui de Teterboro (New Jersey) et que le commandant de bord n’a pas pris la bonne décision. Chesley « Sully » Sullenberger sera alors blâmé pour ne pas avoir appliqué la procédure.
En 2004, c’est ce qui est arrivé à Robert Piché. Trois ans plus tôt, ce « captain » d’Air Transat avait posé son A330-200 moteurs éteints sur la piste de Lajas (Açores) après un vol plané de 19 minutes au-dessus de l’Atlantique. Ces 19 minutes avaient fait du canadien un héros. Il avait sauvé 305 passagers et membres d’équipage. A l’époque, la presse mettait en avant son passé de pilote de brousse et ses multiples atterrissages en catastrophe pour expliquer son sang-froid et sa maîtrise du pilotage. Il avait été décoré.
Aujourd’hui Sully, ancien pilote de chasse de l’US Air Force, est un héros. A chaud, cela ne fait de doute pour personne. Comme ce fut le cas pour Robert Piché jusqu’à ce qu’il lui soit reproché d’avoir réagi plus en pilote de brousse qu’en pilote de ligne.
Dans le transport aérien, le respect des procédures est la règle et les pilotes sont évalués sur leur capacité à les mettre en œuvre en toutes circonstances. Le postulat de départ est que tous les événements susceptibles de se produire au cours d’un vol ont été imaginés. Tous les scénarios pour en sortir ont été écrits et les séances de simulateurs sont faites pour s’y préparer. Il est incontestable que c’est à ce prix que la sécurité a progressé pour atteindre un niveau remarquable.
Les procédures sont faites également pour encadrer au maximum l’initiative individuelle et relativiser le facteur humain. Force est de reconnaître que tous les pilotes de ligne ne s’appellent pas Sully ou Robert Piché, comme il vrai aussi qu’une séance de simulateur tous les six mois ne suffit pas à faire d’eux de grands manœuvriers. Pourtant quand la machine est défaillante, c’est l’homme qui doit reprendre en main le manche.
Pendant la Bataille d’Angleterre les pilotes de chasse de la Royal Air Force s’étonnaient de voir les pilotes de la Luftwaffe qu’ils abattaient, tenter des atterrissages impossibles et parfois les réussir. Ils avaient oublié que les pilotes de chasse allemands venaient tous du vol à voile. Ils avaient passé des années à la Wasserkuppe avant de mettre les fesses dans un Messerschmitt ou un Focke-Wulf.
Tant que des pilotes prendront du plaisir à spiraler sous les cumulus, à enchaîner les déclenchés dans un box de 1000 mètres de côté, à présenter des warbirds en meeting ou à faire des traces sur les glaciers, il y aura dans les cockpits pressurisés des avions de ligne, des hommes et des femmes capables de poser en catastrophe un Boeing 777 ou un Airbus A320 sur un mouchoir de poche… ou sur un plan d’eau. Ils ou elles n’ont pas forcément leurs galons de commandant de bord, mais en cas de gros problème, ils ou elle sauront ramener leur avion au sol en limitant la casse. Cette aviation de plaisir permet de garder ce contact indispensable avec l’air.
Et quoi que conclue le rapport d’enquête du NTSB à propos de Chesley « Sully » Sullenberger, en regardant les images de l’amerrissage de l’A320 enregistrées par une caméra de surveillance, le 15 janvier 2009 à New York, cela ne fait aucun doute, ce jour-là, il y avait un pilote dans l’avion. Et le reste n’a qu’une importance relative. C’est ce que pensent les 150 passagers et les 4 membres d’équipage du vol 1549…
Gil Roy
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Je n'avais plus souvenance de cette histoire du vol 1549 du 15 janvier 2009, je ne trouve qu'un mot pour ce personnage : c'est un héros ; l'ordinateur et le robot se trompent, je trouve en ayant vu le film de Clint Eastwood qu'il retrace presque parfaitement le jugement humain. Pourquoi l'avoir harcelé à ce point alors que tous le monde est resté sain et sauf, d'autant que les amerrissages sont pratiquement voués à l'échec, et aux disparitions violentes ... Mille bravos au courage de ce pilote qui s'est fié à ses calculs personnels !
Aarine.