D’après une étude menée par AlixPartners auprès des acteurs majeurs du secteur de l’industrie aéronautique entre 2001 et 2007 (Constructeurs et fournisseurs mondiaux), le secteur serait sur le point de connaître une recession.
Après 5 années de forte croissance et de profitabilité exceptionnelles, les carnets de commandes sont pleins et les entreprises vont devoir tout mettre en œuvre pour honorer les délais. Ce volume des commandes est menacé de chuter de près de 30%, tandis que le prix du fuel augmente et que la baisse de la demande pourrait peser sur les compagnies aériennes. Par ailleurs les budgets de défense américains sont remis en question. Les coùts de logistique qui augmentent et la pression continue pour réduire ces coùts vont entraîner une migration des sites de production vers des pays low-cost comme le Mexique, le Maroc et la Tunisie pour les Européens.
Après une période de forte performance financière ces 5 dernières années, l’industrie aéronautique va devoir faire face à des turbulences. Les carnets de commandes sont pleins, et cette période favorable devrait se poursuivre en 2008, mais des difficultés se profilent à l’horizon : l’impact négatif des prix du fuel sur les compagnies aériennes, la faiblesse du dollar et les incertitudes pesant sur les budgets de la Défense américaine vont créer des turbulences dans l’industrie aéronautique au cours de l’année à venir. Telles sont les conclusions auxquelles arrive AlixParteners dans une étude consacrée à l’industrie aéronautique mondiale.
Les défis pesant sur la supply chain
Conséquence de la croissance de la demande dans l’aviation commerciale et des importants budgets consacrés par les Américains dans la Défense, l’étude montre que l’industrie aéronautique doit aujourd’hui honorer des volumes de commandes sans précédent ; non seulement au niveau de l’aviation commerciale avec Airbus et Boeing, dont la capacité de production est saturée jusqu’en 2012, mais également sur le segment des produits militaires, des hélicoptères et de l’aviation d’affaires, dont les revenus ont augmenté en moyenne de plus de 95% entre 2001 et 2007. Même les revenus des 10 sociétés les moins performantes analysées ont connu une augmentation moyenne d’environ 22% ces 6 dernières années.
» Pour faire face à ces volumes de commandes, toute l’industrie doit augmenter radicalement sa capacité de production » indique Eric Bernardini, Managing Director d’AlixPartners » tout en faisant face à l’augmentation du coùt des matières premières et à la dramatique faiblesse du dollar américain « .
Le besoin en matières premières a augmenté beaucoup plus vite que la capacité des producteurs, anéantissant les plans d’approvisionnement 2008 de nombreuses sociétés aéronautiques. L’étude montre notamment qu’au cours des 3 dernières années, le coùt de l’aluminium a augmenté de 90%, la fibre de carbone de 60% et le titanium de 30%. Cette tendance devrait s’accélérer au cours de l’année 2008.
L’étude révèle également que, dans une industrie dans laquelle les revenus sont en dollar américain et les coùts en monnaie locale, la chute du dollar a été difficile à absorber pour de nombreuses sociétés. Ceci est particulièrement significatif pour les sociétés basées en Europe, l’euro ayant augmenté de 20% face au dollar au cours des 12 derniers mois, et en particulier pour celles qui n’ont pas élaboré de stratégies de taux de change.
» La combinaison des différents facteurs, augmentation du coùt des matières premières, chute du dollar et difficultés auxquelles doivent faire face les constructeurs et fournisseurs pour honorer les commandes pourrait affecter la santé de l’industrie aéronautique d’une manière globale et nécessiter la mise en œuvre de nouvelles solutions » poursuit éric Bernardini.
Les sociétés aéronautiques vont devoir redéfinir leur business modèle
Face à la forte demande de nouveaux programmes et produits, tandis que la crise financière continue de peser et d’influer sur les fluctuations monétaires, les constructeurs aéronautiques comme Bombardier, Boeing, Airbus et Dassault ont exploré ces dernières années de nouvelles voies pour partager les risques avec leurs partenaires stratégiques.
Ils ont en particulier conservé le pilotage de la conception, la réalisation des essais au sol et en vol et l’intégration des systèmes et confient à leurs aux fournisseurs de rang 1 (Spirit, Honeywell, Thales, Messier-Dowty, Goodrich) la réalisation de sous-systèmes complexes. Boeing et Airbus rationnalisent leur chaine de production et se repositionnent sur leurs métiers d’architectes industriels et d’intégrateurs de systèmes, cédant tous les deux les actifs qui ne correspondent pas à leur cœur de métier.
Parallèlement à la consolidation de la chaine de valeur, la demande croissante d’avions dans les pays émergents et la pression pour réduire les coùts obligent de nombreuses sociétés à délocaliser leurs sites de production dans les pays low-cost.
L’étude fait apparaitre qu’en dehors des pays clés comme la Chine ou l’Inde, des pays tels que le Maroc, la Tunisie ou le Mexique pourraient fournir une main d’œuvre moins chère notamment aux sociétés basées en Europe. Paradoxalement, pour les sociétés nord américaines, le sud des Etats-Unis offrirait également un meilleur environnement économique.
Les turbulences à venir vont accélérer les restructurations de l’industrie aéronautique
Alors que l’industrie est en pleine expansion et que les carnets de commandes explosent, elle doit aussi faire face à de nombreuses turbulences: récession économique, ralentissement du trafic aérien, prix du fuel qui atteint les 150 dollars le baril et de plus en plus de compagnies en faillite, ce qui signifie que certaines d’entre elles pourraient annuler leurs commandes faisant ainsi chuter le volume global du carnet de commandes en cours de près de 30%.Durant les deux dernières années, 24 compagnies sont tombées en faillite aux états-Unis et dans ce contexte, d’autres sont attendues.
Pour mieux appréhender ce retour de cycle, l’industrie aéronautique va devoir étendre la consolidation déjà initiée au niveau des Tier1 aux Tier2 et Tier3 dont les revenus sont inférieurs à 200 millions de dollars. Le financement de cette consolidation pourrait venir des fonds de Private Equity et de nouveaux pays émergents tels que le Moyen Orient, la Chine et l’Inde.
» Les constructeurs ont un rôle clé à jouer pour organiser cette consolidation qui apparaît comme une opportunité à laquelle les acteurs financiers devraient s’intéresser dès à présent » selon Eric Bernardini.
Photos : © Constructeurs
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